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Sidya Touré : "Si le droit est dit, je serai au second tour"

Sidya Touré, le candidat de l’Union des forces républicaines, arrivé troisième lors du scrutin du 27 juin avec 15,6 % des suffrages, revendique la deuxième place après Cellou Dalein Diallo (Union des forces démocratiques de Guinée), en tête avec 39,72 %. Il accuse le Rassemblement du peuple de Guinée (20,67 %) d'Alpha Condé d’avoir fraudé. Selon lui, l’opposant historique aurait même bénéficié de la complicité du président de la Transition, le général Sékouba Konaté. Interview:

Jeune Afrique : Votre parti, l’Union des forces républicaines (UFR), a décidé de saisir la Cour suprême. Vous demandez l’annulation de plus de 280 000 voix attribuées au Rassemblement du peuple de Guinée (RPG). Pourquoi ?

Sidya Touré : Nous avons pris le cas du RPG car une partie de ses fiches ont été réintégrées brutalement à quelques heures de la proclamation des résultats, mais c’est un phénomène qui concerne aussi la Moyenne et la Haute-Guinée. En dehors des grandes villes, chacun a fait ce qu’il voulait. Ils ont bourré les urneset fait signer les procès verbaux par qui ils voulaient. C’est pourquoi on a des résultats qui ne correspondent pas à la réalité des urnes. Voilà comment le RPG s’est retrouvé devant l’UFR. Le vote de l’UFDG (Union des forces démocratiques de Guinée, NDLR) ressemble à ce qui s’est passé avec le RPG. Je n’en dirai pas plus.

Le RPG a quand même ravi la seconde place que vous revendiquez…

Ce sont la Ceni et le président de la Transition qui ont pris cette décision préjudiciable de le faire passer devant. Je pense que c’est sur instruction du président de la Transition que la Ceni a réintégré les voix du RPG qui n’auraient pas dû être prises en compte. L’UFR va donc saisir la Cour suprême. On verra si elle dira le droit. C’est ce que nous espérons pour nous et pour notre pays.

Avez-vous la preuve de vos accusations à l’encontre du général Sékouba Konaté ?

J’ai parlé avec le président de la Ceni, Ben Sékou Sylla et le général Konaté  quand j’ai eu vent de cette affaire. Je me suis entretenu deux fois avec le président de la Transition, une heure ou deux avant l’annonce des résultats.

Que vous êtes-vous dit ?

Je garde cela pour moi. Je pense que le président de la Ceni a été instruit d’introduire ces documents de manière totalement inacceptable. Et pour appuyer mon propos, je vous rappelle que le conseiller juridique de la Ceni, Me Abass Bangoura, a démissionné hier [samedi] pour protester contre le traitement de faveur accordé à un candidat.

Pourquoi ce supposé traitement de faveur envers Alpha Condé ?

Je me pose la question.

Pensez-vous vraiment pouvoir récupérer la seconde place ?

Tout à fait. Si le droit est dit, ce sera le cas. Je souligne néanmoins que sociologiquement et politiquement, je ne prétends pas que mon parti a beaucoup plus de militants que celui d’Alpha Condé, mais lors de ces élections, la base du RPG a été scindée en deux parce que le parti de Lansana Kouyaté(Parti de l’espoir pour le développement national, NDLR) a fait des ravages. Pour compenser ses pertes, le RPG a bourré les urnes.

Et si la Cour suprême ne vous donnait pas raison ?

À ce moment-là, nous aviserons. Pour l’instant nous suivons la procédure légale.

Vos militants resteront-ils pacifiques si la décision n’est pas en votre faveur ?

Je suis pacifique. Mon parti n’est pas violent et en dix ans, nous n’avons jamais connu de problèmes. Il est vrai qu’hier, ils se sont un peu échauffés car des urnes qui avaient disparu ont été découvertes dans la commune de Matoto où l'on nous a supprimé 50 000 voix, mais nous les avons appelés au calme.

La communauté internationale a poussé la Guinée à organiser cette élection très vite. Aujourd’hui, de nombreuses voix dénoncent fraudes et irrégularités. A-t-elle une part de responsabilité dans ce désordre ?

Les plus grands responsables sont les partis qui ont fraudé. Nous [l’UFR] avons bien tiré la sonnette d’alarme en disant qu’il aurait fallu deux mois de plus. Mais les gens ont commencé à dire : « Voilà, il n’est pas prêt, il n’est pas implanté à l’intérieur du pays,… ». Il faut admettre qu’il n’y a pas eu suffisamment de préparation.Au nord de la Guinée, près de la frontière avec la Guinée-Bissau, il y a des îles où aucun représentant de la Ceni n’a jamais mis les pieds. Il y a là-bas près de 3 000 personnes qui n’ont pas pu voter. Les exemples semblables sont nombreux. Les taux de participation qu’on nous présente sont complètement bidons.

Vous accusez vos concurrents d’avoir fraudé. Certains disent la même chose de vous. Avez-vous fraudé ?

Qu’ils donnent des preuves ! Moi je donne des preuves de ce que j’avance. Et là où la Ceni a trouvé que nous avions des bulletins qui n’étaient pas bons, nous avons accepté qu’ils soient rejetés. Cela n’a rien à voir avec ce qui s’est passé au Fouta et en Haute-Guinée.

Le second tour est prévu le 18 juillet. Pensez-vous que cette date sera maintenue ?

Je ne crois pas car il faut d’abord que la Cour suprême épuise les recours déposés par les partis.

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Commentaires

  • Cheikh Oumar AIDARA
    • 1. Cheikh Oumar AIDARA Le 05/07/2010
    Salut Abedine!
    Il faut reconnaître que la démocratie est un long processus qui requiert une abnégation et un dépassement de soi. Même après ses élections il faudra surveiller les nouveaux dirigeants comme du lait sur le feu afin d'éviter un retour à la situation antérieure. Ne dit t-on pas que "le pouvoir rend fou et que le pouvoir absolu rend absolument fou". J'en prends pour exemple la situation en côte d'Ivoire et au Sénégal.
    Les ivoiriens ne pouvaient pas imaginer se retrouver dans cette situation avec l'avénement de Bagbo qui a fait des années d'opposition chantant les vertus de la démocratie qui se retrouvant au pouvoir s'est révélé comme l'un des plus piètre dirigeant que l'Afrique est jamis connu. Abdoulaye Wade n'est pas loin de Bagbo lui qui veut monarchiser la République du Sénégal. Donc la vigilence doit être de mise pour qu'enfin le vaillant peuple de Guinée connaisse le développement et la prospérité.

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