Le marché de l’aluminium ébranlé par les sanctions américaines contre Rusal

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Les sanctions de Washington contre les oligarques russes visent tout particulièrement Oleg Deripaska, le magnat russe de l'aluminium. Des sanctions étendues aux sociétés qu'il contrôle, et en premier lieu Rusal, le principal fournisseur mondial d'aluminium hors de Chine. Il y a donc de quoi perturber toute la filière mondiale, jusqu'en Guinée.

L'impact des sanctions américaines contre Rusal est proportionnel à la taille du géant russe : énorme. « L'incertitude règne désormais sur le marché de l'aluminium », observe Didier Julienne, expert des métaux, Rusal pesant 17% de l'approvisionnement mondial si l'on exclut la Chine. « Désormais, tous les clients de l'industrie, les constructeurs automobiles, et jusqu'aux fabricants de cannettes de boisson, prennent un risque si ils achètent l'aluminium de Rusal, puisqu'ils doivent le payer en dollar et donc qu'ils sont susceptibles de tomber à un moment ou à un autre sous le coup des sanctions américaines. »

Flux perturbés et hausse des cours

Les traders, comme Glencore, qui est en outre actionnaire de Rusal, et les industriels risquent donc de devoir se passer de l'aluminium russe, cela veut dire qu'ils auront moins de matières premières disponibles, ce qui a déjà fait bondir les cours de l'aluminium à la bourse de Londres.

Tous les flux risquent d'être perturbés, les Etats-Unis vont devoir s'approvisionner davantage en aluminium américain, canadien, norvégien, voire chinois, même si ce dernier est plus cher du fait des nouvelles taxes de Washington. L'aluminium russe, lui, va devoir trouver de nouveaux débouchés, peut-être en Chine, puisque la Chine veut produire moins de métaux pour des questions d'environnement.

Incertitude sur les projets guinéens

Enfin les investisseurs américains ou ceux qui veulent continuer à faire des affaires aux Etats-Unis sont contraints de vendre leurs actions Rusal dans le mois qui vient. Le groupe russe a déjà perdu plus de la moitié de sa valeur. Cela questionne sur les capacités de Rusal à payer sa dette - entre parenthèses cela pourrait se retourner contre les créanciers, dont certains sont américains.

Rusal va-t-il être contraint de diminuer la voilure ? On s'interroge en Guinée. Dans les semaines qui viennent, le géant russe devait commencer à exporter la matière première de l'aluminium, la bauxite à partir du gisement guinéen de Dian-Dian. Rusal avait également promis de redémarrer l'usine guinéenne d'alumine à Fria, arrêtée depuis la grève de 2012.

 

Par Claire FAGES

Source: RFI

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