Migration en Guinée : les réseaux sociaux faussent tout

44680728 101Forte participation du public de Mamou, dans le centre de la Guinée, au débat de la DW et Bolivar FM sur les migrations. Il ressort qu'un déficit d'informations peut jeter beaucoup de jeunes dans les bras des passeurs.

Les discussions sur l'avenir des jeunes ont regroupé des acteurs de la vie sociale de Mamou, point de départ pour des milliers de jeunes Guinéens qui partent pour rejoindre l'Europe via le Mali, le Niger et la Libye. 

Ce débat du projet 77 pourcent a permis un échange entre jeunes, autorités, activistes de la société civile et entrepreneurs sur l'avenir des jeunes de la ville de Mamou. La rencontre a attiré environ 600 participants et a mis en lumière les causes de la migration clandestine : le manque d'emploi, la pauvreté et la complicité de certains parents qui poussent leurs enfants à partir.

Aventure périlleuse

Aboubacar Doukouré Sylla, directeur de la Maison des jeunes de Mamou, témoigne qu'il était au bureau lorsque sa fille lui a "téléphoné pour me dire que son frère était parti. Une semaine après, mon fils m'a appelé pour me dire qu'ils étaient à la frontière du Mali et qu'on leur demandait de l'argent pour passer. Je suis allé à la frontière à moto et je l'ai trouvé là-bas. Je lui ai parlé pour qu'il rentre avec moi. Mais il ne voulait pas venir. C'est seulement avec l'appui des agents de sécurité qu'il est arrivé jusqu'ici."

Les cinq garçons qui étaient partis avec son fils ne sont jamais revenus : ils sont tous morts sur le chemin.

Le représentant de l'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) de Mamou confirme que l'émigration clandestine a déjà endeuillé beaucoup de familles de la ville. Mohamed Dougouno évalue à environ 850 les ressortissants de Mamou qui ont été rapatriés depuis 2005 grâce à l'OIM. Pour lui, les réseaux sociaux ont une mauvaise influence sur les départs illégaux des jeunes vers l'occident."Quand quelqu'un va en Europe, il poste des photos dans les réseaux sociaux pour que ses amis pensent qu'il a réussi, sans s'intéresser aux conditions dans lesquelles il vit là-bas", déplore-t-il.

L'Etat guinéen à l'oeuvre

Le ministre guinéen de la Jeunesse assure que le gouvernement serait en train d'élaborer un plan pour créer plus d'emplois pour les jeunes. Mouctar Diallo fustige le départ massif des jeunes guinéens qui risquent leur vie. "En occident, j'ai vu beaucoup de Guinéens qui souffrent énormément. Plus que ceux qui sont restés ici en Guinée", affirme le ministre devant les invités. "Mon message en tant que ministre de la jeunesse est celui-ci: restez en Guinée pour travailler et réussir ici", martèle Mouctar Diallo.

Afin de convaincre davantage son auditoire, le ministre renchérit : "financer les voyages dangereux vers l'Europe est un faux investissement !" Avec ferveur il appelle les parents à ne pas pousser leurs enfants sur le chemin incertain.

Les populations de Mamou ont accueilli le débat sur l'avenir des jeunes avec grand enthousiasme. Surtout les jeunes, qui espèrent que le dialogue créé lors du débat se poursuivra.

Selon les derniers chiffres de l'Organisation Internationale pour les Migrations, sur les trois premiers mois de 2018, la Guinée occupe la troisième place en nombre de migrants irréguliers enregistrés en Italie, après la Syrie et le Nigeria.

Source: DW

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