« Smart school », la solution technologique pour lutter contre l'absentéisme à l'école en Guinée

Capture 76L'absentéisme des élèves fait partie des problèmes auxquels la plupart des établissements scolaires sont confrontés aujourd'hui en Guinée. Mohamed Souaré, jeune entrepreneur guinéen âgé de 35 ans, a conçu une machine intelligente qui permet d'y remédier.

Cet outil technologique, qu'il a baptisé "Smart school", permet de détecter la présence des élèves à l’école et d'alerter les parents en temps réel. Il fonctionne sans connexion Internet et les notifications sont aussi envoyées en langues locales sur les téléphones portables.

Selon ses développeurs, le dispositif a été conçu dans le but de lutter contre l'abandon scolaire, l'école buissonnière et la déperdition qui gangrènent le système éducatif en Guinée.

« Smart School est une solution qui permet aux parents de rester informés sur tout ce qui se passe à l’école concernant leurs enfants, et cela sans avoir besoin d’une connexion internet », explique Mohamed Souaré, développeur du projet.

« L’objectif recherché est que chaque parent soit informé en temps réel de la situation de son enfant, afin de garantir un meilleur suivi, y compris dans les dialectes locaux », précise M.Souaré, fondateur de la société Continental Soft.

Comment fonctionne le dispositif ?

La machine Smart School est conçue comme un portique de sécurité installé à l’entrée de l’établissement scolaire. Les élèves doivent passer à travers ce dispositif pour entrer dans l’enceinte de l’établissement.

Le dispositif fonctionne de la manière suivante : lorsque l’élève muni d'un badge se présente devant la machine, un capteur effectue sa reconnaissance. Un message est alors envoyé aux parents pour les informer. Ceux-ci reçoivent immédiatement des notifications sur leurs téléphones portables en trois langues nationales : Soussou, Malinké et Poular.

Baptisé "Smart School", le système est conçu pour fonctionner en tout temps et en tout lieu, même sans connexion Internet, selon son concepteur.

Plusieurs méthodes d’identification sont possibles, incluant la reconnaissance faciale via une tablette, la reconnaissance de codes QR et l’utilisation de cartes sans contact.

Une nouvelle vision de l’éducation

Expert développeur et électronicien de formation, titulaire d’un baccalauréat professionnel en Systèmes Électroniques Numériques, d’un BTS en Services Informatiques aux Organisations ainsi que d’une licence en informatique, Mohamed Souaré s'est lancé un défi : améliorer le quotidien de ses compatriotes en développant des services innovants à haute valeur ajoutée.

« Ce projet est une innovation, car il existe déjà plusieurs moyens d’informer les parents, mais notre solution se distingue par le fait qu’elle permet de transmettre les informations sans connexion internet et dans les langues locales. C’est une première qui rend l’information plus accessible et inclusive pour tous les parents, peu importe leur maîtrise des langues officielles », confie Mouhamed Souaré à BBC Afrique.

« Cela fait un an que nous avons lancé ce projet. Actuellement, plusieurs écoles l’utilisent, et nous avons également reçu l’intérêt de ministres et de partenaires de pays tels que le Niger, la Côte d’Ivoire, le Congo et le Gabon, avec lesquels nous collaborons pour mettre en place cette solution », dit-t-il.

Relever les défis de l'éducation grâce à la technologie

Le dispositif « Smart School » a été installé dans une dizaine d'établissements scolaires de la capitale guinéenne Conakry.

Cheick Ahmed Bangoura, administrateur général du complexe scolaire les écoles modernes de guinée "EMG" a constaté une nette amélioration de l'assiduité dans son école.

« Depuis que cette technologie a été installée dans notre école, nous avons senti une amélioration positive dans le suivi des élèves par rapport au respect des horaires de rentrée et de sortie et surtout par rapport à l'absence c'est-à-dire la ponctualité et l'assiduité des apprenants. Ce dispositif de contrôle nous a beaucoup facilité la tâche », note-t-il.

En Afrique subsaharienne, 10 millions d’enfants abandonnent chaque année l’école primaire. Ceux qui ont la chance de terminer leurs études primaires en sortent souvent avec des compétences en lecture et en calcul bien inférieures aux niveaux attendus.

Au cours de la dernière décennie, de nombreux pays africains ont, malgré des difficultés considérables, réalisé de solides progrès dans l’amélioration de leur niveau d’éducation. Cependant, les défis sont souvent trop grands. Les méthodes « habituelles » éprouvées pour dispenser l’éducation ne suffisent pas.

Depuis quelques années néanmoins, l’émergence et la pénétration très rapide des technologies de l’information et de la communication (TIC) laissent entrevoir un potentiel très prometteur en matière d’éducation.

Un nombre croissant d’initiatives – certaines à grande échelle, d’autres à petite échelle – utilisent les technologies mobiles pour distribuer du matériel pédagogique, soutenir la lecture et permettre l’apprentissage entre pairs et le tutorat à distance via les services de réseaux sociaux.

Les téléphones portables simplifient l’administration de l’éducation et améliorent la communication entre les écoles, les enseignants et les parents.

L’apprentissage mobile, seul ou en combinaison avec les approches éducatives existantes, soutient et étend l’éducation d’une manière qui n’était pas possible auparavant.

Est ce que le projet répond à vos attentes sur le plan financier ?

"Oui, le projet répond à mes attentes sur le plan financier. Les coûts initiaux sont compensés par l’abonnement annuel des élèves, ce qui permet de maintenir la viabilité économique du projet tout en garantissant un service de qualité. De plus, l’intérêt croissant des écoles et des partenaires contribue également à sa durabilité financière."

Peut-on espérer un développement à l'échelle nationale voire internationale ?

"Oui, nous pouvons espérer un développement à l’échelle nationale, voire internationale. Nous sommes en contact avec plusieurs partenaires dans divers pays, notamment en Arabie saoudite, au Cameroun, au Niger, au Congo, au Mali, au Sénégal, au Maroc et en Tunisie, ce qui ouvre des perspectives intéressantes pour l’expansion de notre projet."

L’utilisation des TIC dans l’éducation constitue un enjeu considérable, tant elles ouvrent de nouvelles perspectives dans les processus d’enseignement et d’apprentissage.

La dématérialisation des supports papiers a considérablement modifié la création, le stockage, l’accès et la diffusion des contenus. Le partage de l’information se révèle grandement facilité, favorisant la transparence.

Les activités de planification, de gestion ou de contrôle sont allégées. Potentiellement, tous les acteurs et parties prenantes du secteur éducatif sont concernés : décideurs et managers, personnel de l’administration, chefs d’établissement, enseignants, inspecteurs, élèves et parents d’élèves, recruteurs, fournisseurs, etc.

Selon un rapport de l’Agence des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture (Unesco), la numérisation de l’apprentissage pourrait être un moyen d’accélérer les progrès vers la réalisation des Objectifs de développement durable, notamment en garantissant l’accès à l’école primaire pour tous les enfants.

Ce processus est déjà une réalité en Afrique, où, selon l’Unesco, 30 millions d’enfants en âge primaire ne sont pas scolarisés, soit plus de la moitié du total mondial.

Ousmane Badiane - Digital Journalist BBC Afrique

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