Lourdes peines prononcées contre les assassins d’Aïssatou Boiro

Justice 3Plus de huit ans après le meurtre d’Aïssatou Boiro, ancienne directrice du Trésor, et de Paul Temple Cole, et après plus d’un an de procès, les juges ont condamné les accusés à des peines allant de 10 ans de prison à la réclusion criminelle à perpétuité.

À peine le juge Ibrahima Kalil Diakité a-t-il terminé de donner le verdict que les membres de la famille d’Aïssatou Boiro présents à l’audience se tombent dans les bras, en larmes. Ibrahima Boiro, veuf de l’ancienne directrice du Trésor tuée par balles le 9 novembre 2012, reste silencieux et digne, comme il l’a fait tout au long de ce procès fleuve, dont il n’a manqué quasiment aucune audience depuis novembre 2017. « Nous pouvons à présent faire notre deuil », a pour sa part glissé son avocat Me Lanciné Sylla.

Réclusion criminelle à perpétuité

Mohamed Sankhon – dit « Mohamed Léonais » –, El Oumar Barry – dit « El Oumar » –, Djibril Diallo – dit « Foula Boy » – et un certain « Thierno le boucher » (en fuite) ont été reconnus « coupables de l’assassinat d’Aïssatou Boiro et de Paul Temple Cole » et condamnés à la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de 30 ans. Ils ont en outre été reconnus coupables de plusieurs autres chefs d’accusation, parmi lesquels « association de malfaiteurs » et « vol à main armée ».

Les quatre hommes ont par ailleurs été condamnés à payer un franc symbolique à la famille Boiro, seule partie civile à avoir effectivement comparu depuis le début du procès. Celle de Paul Temple Cole, l’autre victime, ne s’est jamais présentée.

rois autres accusés – parmi lesquels Mohamed Diallo, alias « Junior » – accusés d’être les complices des premiers ont également été condamnés à la perpétuité pour « recel de véhicules issus de vol à main armée, commis avec violence et ayant entraîné la mort ». Enfin dix accusés, considérés comme les hommes de main, ont été condamnés à une peine de 20 ans de prison, tandis que deux autres ont écopé de dix ans de prison ferme.

« Nous sommes très satisfait de la sentence qui vient d’être prononcée. Les victimes, particulièrement les ayant-droits d’Aïssatou Boiro, peuvent enfin dormir. Il s’agit d’une peine très dissuasive. Je pense que, enfin, on peut faire le deuil de Madame Aïssatou Boiro », s’est félicité Me Lanciné Sylla.

Les avocats de la défense vont faire appel

Me Jean-Baptiste Jocamey Haba, avocat de Mohamed Diallo, a pour sa part dénoncé « une justice aux ordres ». « Il y a un acharnement contre mon client. En matière criminelle, nous avons besoin de faits. Aucun élément de preuve n’a été apporté. Aucun accusé n’a dit connaître mon client. Personne, y compris le procureur, n’a pu prouver son association à ce qui s’est passé », a-t-il regretté après le prononcé du verdict.

« On a voulu trouver un coupable, des coupables. Mais jamais le ou les coupables », a-t-il tonné. « Nous allons exercer les voies de recours et remettre en cause ce jugement devant la chambre criminelle de la Cour d’appel », a-t-il prévenu. Son confrère en défense, Me Abou Camara, n’avait pas attendu l’issue du procès pour l’annoncer : « Monsieur le président, nous ferons appel de cette décision ! ».

Le colonel Amadou Bangoura acquitté

Le tribunal a par ailleurs constaté l’extinction de l’action publique suite au décès de cinq accusés. Il a par ailleurs prononcé l’acquittement du colonel Amadou Bangoura, qui était poursuivi pour « complicité d’association de malfaiteurs et vol à main armée non établie à son encontre ». Le parquet avait requis dix ans de prison à son encontre.

« Le colonel Bangoura a été traîné dans la boue, cloué au pilori, malgré tous les services qu’il a rendu à ce pays. Que le tribunal reconnaisse son innocence et l’acquitte, je ne peux qu’éprouver de la joie et de la satisfaction », a réagi Me Mohamed Traoré, son avocat.

 

Par Diawo Barry

Source: jeune afrique

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