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Représailles en pays Donzo après le meurtre d’un prédicateur saoudien

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Un prédicateur saoudien en mission d’islamisation en Guinée a été tué par balles le 16 janvier 2018, dans la préfecture de Mandiana. Selon les premiers éléments de l’enquête, Abdoul Aziz al-Touwaydjri aurait été tué en raison d’un prêche qui a déplu à une partie de la population locale. Le lendemain, un chef traditionnel Donzo était poignardé à mort... «en représailles».

En mission de prédication et de construction de mosquées en Haute-Guinée, une région de l’Est frontalière du Mali et de la Côte-d’ivoire, un prédicateur saoudien a été tué par balles dans le village de Kantébalandougou, dans la préfecture de Mandiana.

Le prédicateur saoudien tué quasiment à bout portant 
Après avoir traversé le fleuve Niger en pirogue pour se rendre au village de Balandougouba, situé à une quarantaine de kilomètres de l'autre côté de la rive, Abdoul Aziz al-Touwaydjri était de retour dans la soirée avec son accompagnateur Ahmed al-Mansour.
 
Alors qu'il était transporté en moto par un villageois du coin pour rejoindre sa voiture, «un inconnu venu de nulle part a surgi de la brousse et tiré pratiquement à bout portant», selon un des membres de l’équipe de prédication cité par Mosaïqueguinée.com.
 
Atteint de deux balles à la poitrine, le prédicateur est mort sur le coup, tandis que le propriétaire de la moto, grièvement blessé, était transporté à l’hôpital.

La population Donzo n'apprécie pas le prosélytisme wahhabite 
Selon les premiers résultats de l’enquête, le Saoudien avait organisé une séance de daawa (prédication) le 16 janvier «en compagnie de deux de ses compatriotes», a indiqué une source sécuritaire à l’AFP. «Un prêche qui n’a pas été du goût d’une partie de la population locale, notamment des chasseurs traditionnels qui ont monté une embuscade contre lui», a ajouté cette source sans toutefois pouvoir préciser la teneur du propos.
 
La population locale, constituée de Donzos, une communauté de chasseurs, guérisseurs et féticheurs, n’apprécie guère en effet le prosélytisme des groupes wahhabites d’inspiration saoudienne et pratiquant un islam rigoriste.
 
Selon le chargé de projets de l’«Association d’aide mutuelle pour la bonté et la piété», Mohamed Kanté, joint par Guinée matin, ce sont les villageois de Kantébalandougou qui sont à l’origine du meurtre du prédicateur.
 
Pour lui, c’est une vieille histoire. «En 2014, on avait organisé ce genre de sermons en invitants des prêcheurs. Mais dans ce village, il y a eu des problèmes entre les chasseurs traditionnels et les prêcheurs islamiques. Des gens avaient été torturés et même blessés par les Dozons», a-t-il raconté.
 
Selon lui, tout avait pourtant bien commencé. «Les prêcheurs sont arrivés au nombre de deux. Ils sont allés dans deux mosquées du village. Les entretiens ont eu lieu. Mais, je ne sais pas qui est allé propager la rumeur selon laquelle les deux Arabes étaient là pour emporter les fétiches des villageois. Le chef des donzos a aussitôt dit à ses hommes de prendre toutes les sorties du village et de tirer. C’est ainsi qu’ils ont attendu que la première moto arrive pour tirer», a expliqué Mohamed Kanté.

Le risque de durcissement de l'opposition à un islam radical 
Dès le lendemain, le chef des Donzos du village de Kantédoubalandou était poignardé par un inconnu. «Il est décédé. L’assassin présumé a été arrêté et incarcéré à Mandiana», a confié à Africaguinée.com le responsable de l’association qui a coordonné la venue des Saoudiens.
 
Règlement de compte ou résistance au prosélytisme wahhabite? Les groupes rigoristes se développent en Afrique de l’Ouest, notamment en Guinée, depuis les années 1990, sous l’influence de jeunes formés selon des programmes éducatifs arabes.
 
Le phénomène se traduit par exemple par la propagation du voile intégral, dans un pays à 85% musulman mais pratiquant un islam réputé tolérant, précise l'AFP. Des épisodes de ce genre pourraient en tout cas radicaliser l’opposition à un Islam radical.

 

Source: AFP

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