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Guinée : la transition vers un retour des civils au pouvoir finalement fixée à trois ans par les putschistes

Sans titre png1Cette décision de l’organe législatif de la junte va toujours à l’encontre du souhait des Etats ouest-africains et de la communauté internationale, qui réclament un délai moins long.

Le compte n’y est toujours pas. L’organe législatif mis en place par la junte en Guinée a fixé, mercredi 11 mai, à trois ans la durée de la transition avant le retour des civils au pouvoir. Ce délai de 36 mois, adopté en séance plénière par le Conseil national de transition (CNT), qui fait office de Parlement, est revu très légèrement à la baisse par rapport à l’annonce faite le 30 avril par le chef de la junte militaire, le colonel Mamady Doumbouya, qui avait opté pour une transition de 39 mois. Mais il ne correspond pas aux souhaits de l’opposition, des Etats ouest-africains et de la communauté internationale

En septembre 2021, après le putsch contre le président Alpha Condé, qui était au pouvoir depuis plus de dix ans, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) avait « insisté pour que la transition soit très courte », et que des élections soient organisées dans un délai ne dépassant pas « six mois ». La Cédéao a suspendu la Guinée après le putsch du 5 septembre et lui a imposé des sanctions à la suite du refus, plusieurs fois réitéré, de la junte de se conformer à ses exigences.

Le décompte commencera à la « promulgation de la loi »

Le décompte pour le retour des civils au pouvoir commence « à partir de la promulgation de la loi » votée mercredi, a affirmé à l’Agence France-Presse (AFP) le porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo, sans préciser la date de la validation du nouveau texte par le président de transition, M. Doumbouya. Sur 81 membres du Conseil national de la transition, 73 ont voté le texte, selon un correspondant de l’AFP. Un membre du CNT était absent, trois se sont abstenus et quatre ont quitté la salle en signe de protestation.

Le chronogramme présenté par le Conseil national du rassemblement pour le développement (CNRD) – organe dirigeant de la junte – a été « débattu et voté par une majorité des membres du CNT », a affirmé le rapporteur de la commission des lois de l’organe législatif, Jean-Paul Kotembedouno. Les trente-six mois sont « suffisants » pour préparer le pays à un retour à l’ordre constitutionnel, a-t-il ajouté.

Réunie mercredi à Conakry, une coalition formée du RPG, le parti de l’ex-président Condé, et de formations de l’opposition sous le pouvoir de ce dernier, ont dénié au CNT la prérogative de fixer la durée de la transition. La charte de la transition « dispose que la durée de la transition est déterminée d’un commun accord entre le CNRD et les forces vives du pays. Le CNT n’est nullement mentionné comme organe de validation de cet accord », affirme cette coalition de partis dans un communiqué publié mercredi, avant l’annonce de l’adoption par l’organe de transition de la durée de 36 mois.

Le Parlement de transition récusé par M. Condé

Ces partis « ne concèdent [au CNT] aucun droit de s’immiscer dans le processus de détermination de la durée de la transition et l’avertissent du danger de forfaiture », selon ce communiqué signé du G58 et du « RPG et de ses alliés ». Ils appellent à « la mise en place d’un réel cadre de dialogue entre le CNRD et les forces vives ouvert », notamment à la Cédéao, « pour décider sur une base consensuelle des conditions propices au retour à l’ordre constitutionnel ».

C’est la première fois depuis plusieurs années que le parti de M. Condé et son opposition alors qu’il était au pouvoir parlent d’une même voix – les décisions de la junte les ont rapprochés.

Le colonel Mamady Doumbouya s’est fait proclamer chef de l’Etat après avoir renversé le président Condé. Il s’est ensuite engagé à remettre le pouvoir à des civils élus. Le secrétaire général des Nations unies (ONU), Antonio Guterres, avait déclaré le 1er mai souhaiter que la junte militaire en Guinée rende le pouvoir à des civils « dans les délais les plus brefs ».

Comme la Guinée, le Mali et le Burkina Faso, deux autres pays de la région où les militaires ont pris le pouvoir, ont été suspendus des instances de la Cédéao.

Source: AFP

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