Au procès du 28 septembre en Guinée, l'absence des témoins-clés

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La comparution des leaders politiques absents du pays car poursuivis par la Crief, pour certains, est en suspens après les révélations de Toumba Diakité.

Reprise ce lundi (07.11.22) du procès du massacre du 28 septembre 2009.  Après le témoignage du commandant Aboubacar Diakité, dit Toumba, c’est au tour du capitaine Cécé Raphaël Haba, ancien garde du corps de Toumba de livrer sa part de vérités au tribunal criminel.

Mais, alors que le procès se poursuit, plusieurs questions restent en suspens pour donner suite aux nombreuses révélations faites par l’ancien aide de camp de Dadis Camara : Toumba Diakité a maintes fois affirmé avoir sauvé la vie à certains leaders d’opposition qui étaient présents ce jour-là au stade du 28 septembre.

Parmi les leaders politiques dont les témoignages sont indispensables mais qui pourraient ne jamais comparaître devant le tribunal, il y a Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré et Mouctar Diallo. Tous les trois sont absents du pays. Seul l’opposant Bah Oury est présent à Conakry. Pourtant, la présence des leaders politiques cités par Toumba Diakité est fortement réclamée par les parties au procès.

Sécurité des leaders

Malgré les assurances données par le ministère public affirmant que tous ces leaders comparaitront, cela semble compliqué car le contentieux qui les oppose aux militaires au pouvoir n’est pas de nature à faciliter leur retour au pays.
Sidya Touré par exemple est disposé à témoigner. "Je veux bien témoigner, à condition que cela se passe à l'extérieur de la Guinée. Dans les circonstances actuelles, je ne vois pas comment je pourrais y aller. Pas parce que l'envie m’en manque, mais il n'y a pas assez de sécurité pour ça", dit-il.

La maison  de l'opposant qu'il "habitait depuis 25 ans, l'armée est venue me déloger de cette maison, donc, je n'ai même pas de logement. Je vais aller témoigner pour aller à l'hôtel et de toute façon, je ne me sens pas en sécurité", conclut Sidya Touré.

Témoignage par viséoconférence 

Souleymane Sow, directeur exécutif d’Amnesty international en Guinée, explique que des garanties peuvent être données par l’État guinéen. 
"La Cour peut bien demander qu’un des leaders viennent témoigner et en ce temps à l'Etat de trouver les garanties nécessaires pour que les personnes puissent venir ou bien d'activer le ticket international des témoins qui peuvent être, excusez-moi du terme, mais qui peuvent être extradés même s'ils ne sont pas arrêtés. Et sinon, de toutes les façons, aujourd'hui, ils peuvent témoigner à distance, en visioconférence. Rien ne l'exclut aujourd'hui", ajoute Souleymane Sow.
 
Bah Oury, le président du comité d’organisation de la manifestation du 28 septembre 2009, a confié à la DW qu’il doit impérativement témoigner. Parce que "c'est moi qui ai appelé, c'est moi qui ai signé la demande de manifestation. Donc je ne peux pas me soustraire à ce devoir. L’essentiel est de restituer les faits pour que la vérité soit ce qui prédomine."

Afin de donner une plus grande crédibilité à ce procès historique, les militaires au pouvoir devraient selon de nombreux Guinéens, favoriser la comparution de tous les leaders présents ce 28 septembre 2009 au stade de Conakry.

Source: DW

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