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FIDH-OGDH ‒ Remaniement ministériel : un gouvernement civil et un engagement en faveur des droits de l'Homme

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De retour d'une mission internationale de contact en Guinée, la FIDH et son organisation membre en Guinée, l'OGDH, se félicitent de l'annonce d'un remaniement ministériel qui voit des acteurs présumés de l'impunité écartés de leurs fonctions de responsabilité et la création d'un ministère des droits de l'Homme et des libertés publiques. Vendredi 5 octobre 2012, le porte-parole du gouvernement, Sékou Kissi Camara, a annoncé un remaniement ministériel partiel, comprenant le départ des trois militaires occupant un poste gouvernemental : le général Mamadouba Toto Camara, ministre de la sécurité et de la protection civile, le général Mathurin Bangoura, ministre de l'urbanisme et de l'habitat et enfin le général Mamadou Korka Diallo, ministre de l'élevage.

Pour rappel, ces trois généraux étaient membres du Conseil national pour le développement et la démocratie (CNDD), organe politique de la junte dirigée par le capitaine Moussa Dadis Camara de 2008 à 2009 et du gouvernement d'alors. Le général Mamadouba Toto Camara était le 1er vice-président du CNDD et déjà ministre de la Sécurité pendant cette période et au moment des massacres commis au stade de Conakry le 28 septembre 2009 et les jours suivants. Il est d'ailleurs cité par le rapport de la Commission d'enquête internationale des Nations-Unies, concernant l'implication de la police dans les événements.

De nombreux témoignages de victimes, recueillis par la FIDH et l'OGDH ainsi que par les différentes associations de victimes, font état du rôle important des forces de police dans la répression sanglante des manifestations qui ont fait au moins 157 victimes, une centaine de femmes violées et de très nombreux blessés.

« La formation d'un gouvernement civil, qui écarte des acteurs ayant occupé de hautes responsabilités au moment de graves violations des droits de l'Homme et notamment en 2009, est un signal encourageant de la volonté politique des autorités guinéennes de renforcer l’État de droit en Guinée » a déclaré Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH. « Les autres présumés responsables de graves violations des droits de l'Homme exerçant des postes de responsabilité, notamment dans le secteur de la sécurité, doivent aussi être démis de leurs fonctions jusqu'à ce que toute la lumière soit faite sur leurs agissements et leurs responsabilités dans les épisodes de graves violations des droits de l'Homme perpétrés en Guinée par le passé » a-t-elle ajouté.

La FIDH et l'OGDH prennent note par ailleurs de la création d'un ministère des Droits de l'Homme et des Libertés publiques, confié à M. Kalifa Gassama Diaby. « C'est la première fois, en Guinée, que les droits de l'Homme occupent une place si importante au gouvernement. C'est une nouvelle à saluer et l'OGDH, avec la FIDH et les associations de victimes, se réjouit de pouvoir travailler en collaboration avec ce nouvel interlocuteur, en espérant que les moyens matériels et humains nécessaires soient mis à sa disposition » a déclaré Thierno Maadjou Sow, président de l'OGDH.

Nos organisations soulignent également la place renforcée du ministère de la Justice, qui devient un ministère d’État et le deuxième poste du gouvernement. Ces décisions s'inscrivent dans la lignée des engagements que le chef de l’État avait pris lors d'une audience accordée à une mission de la FIDH le 27 septembre 2012, au cours de laquelle il avait réaffirmé sa volonté de tout mettre en œuvre pour aller dans le sens de la justice et de la fin de l'impunité. « La feuille de route du nouveau gouvernement est claire : organiser des élections libres, transparentes et inclusives dans les meilleurs délais ; garantir le bon exercice de la justice, en particulier dans les procédures concernant les graves violations des droits de l'Homme ; et engager la mise en œuvre du processus de réconciliation national, en appuyant la Commission provisoire chargée de la réconciliation (CPCRN) dans la tenue de consultations nationales » a déclaré Souhayr Belhassen.

Conakry, Paris, Nairobi, le 10 octobre 2012

FIDH-OGDH

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