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A la découverte du « Sunnakati », le cadeau en vogue vers la fin du Ramadan

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A Sangoyah, quartier de la haute banlieue de Conakry, Elhadj Aboubacar Sylla est aux anges depuis qu’il a reçu un million de francs guinéens de la part de son fils pour s’acheter un boubou en perspective de la fête de l’Aid ou Korité qui va marquer la fin du jeûne.« Il a dit que c’est mon Sunnakati. Cela m’est allé droit au cœur. J’ai fait des prières pour lui », lance-t-il dans un radieux sourire.

En procurant cette immense joie paternelle, le fils de Elhadj Aboubacar Sylla n’a fait que perpétuer une tradition très en vogue en Guinée où il est de coutume chez les musulmans de procéder à des échanges de cadeaux à l’entame de la dernière quinzaine du mois sacré de Ramadan.

C’est le « Sunnakati » ou « Neldaari » qui, contrairement à l’argent offert par Sylla fils à son père, est décerné généralement sous forme de vivres.

Conçu comme une tradition et non une obligation, le « Sunnakati » peut provenir de n’importe quelle personne animée par un élan de solidarité à l’endroit de ses proches et voisins. Et aux seules conditions d’en avoir les moyens et la volonté.

« Le +Sunnakati+ n’est pas une obligation, mais un cadeau désintéressé. Généralement, il est offert par ceux qui ont les moyens vers les dix derniers jours du mois. Soit aux parents proches, soit aux amis », explique Elhadj Mamadou Bodié Bah, premier imam de la mosquée Elhadj Oumar Tall de Dinguiraye.

Donnant des exemples, il ajoute que « le +Sunnakati+, c’est quand, par exemple, un enfant envoie un sac de riz à ses parents, quand un couple offre un sac de lait en poudre à ses beaux-parents, ou quand également un employé offre un sac de sucre à son patron, ou un quand un commerçant riche ou un cadre offre des tonnes riz, des cartons de jus aux parents restés au village ».

Selon Boubacar Barry, juriste travaillant au ministère de la Citoyenneté, un ministre peut offrir du « Sunnakati » à ses cadres, tout comme ces derniers peuvent en offrir à leur supérieur.

« Il n’est pas dit, souligne-t-il, que tout cadre ou couple doit envoyer un sac de riz ou un sac de sucre. Chacun peut donner ce qu’il a. De toutes les façons, c’est symbolique. Si on ne peut pas trouver un sac de riz, on peut offrir un bon plat bien préparé avec des fruits ou des cartons de jus ».

Zakariaou Bah, diplômé sans emploi, s’est concerté avec ses frères pour pouvoir offrir du « Sunnakati » à leurs parents restés au village. « Nous avons recensé tous les enfants de la famille, qui travaillent un peu partout dans le pays. Nous avons fixé des cotisations pour chacun, selon ses moyens. Quand l’argent est venu, nous avons acheté du riz, du lait et du sucre pour les parents ».

La pratique est si populaire que les leaders politiques, les députés et autres ministres en profitent sournoisement pour raffermir leurs bases politiques. Ainsi, de manière discrète, ils offrent du « Sunnakati » à leurs fidèles militants ou à certains notables bien en vue.

Source: APA

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