Franchement, on attendait mieux du Président démocratiquement élu

 

Notre patrie commune la Guinée, souffrante et agonisante depuis et toujours, des mêmes maux, assénés dans les mêmes mots, mille et une fois stigmatisés par les combattants connus et anonymes de la lutte patriotique, pour l’émancipation et l’épanouissement du peuple martyr, histoire de conjurer le triste sort qui s’acharne implacablement comme une malédiction, car malgré des potentialités multiples et variées, le pays demeure paradoxalement et invariablement englué dans la queue de peloton des nations minées par la pauvreté et la misère.

Une situation déplorable, du fait stupide en ce qui nous concerne particulièrement, de tensions ethniques qui continuent à être sciemment et impunément instrumentalisées, à travers une culture diabolique et systématique de la haine et de la division, pour cause déshonorante de défense d’intérêts égoïstes de dirigeants véreux, qui dès lors que leur est confiée une quelconque parcelle d’autorité, brillent de par leur incompétence et leur irresponsabilité, en faisant fi de façon dédaigneuse, des principes éthiques et moraux les plus élémentaires en matière de gestion de la chose publique.

Partant, l’exacerbation conséquente des frustrations et des rancœurs, ne peut naturellement que fragiliser les fondements de constitution harmonieuse de la nation, dont l’évolution sociopolitique est émaillée de faits peu glorieux sur le plan humain, même si par ailleurs, l’organisation pour la première fois de l’histoire politique du pays, d’élections pluralistes supposées libres et transparentes, a eu le mérite de faire renaître les espoirs les plus fous, malgré les clivages et autres oppositions de principe inhérentes au processus démocratique en gestation.

Mais fort malheureusement, après un premier semestre de tergiversations du fait de l’inexpérience du Président de la République en matière de gestion étatique diront certains, on peine à lire entre les lignes de son action politique, car malgré quelques dispositions salutaires dont les résultats probants sur le terrain se font attendre avec une certaine impatience, de sérieuses inquiétudes planent au sein de l’opinion publique, quant à la capacité du Pr Alpha Condé à tenir ses engagements au vu des premiers symboles de jouissance et de pratique du pouvoir, empreints de contradictions profondes.

En effet le Pr Alpha Condé (Président Démocratiquement Elu), de par sa gestion actuelle du pays, jugée approximative et sectaire par plusieurs analystes de la vie politique guinéenne, semble tomber dans les travers d’une vision despotique du pouvoir, avec ses dérives autocratiques de nature à hypothéquer le devenir commun, favorisant ainsi, l’accentuation de la rupture du point de vue stratégique de la conception idéologique d’un projet de société viable. Le malaise social qui en découle et les risques de soulèvements populaires, compromettent davantage les acquis démocratiques obtenus de longue lutte, au prix de sacrifices humains et matériels considérables.

C’est pourquoi aujourd’hui, on l’imagine quelque peu déboussolé face à l’immensité et la complexité de la tâche, d’autant plus qu’il doit certainement en voir de toutes les couleurs et sentir de toutes les odeurs dans l’exercice quotidien de cette délicate mission de reconstruction, car depuis son installation dans le fauteuil de patriarche qu’il incarne, englouti dans un magma de courtisans, de charlatans et autres démagogues à donner le tournis, il se démène comme un beau diable, à la recherche frénétique de voies et moyens, pour sortir le pays de cette situation de léthargie dans laquelle il végète depuis plus d’un demi-siècle d’indépendance.

A propos, entre promesses électorales de bonne gouvernance et recyclage systématique des caciques de l’ancien régime, volonté politique manifeste de reconstruction du pays et pouvoir d’action limité en raison de contraintes d’ordre structurel et conjoncturel, réformes administratives et institutionnelles et actes anticonstitutionnels décalés, moralisation de la vie publique et manigances pour le besoin obsessionnel de consolidation du pouvoir, restauration de l’autorité de l’Etat et répression de militants ou intimidation d’opposants, il faut dire que le professeur souffle le chaud et le froid et donne visiblement la mauvaise impression de confondre ambitions et prétentions.

Tout ce boucan au nom d’un prétendu concept révolutionnaire d’<<ENSEMBLE CHANGEONS LA GUINEE>>, dont la mise en œuvre s’avère plus compliquée que prévue, car le changement des mentalités que cela suppose, nécessite non seulement une approche méthodologique et pédagogique basée sur une vision objective et réaliste des vrais enjeux sociopolitiques et économiques qui interpellent les guinéens en ce XXI siècle, mais aussi et surtout, il faudrait que soit menée au-delà des réformes structurelles, une vraie campagne de conscientisation professionnelle au niveau d’une administration paralysée par l’amateurisme et l’affairisme de ses cadres.

Rien de surprenant donc, de constater qu’il s’emmêle quelque peu les pinceaux dans ses élans de père fouettard, qui comme embarqué dans une sorte de cabale vengeresse, a tout le mal du monde pour convaincre les guinéens dans leur ensemble, de s’associer pleinement au processus de changement qu’il prône dans la direction des affaires depuis son arrivée aux commandes, l’essentiel de son action étant perçu, comme une rhétorique de politique-spectacle, fait de propagandes et de diktats théâtralement distillés dans des sketchs à la one man show, qui rappellent étrangement un certain Capitaine Dadis à ses heures de gloire.

En raison de l’état catastrophique de délabrement psychologique et matériel de ces dernières années, il était courant de voir soutenue, l’idée étrange que le la Guinée pour s’en sortir, a besoin d’un dictateur; un dictateur dans le sens bien entendu, de la conduite autoritaire des affaires, pour mater sans discrimination, les esprits rebelles et réfractaires à l’amélioration quantitative et qualitative des conditions de vie d’une population usée et abusée. Mais, dans le règne de la confusion auquel on assiste en ce moment, avec des soupçons avérés ou non d’exclusion des uns et de favoritisme des autres, sur fond de bébête guéguerre où on ne prend évidemment position pour ou contre, que selon qu’on est bénéficiaire ou victime du système, il faille se rendre à l’évidence que dans un régime qui se veut démocratique et respectueux des libertés individuelles et collectives, la seule et unique manière de contenter le peuple dans sa majorité, est de se mettre en tant que Président de tous, au-dessus des considérations partisanes, par la tenue de discours rassembleurs et en agissant au mieux, dans le cadre du respect strict des textes réglementaires qui promeuvent l’égalité des citoyens devant les lois républicaines et garantissent à tous, les mêmes droits et les mêmes devoirs.

Par ailleurs, la réconciliation nationale, slogan de campagne du candidat Alpha Condé lors des élections présidentielles, que nombre d’observateurs, considéraient à juste titre comme le préalable à la mise en place des bases d'un jeu politique clair et responsable, a du mal à se mettre en marche, à cause de la rupture du dialogue social entre pouvoir et opposition, ce qui contribue à l’entretien d’un climat de défiance et de suspicion permanente, assombrissant à nouveau l’horizon que l’on croyait un temps définitivement dégagé, parce que tout simplement, l’avènement d’un régime démocratique était assimilé dans la conscience collective, comme synonyme de renaissance et de progrès social et économique profitable à tous, surtout avec l’arrivée au pouvoir du Prof-diaspo, flanqué de l‘étiquette flatteuse de « monsieur mains propres » , dont la sagesse de l’âge constituait aux yeux de beaucoup, comme un gage d’autorité morale appréciable, à même de favoriser le consensus autour des questions fondamentales déterminantes pour le devenir de la nation.

D'où l'importance majeure aujourd’hui, d'une opération de concorde civile, pour laquelle, les gouvernants actuels se doivent d’envoyer des signaux forts de décrispation politique, en prenant des mesures de justice sociale et de solidarité nationale au bénéfice des familles des victimes de répressions des années de lutte commune pour l’avènement de la démocratie dans notre pays, en ayant à l’idée qu’un processus de paix et de réconciliation ne se limite pas à un accord politique passé entre gouvernants et élites politiques pour être ensuite imposé aux populations concernées. Bien au contraire, il suppose l’investissement de ces populations qui ont à comprendre et à porter les enjeux politiques, mais surtout sociaux, économiques et culturels d’un tel processus.

Malheureusement, la question qui focalise actuellement toutes les attentions, en l’occurrence l’organisation prochaine des élections législatives censée mettre fin à la transition en cours, ravive à nouveau les tensions sociales, à cause des divergences profondes de points de vue autour du fichier électoral, dont la fiabilité si elle est unanimement remise en cause par tous les acteurs politiques, constitue néanmoins le point de friction essentiel, en ce sens que la décision unilatérale de reprise intégrale du recensement proposée par le gouvernement est contestée par l’opposition qui en soutient simplement la révision conformément à la loi.

Dans cet ultime bras de fer, il faudrait que les acteurs politiques acceptent pour l’intérêt supérieur de la nation, de mettre en veilleuse leurs querelles fratricides, pour s’accorder sur les modalités d’organisation de ces fameuses consultations électorales, qui comme le prévoit les textes réglementaires, incombe à la CENI, organe à restructurer nécessairement et normalement par le CNT, en vue d’être sur un plan purement technique et fonctionnel, assistée dans sa mission par les services administratifs compétents. C’est en tous les cas la meilleure attitude à adopter, pour éviter des confrontations inutiles aux conséquences imprévisibles.

En définitive, le message important à faire comprendre à tous, est que contrairement à certains hégémonistes, qui s’imaginent de façon délirante, incarner au mieux la noblesse et la légitimité, pour diriger dignement le gouvernail du destin commun, tous les guinéens sont concernés peut être à des degrés divers en fonction des implications de près ou de loin, par le comment de la gestion du pays, car on ne le dira jamais assez, ce lopin de terre qui nous est légué par nos ancêtres, nous appartient à tous et à ce titre, il est du devoir de chaque citoyenne et de chaque citoyen soucieux du développement économique et social de la nation dans son ensemble, d’apporter son tribut à la paix, à la sécurité et à la réalisation de la réconciliation nationale, au lieu de continuer à gaspiller de façon insensée, nos énergies créatrices au travers de tiraillements et de déchirements.

BAYO Abidine

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