Après la bauxite, la Guinée veut transformer localement le fer de Simandou
- Par Administrateur ANG
- Le 15/09/2025 à 08:21
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Arrivé à la tête du pays en 2021, le président guinéen Mamadi Doumbouya a fait de la transformation locale une de ses priorités dans le secteur minier. Outre la bauxite, dont il est le premier exportateur mondial, la Guinée dispose aussi du plus grand gisement de fer inexploité au monde : Simandou.
En marge de l’Africa Down Under en Australie la semaine dernière, le gouvernement guinéen a insisté sur ses ambitions de transformation locale dans le secteur minier. Alors que les autorités font progressivement de la construction de raffineries un passage obligé pour les producteurs de bauxite, ils envisagent désormais la même chose pour le minerai de fer de Simandou.
« Si Baowu vient en Guinée, ils construiront une raffinerie avant d’expédier [le fer] hors du pays », a déclaré Ismaël Nabé (photo), ministre guinéen de la Planification auprès du média Australian Financial Review. Selon le dirigeant, la construction d’une raffinerie s’inscrit dans la stratégie de mise en valeur du plus grand gisement de fer inexploité au monde.
Baowu est le plus grand sidérurgiste de Chine et fait partie des compagnies chinoises qui se sont engagées dans l’exploitation de Simandou. Outre sa participation au financement du projet, la société a signé des accords pour acheter le minerai de fer pour ses usines en Chine.
Simandou est composé de quatre blocs, dont deux sont octroyés au regroupement d’entreprises essentiellement chinoises Winning Consortium Simandou, là où les deux autres sont opérés par l’australien Rio Tinto, en partenariat avec d’autres entreprises chinoises.
La volonté de Conakry de transformer localement la production de Simandou soulève des questions sur le futur des accords d’approvisionnement en place pour Simandou, alors que l’entrée en production du gisement est attendue d’ici fin 2025. Les travaux pour en arriver là mobilisent un investissement de près de 20 milliards de dollars, en infrastructures portuaires et ferroviaires notamment.
Pour la Guinée, l’objectif avec la transformation du minerai est de maximiser les retombées économiques du projet, à travers les emplois générés au niveau local et des revenus supplémentaires liés à l’exportation d’un produit à valeur ajoutée. En attendant d’en apprendre davantage sur la stratégie du gouvernement pour atteindre cet objectif, rappelons qu’une ambition similaire annoncée dans la bauxite en 2021 reste confrontée à des défis.
Si plusieurs projets de raffineries visant à produire de l’alumine ont été lancés ces dernières années, la bauxite guinéenne est toujours expédiée sans transformation, avec des exportations ayant atteint un record à 145 millions de tonnes en 2024. En parallèle, le gouvernement a révoqué le permis d’exploitation d’Emirates Global Aluminium, producteur de bauxite accusé de ne pas respecter ses engagements en matière de construction d’une raffinerie.
Emiliano Tossou
Édité par Wilfried ASSOGBA
Source: Agence Ecofin
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