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Guinée : Nouvelle ère pour le secteur minier

SmgLa Guinée est le deuxième producteur mondial de bauxite, le minerai dont on extrait l’aluminium, et possède d’importantes réserves de minerai de fer, d’or et de diamants. Sous la houlette du Président Mamady Doumbouya, le pays veut faire en sorte que les mines contribuent plus largement à l’économie nationale.

La septième édition du Symposium sur les Mines en Guinée (SMG 2022) ouvre ses portes ce 15 novembre 2022 et cela jusqu’au 17 au Palais du Peuple à Conakry. Cet événement qui a fini de faire partie du calendrier d’affaires du secteur minier africain, voire international, est organisé une nouvelle fois par le ministère guinéen des Mines et de la Géologie en partenariat avec AME Trade Ltd. Il s’est imposé comme le plus grand événement d’exploitation minière actuellement organisé en Afrique de l’Ouest et le deuxième plus grand sur le continent africain.

Le thème principal de cette édition est :«optimiser l’industrie minière pour catalyser le développement socio-économique de la Guinée».

Ce sont 800 délégués officiels, une centaine d’exposants et 88 orateurs venant de 34 pays du monde, qui participeront à cet évènement. Le Symposium Mines Guinée 2022, est une occasion pour le pays d’attirer des partenaires qui s’inscrivent dans «la vision d’un développement minier responsable», tel prôné et porté par le chef de l’Etat.

En effet, dès son arrivée au pouvoir en septembre 2021, le président Mamady Doumbouya a fixé comme l’une des priorités de son gouvernement une plus grande implication des Guinéens dans l’exploitation de leurs ressources minières. Un projet de loi a été élaboré et aussitôt transmis au Parlement de Transition. Celui-ci, portant sur le contenu local, a ainsi été voté à l’unanimité dans la nuit du jeudi 22 septembre 2022 par le Conseil national de la transition (CNT). Le texte est censé favoriser notamment le transfert de compétences et l’intégration des Guinéens dans l’économie, particulièrement dans le secteur minier.

Déjà, au cours des premières semaines suivant son arrivée au pouvoir, le président de la Transition, a placé le «contenu local» au cœur de ses discussions avec les acteurs du secteur minier guinéen. Pour lui, les compagnies minières actives dans le pays doivent notamment confier exclusivement le transport terrestre des différents minerais et le déplacement des travailleurs, à des intérêts nationaux, sauf cas de force majeure. Mamady Doumbouya a également demandé aux investisseurs miniers de prioriser les compétences locales, au moins pour tous les postes administratifs. Pourtant, il existe déjà en Guinée un cadre règlementaire en matière de contenu local dans le secteur minier. Ce cadre s’articule notamment autour du financement de projets et d’infrastructures en faveur des communautés locales, de la formation et du renforcement des compétences des Guinéens, ainsi que du recours aux fournisseurs locaux. Mais, sur le terrain malheureusement, les populations dénoncent régulièrement le manque d’impact de l’exploitation minière dans l’amélioration de leurs conditions de vie. C’est pourquoi, selon certaines sources, l’adoption de cette loi vise surtout à pallier les insuffisances constatées dans l’application des précédentes dispositions des lois et règlements en vigueur sur le contenu local.

Plus globalement, il faut dire que le président de la Transition veut que son pays reprenne la main sur ses mines. Alliant l’acte à la parole, Mamady Doumbouya a ordonné la cessation de toute activité à Simandou, un des plus vastes gisements de fer au monde. Pour rappel, les blocs 3 et 4 de Simandou sont détenus par l’anglo-australien Rio Tinto, le chinois Winning Consortium Simandou et, dans une moindre mesure, l’Etat guinéen. Ils en sont à la phase exploratoire. En fait, les autorités de la transition déploraient le «manque de volonté» des deux entreprises dans la création d’une co-entreprise avec l’Etat. Autrement dit, la préservation de 15% de l’Etat guinéen comme prévu dans l’accord-cadre signé en mars dernier constituait l’un des points de discorde. Mais tout finira par rentrer dans l’ordre. Car, le mercredi 27 juillet, l’État guinéen a officialisé la signature de la Coentreprise. Ainsi reprend le ménage à trois. Les trois partenaires du juteux projet minier ont finalement signé la convention de création de la coentreprise baptisée : «Compagnie du Transguineen» (CTG) pour le co-développement. Pour rappel, près de 15 milliards de dollars sont en jeu dans ce gisement situé en Guinée forestière.

Ressources

La Guinée dispose d’importantes ressources minières. Le pays possède les plus importantes réserves mondiales de bauxite, mais cette manne importante profite peu aux populations alors que ce minerai est utilisé pour la production de l’aluminium.

En termes de chiffres, la Guinée abrite plus du quart (voire même du tiers selon certaines sources) des réserves mondiales de bauxite, dont la production nationale est passée de 20 millions de tonnes en 2016 à plus de 72 millions de tonnes en 2022. Les réserves guinéennes de bauxite sont estimées à plus de 40 milliards de tonnes, dont 23 milliards de tonnes localisées dans la région de Boké au nord-ouest du pays selon le ministère guinéen des Mines et de Géologie.

Le pays est aujourd’hui le deuxième producteur mondial derrière l’Australie et le premier fournisseur de la Chine, le plus important producteur d’aluminium au monde. La Guinée «détient plus d’un quart des réserves mondiales de bauxite et a de grandes quantités de réserves de minerai de fer de haute qualité avec, pour la plupart, une teneur supérieure à 60%. Ces gisements sont largement inexploités et représentent ainsi une opportunité majeure pour les sociétés minières», selon le Guide sur le secteur minier en Guinée.

D’après l’US Geological Survey de 2021, une agence scientifique américaine, les réserves mondiales de bauxite se situent principalement dans des zones tropicales et subtropicales telles que la Guinée (24,9 %), l’Australie (17,2 %), le Vietnam (12,5 %) le Brésil (9,1 %) et la Jamaïque (6,7 %). Selon la même source, la Chine n’a que 3,4 % des réserves mondiales et la Russie 1,7 %. En Guinée, les réserves sont principalement situées dans les régions de la Basse Guinée (Boké, Kindia, Fria, Boffa), la Moyenne Guinée, dans le massif du Fouta-Djalon (Tougué, Pita, Mali, Mamou, Dalaba) et la Haute Guinée (Dinguiraye, Dabola, Siguiri). Mais les observateurs estiment que les populations locales ne bénéficient pas des retombées de la manne de leur sous-sol. Le Président Doumbouya a ainsi ordonné aux compagnies minières étrangères de s’impliquer davantage pour un partage équitable des revenus dans le but de booster l’économie du pays.

Depuis des années, on observe une exploitation hors de contrôle, des dégâts environnementaux. Aujourd’hui, les populations espèrent qu’avec les nouvelles reformes de l’actuel chef de l’Etat, elles en bénéficieront.

Aujourd’hui, selon le gouvernement guinéen, il y a des concertations régulières avec les sociétés minières étrangères pour une cohabitation harmonieuse avec les populations locales. C’est ainsi que lors de sa rencontre le 31 aout 2022 avec les directeurs généraux des sociétés minières étrangères, le Premier ministre, Bernard Gomou, les a félicités pour leurs contributions au développement communautaire. Ils ont été, par ailleurs, invités à renforcer la cohabitation harmonieuse avec les communautés locales gage d’une licence sociale. Dans cette perspective, il leur a demandé cordialement de protéger, dans leurs périmètres miniers, les zones agricoles pour que «le tandem mine-agriculture soit une réalité pour un développement durable et inclusif» en Guinée.

La bauxite est cette roche de latérite qui est principalement extraite des sites exploités en Guinée maritime par trois entités : la Société minière de Boké (SMB-Winning), un consortium franco-sino-singapourien représentant plus de 58 % de la production en 2018 ; la Compagnie des bauxites de Guinée (CBG), opérateur historique du gisement de Sangarédi, détenu à 49 % par l’État et à 51 % par un consortium regroupant Rio Tinto Alcan, Alcoa et Dadco (25 % de la production) ; et la Compagnie des bauxites de Kindia (CBK), filiale de Rusal (6 % de la production). « La Compagnie des Bauxites de Guinée est un leader mondial dans l’industrie de la bauxite. Elle met en valeur des ressources bauxitiques situées dans le nord-ouest de la Guinée. Elle expédie plus de 15 millions de tonnes de bauxite de qualité supérieure par an. Cette roche sédimentaire blanche, rouge ou grise, caractérisée par sa forte teneur en alumine et en oxydes de fer, sert dans la fabrication de l’aluminium, essentiel par exemple dans les industries automobile ou alimentaire. De la simple canette de bière à l’industrie navale en passant par l’aviation, l’aluminium a permis l’essor de l’industrie de la bauxite en Guinée. La bauxite est à la base de l’aluminium, dont le prix atteint des sommets sur les marchés.

Hautement concurrentielle suite à la qualité de ses gisements de bauxite, la production guinéenne approvisionne aujourd’hui les principaux marchés mondiaux.

Institué le 27 juillet 2022, le prix de référence applicable à la vente de la bauxite est entré en vigueur le jeudi 1 septembre 2022. Vu que la majorité des producteurs en Guinée (80%) vendent sur le marché chinois, la bauxite sera cotée sur l’index Guinea LT au CBIX en Chine, principal marché mondial de sa commercialisation. «Constatant que les administrations minières précédentes se contentaient simplement des déclarations faites par les sociétés elles-mêmes pour la vente de leur bauxite, sans aucune base légale pour l’approbation des prix de vente déclarés, les autorités de transition ont décidé d’imposer un prix de référence à toutes les sociétés minières exportatrices de la bauxite guinéenne», selon Dr. Lanciné Condé, ministre guinéen du Budget. D’après une étude du ministère des Mines et de Géologie de la Guinée, la sous-évaluation du prix de la bauxite, combinée aux exonérations fiscales accordées aux sociétés minières étrangères, engendraient des pertes de recettes estimées à environ 250 millions de dollars US au titre de l’exercice 2019 et 350 millions de dollars US au titre de l’exercice 2020, optimisation fiscale mise à part. L’entrée en vigueur de l’institution du prix de référence sur la bauxite devrait rapporter selon les projections du ministère du Budget 1 milliard de dollars US de recettes en 2023.

Avec l’un des sous-sols les plus riches dans le monde, la Guinée est gâtée par la nature. Pour l’or, le potentiel estimé varie entre 300 et 500 tonnes et se situe en Haute Guinée et en certaines localités de la Basse Guinée. Les réserves de diamant ne sont pas bien connues et se situent au niveau du triangle composé des préfectures de Kérouané, Kissidougou et Macenta. Des découvertes ont également été faites dans l’ouest, notamment à Kindia et à Forécariah. L’un des projets phares dans le domaine aurifère est celui du marocain Managem qui a lancé la production à la mine d’or de Tri-K en 2021. Située au nord-est de Kankan dans la région de Mandiana, cette mine à ciel ouvert contient des réserves estimées à 1565000 onces pour une production cible de 130 000 onces par an. La première coulée a été réalisée le 23 juin 2021, suite à la finalisation des travaux de construction.

Avec une réserve de plus de 1,5 million d’onces d’or, Tri-K est en effet l’une des plus importantes opérations du Groupe sur l’activité or. La mine de Tri-K, dont les travaux de construction ont été réalisés sous la supervision de Reminex, filiale du Groupe Managem, permettra de produire 
130 000 onces d’Or par an, à un cash cost prévisionnel de 600 à 700 dollars/oz. Elle permettra également de générer 800 emplois directs et 1500 postes indirects. Sa durée de vie est de 12 ans. Rappelons que Managem détient 85% de la société SMM (Société des mines de Mandiana), titulaire du permis d’exploitation de Tri-K, en partenariat avec la Société guinéenne du patrimoine minier (Soguipami). Quant au fer, les réserves les plus importantes se situent dans les zones du Mont Nimba en Guinée Forestière, du Mont Simandou dans la même région et dans le sud de la Haute Guinée. Il faut souligner que le pays possède les plus grandes réserves de minerai de fer inexploitées à l’échelle mondiale. Ce minerai, de qualité exceptionnelle, est d’une teneur en fer souvent supérieure à 65%. Parmi ces gisements, le site de Simandou constitue la plus grande réserve inexploitée de minerai de fer de haute qualité au monde, avec plus de 1,8 milliard de tonnes de réserves estimées, d’une teneur en fer supérieure à 65,5%. Sa capacité de production annuelle s’élève à 100 millions de tonnes en pleine production, pour une durée supérieure à 40 ans. Le projet permettra la construction d’infrastructures majeures (portuaires, ferroviaires, routières), le développement d’activités économiques et de sous-traitance, ainsi que la création d’emplois.  Plus grand projet intégré mines-infrastructures en cours de développement en Afrique, Simandou Sud a la capacité de doubler le PIB de la Guinée et de contribuer à la transformation accélérée du pays.

La Guinée dispose aussi d’autres ressources minérales telles que le nickel sur le massif du Mont Kakoulima, le calcaire dans les préfectures de Kindia (Souguéta), Siguiri, Mali et Tou gué, avec des ressources estimées à plus de 200 millions de tonnes, l’uranium dont la zone la plus sûre se situe dans la préfecture de Kissidougou (Firawa) et d’autres métaux de base et minéraux tels que le cuivre, le plomb, le zinc et le cobalt. Il existe aussi des matériaux de construction tels que les roches magmatiques (granites, syénites, dolérites, gabbros, etc.) qui sont répandus un peu partout, des minéraux de sables noirs (ilménite, rutile, zircon, etc.) et des pierres de couleur semi-précieuses ainsi que le talc.

Exploration et exploitation

Dans le domaine de l’exploration, il existe six projets en développement dans la bauxite. Il s’agit de :

– La Guinea Alumina Corporation (GAC) dont les actionnaires sont BHP Billiton, Global Alumina, Dubaï Aluminium et Mubadala pour la réalisation d’une usine d’alumine à Sangarédi pour un coût global de 4,5 milliards de dollars US ;

– La Compagnie des Bauxites de Dian-Dian (COBAD) dans laquelle l’Etat est en partenariat avec Rusal pour la production d’alumine avec un coût global de 4 milliards de dollars US ;

– Le projet d’usine d’alumine Alcoa-Alcan / Rio Tinto qui va transformer de la bauxite produite par la CBG en alumine pour un coût estimé à 1 milliard de dollars US ;

– La Société des Bauxites de Dabola-Tougué (SBDT) où l’Etat est en partenariat avec l’Iran pour la production de 1 million de tonnes d’alumine ;

– Le projet Boffa / BHP Billiton qui compte aussi construire une usine d’alumine à Boffa ;

– Le projet de bauxite de Gaoual / Alliance Mining Corporation (AMC) dont le principal actionnaire est la société australienne AMC ;

– Projet de Bauxite d’Henan Chine ;

Pour le fer, il existe aussi quatre projets

– Le projet Euro-Nimba où l’Etat est en partenariat avec un groupe de miniers dirigé par BHP Billiton pour le fer du Mont Nimba ;

– Le projet Simfer SA / Rio Tinto / Chinalco pour l’exploitation du fer du Mont Simandou pour un coût global de 6,5 milliards de dollars US ;

– Le projet des mines de fer de Kalia (Faranah) avec la société Bellzone dans lequel le principal actionnaire est la China International Fund ;

– Le projet Zogota (N’Zérékoré) entre l’Etat et Benny Steinmetz Group Resources (BSGR) / Vale pour l’exploitation du gisement de fer de Zogota.

Dans le domaine de l’exploitation minière industrielle, il existe six sociétés minières dont trois dans la bauxite :

– Alumina Company of Guinea (ACG) / Rusal ;

– La Compagnie des Bauxites de Guinée (CBG) ;

– La Compagnie des Bauxites de Kindia (CBK) exploite la bauxite à partir des gisements de Débélé et depuis peu, Balandougou, dans la préfecture de Kindia.

Les quatre sociétés aurifères :

– Depuis 2018, le Groupe Managem détient à 85 % la Société Minière de Mandiara (SMM), titulaire du permis d’exploitation de Tri-K ;

– La Société Ashanti Goldfields (SAG) qui exploite l’or alluvionnaire de Koron à Siguiri ;

– La Société Minière de Dinguiraye (SMD) qui exploite depuis 1995 les gisements primaires de Léro ;

– La société Semafo qui exploite depuis avril 2002 les filons Jean et Gobélé dans la CRD de Kiniéro. L’exploitation artisanale de l’or (orpaillage) se pratique essentiellement en Haute Guinée. La production exportée est de 2,45 tonnes par an. Quant à l’exploitation artisanale du diamant, elle est pratiquée essentiellement dans le sud-est de la Guinée.

Source: afrimag

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