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En Guinée, l'hôpital militaire français se mue en centre de la Croix Rouge

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Le 18 septembre dernier, lors de sa 4e conférence de presse semestrielle à l'Elysée, le chef de l'Etat avait annoncé en grande pompe la volonté de la France de répondre à l'appel à l'aide lancée par la Guinée aux prises avec l'épidémie de fièvre Ebola. François Hollande, chef des Armées, avait alors évoqué sur un ton martial la mise en place d'un hôpital militaire.

«Je viens de décider d'installer dans les jours qui viennent un hôpital militaire en Guinée forestière, là où se situe le foyer principal de l'épidémie», avait-il déclaré, ajoutant: «Je demande au ministre de la Défense de coordonner cette action et d'associer les médecins militaires et la protection civile avec des moyens aériens, parce qu'ils sont indispensables. Là encore il s'agit de sauver des vies et de protéger les nôtres.»

En fait d'hôpital militaire, c'est finalement la Croix-Rouge française qui va oeuvrer sur le terrain «avec un important soutien de l'Etat (Affaires étrangères, Santé, Défense et Intérieur)», ont indiqué dans un communiqué conjoint les ministères français de la Santé et des Affaires étrangères, sans donner plus de précision. Le centre de traitement, qui sera installé dans la localité de Macenta (Guinée forestière), comportera 50 lits et son ouverture est programmée pour début novembre. L'Institut pasteur sera chargé de monter le laboratoire de la structure.

Les militaires français ont cependant déjà été sollicités pour mener en toute discrétion des missions de reconnaissance sur le terrain afin, notamment, d'évaluer l'état des aéroports de campagne dans le secteur de Faranah et Kissidougou, par lesquels vont transiter les matériels destinés à ce centre de soins, indique-t-on à Conakry. Par ailleurs, un détachement de militaires français pourrait être déployé pour protéger le futur centre de traitement. A la mi-septembre, les sept membres d'une délégation chargée d'une mission de sensibilisation dans la région de N'Zérékoré, à un millier de kilomètres au sud de Conakry, avaient été assassinés par des villageois qui les soupçonnaient de vouloir les empoisonner.

Pourquoi la Croix-Rouge et non plus les militaires français? Les versions divergent. «C'est une décision des autorités de Conakry», affirme à Libération un haut responsable de la Défense à Paris. Dans la presse locale, le ministre guinéen de la Défense, Kabélé Camara, a réfuté l'idée que le futur hôpital soit l'embryon d'une base militaire française... Dans le pays de Sékou Touré, l'homme qui avait dit non en 1958 à l'Union proposée par de Gaulle entre la France et ses ex-futures colonies, on ne mégote pas avec les questions de souveraineté.

Mais à Conakry, on avance une autre version sur la métamorphose de l'hôpital militaire en centre de la Croix-Rouge: «Le réaménagement de l'appui français à cet hôpital n'est pas lié à une quelconque volonté des autorités guinéennes. C'est une décision française», assure le porte-parole du gouvernement guinéen Damantang Camara interrogé par Libération

Et de citer des «sources françaises» contactées par ses soins: «Les services des forces armées françaises ont constaté que les ressources humaines manquaient compte tenu du déploiement de l'armée dans d'autres pays. Il y a donc eu proposition que l'armée française appuie logistiquement l'installation de l'hôpital, mais que la gestion soit faite par la Croix Rouge.» Mobilisée dans le Sahel, en Centrafrique, au Liban et, modestement, en Irak, les armées éprouvent quelque difficulté à se démultiplier comme le souhaiterait le pouvoir politique.

Selon le dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), au 28 septembre, la fièvre hémorragique a fait 3.338 morts en Afrique de l'Ouest sur 7.178 cas enregistrés dans 5 pays (Sierra Leone, Guinée, Liberia, Nigeria, Sénégal). Le virus a fait 648 morts en Guinée.

Thomas HOFNUNG et Fabien OFFNER (à Conakry)

Source: Libération

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