Créer un site internet

Côte d’Ivoire-Guinée: Le Président Alpha Condé met les hommes d’affaires ivoiriens en mission

Fcd30bb429ad29fe7e210898f8a75aee l

Le Chef de l’Etat guinéen a joué les VRP hier, en mettant en relation, devant les caméras, deux patrons ivoirien et guinéen à qui il a proposé de se mettre ensemble en Guinée. Sans ce style direct, franc et percutant à la limite de l’uppercut que ses contradicteurs goûtent peu, Alpha Condé ne serait pas Alpha Condé.

Recevant hier, en son palais de Sékhoutereya à Conakry, des membres de la délégation de la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (Cgeci) qui venaient de démarrer, quelques heures plus tôt, le premier forum économique Guinée-Côte d’Ivoire, le Président guinéen a encore laissé admirer sa verve toujours aussi inimitable.


« Alassane Ouattara est mon frère, il est mon conseiller économique, je dois dire. Il fait un travail remarquable en Côte d’Ivoire, que nous apprécions tous. Et le secteur privé ivoirien est très en avance, et je peux en témoigner d’autant plus que j’ai bien connu la Côte d’Ivoire, où j’ai vécu quelque temps. C’est pourquoi je vous exhorte, vous, secteur privé ivoirien à investir en Guinée, et à apporter votre expertise à vos frères du secteur privé guinéen ».
Pour le professeur Condé, l’expertise en question, n’est pas seulement celle du business. C’est aussi celle de l’organisation en interne. Louant les mérites de la centrale patronale ivoirienne faisant bloc pour avancer, Alpha Condé a exhorté les hommes d’affaires guinéens à s’inspirer de cette solidarité des businessmen ivoiriens, pour taire leurs divergences et mettre un terme à la multiplicité des organisations patronales qui handicapent le secteur privé guinéen. Morceaux choisis.


« M. Jean-Marie Ackah, s’il vous plaît, appelez vos frères guinéens à s’unir. Cela fait des mois que nous les exhortons à se regrouper en une seule entité, mais ce message n’est pas encore passé. Alors, ne partez pas de Conakry, sans réunir les différentes organisations, pour leur montrer qu’unis, on est plus forts, et plus crédibles ». Et comme le président de la CGECI lui présentait M. Allasane Doumbia, président du Groupe Sifca, « premier employeur privé de Côte d’Ivoire », selon ses propres termes, Alpha Condé a saisi la balle au bond, en demandant à l’Ivoirien de s’implanter en Guinée, pour développer notamment l’industrie sucrière du pays, qui végète encore. « Je vous attends, n’hésitez pas à venir ».


A peine apprend-il, par la suite, que M. Ackah est à la tête d’un puissant groupe agro-alimentaire à l’expertise avérée dans l’alimentation du bétail, qu’il appelle aussitôt un opérateur de la filière bétail exerçant en Guinée, pour le mettre en relation avec le patron du groupe Sipra : « Mettez-vous ensemble pour développer la filière bétail en Guinée. Je vous ai mis en contact, j’attends que vous avanciez sur ce dossier ».


Félicitant la CGECI pour l’initiative de cette mission économique à Conakry, le Chef de l’Etat guinéen s’est par la suite livré à un vrai plaidoyer pour la création de méga-entreprises africaines capables de tenir la dragée haute aux multinationales d’autres contrées. « Il est important que les hommes d’affaires africains dépassent les frontières de leurs nations respectives. Il y a encore beaucoup d’individualisme chez les hommes d’affaires du continent. Si chacun reste chez lui, dans ses frontières, vous n’irez pas loin. Les hommes d’affaires africains développent encore des complexes vis-à-vis de leurs homologues d’autres continents. Or, il n’y a pas de complexe à avoir vis-à-vis d’eux. L’argent qui sort d’Afrique est plus important que l’argent qui entre sur le continent. Ce qui veut dire que notre argent finance les autres. Si vous vous mettez ensemble, et développez des joint-ventures, cet argent restera en Afrique pour financer le développement du continent. Ce qui nous tue, c’est l’esprit d’individualisme. Il faut vaincre cet esprit. Le développement de l’Afrique se fera par les Africains, personne d’autre ne viendra développer l’Afrique à notre place. A mes pairs africains, je demande de ne pas avoir peur du secteur privé, bien au contraire, il faut aider nos hommes d’affaires à croître et à créer des multinationales africaines. A l’Union africaine, je travaille pour que le secteur privé soit associé à nos sommets, afin que nous développions des synergies »


Ayant remarqué que la délégation ivoirienne conduite par le président Jean-Marie Ackah n’était pas au complet –une partie était restée au lieu du forum pour les rencontres B to B-, le Président Condé a aussitôt exigé de recevoir la délégation d’une cinquantaine d’hommes d’affaires ivoiriens, au grand complet, aujourd’hui au palais présidentiel de Sékhoutoureya.


L’audience au palais présidentiel, c’était l’un des temps forts de cette journée d’hier consacrée au premier forum économique organisé par les hommes d’affaires ivoiriens et guinéens. Plus tôt dans la journée, le Premier ministre guinéen, Mamady Youla, en avait ouvert les travaux au Noom Hôtel de Conakry, dans la presqu’île de Kaloum à Conakry.


« En tournant votre regard vers la Guinée, amis de la Côte d’ivoire, vous regardez dans la bonne direction. Des plages côtières paradisiaques de la Guinée maritime aux splendeurs boisées de la Guinée forestière, notre pays est une parfaite synthèse des trésors de l'Afrique occidentale. Quant au peuple guinéen, il est connu et reconnu pour son hospitalité, son courage et sa sagesse », avait-il commencé, avant de rappeler l’objectif de la manifestation.
« L’objectif de cette mission économique est de promouvoir les échanges commerciaux entre nos deux pays car ceux-ci sont beaucoup trop faibles. En effet, la Guinée et la Côte d’Ivoire disposent de nombreux atouts pour le renforcement de leur relation économique qui pourrait contribuer considérablement au développement des deux pays. En plus de partager une frontière commune, nous devons ambitionner d’accroître l’investissement privé, gage d’un secteur économique en plein essor ».


Le gouvernement guinéen a pour objectif, poursuivra-t-il, la promotion des investissements privés étrangers. « Cela s’inscrit dans la perspective de la promotion des avantages comparatifs de la Guinée et la construction de partenariats stratégiques diversifiés qui nous engage à communiquer sur le potentiel de la Guinée », appuiera-t-il.


Le développement passe par la transformation des économies, notamment par l'industrialisation du continent, afin que l’Afrique absorbe une plus grande part de valeur ajoutée dans la transformation des matières premières qu’elle exporte, a ajouté le chef du gouvernement guinéen. C’est ainsi que le continent pourra créer encore plus de croissance, plus de richesse et plus d’emplois.


« Pour ce faire, nous sommes en effet convaincus que c’est le secteur privé qui contribuera à accélérer le développement économique de l’Afrique. Issu moi-même du secteur privé pour avoir dirigé, jusqu’à ma nomination au poste de Premier Ministre, le plus important projet dans la filière bauxite-alumine en Guinée, je sais mieux que quiconque le rôle prépondérant du privé. Grâce aux efforts déployés par le gouvernement et nos partenaires privés, la Guinée s’est hissé au rang de second exportateur de bauxite au monde. Par conséquent, je reste convaincu que seul un partenariat gagnant-gagnant à long terme, entre le secteur privé et le secteur public, permettra à notre économie de prospérer de façon pérenne. C’est le secteur privé qui, tout en étant la principale source d’emplois, va stimuler la croissance ».


Un message reçu cinq sur cinq par les opérateurs économiques ivoiriens et guinéens présents à ce forum, qui s’est achevé officiellement hier soir, avec le mot de clôture du ministre d’Etat guinéen chargé des questions d’investissements et des partenariats public-privé, Ibrahim Kassory Fofana.


Pour les hommes d’affaires, les rencontres B to B se poursuivent, et des visites guidées d’entreprises de renom du pays sont prévues. Est également attendue, la signature d’un mémorandum d’entente entre les secteurs privés des deux pays, et le Président Ackah a annoncé la création prochaine d’un groupe d’impulsion chargé de promouvoir les investissements et les échanges entre les deux pays.
Le président de la CGECI est accompagné, dans cette mission, outre la cinquantaine d’hommes d’affaires ivoiriens issus de secteurs divers, de ses vice –présidents, Philippe Eponon et Roger Boa Johnson. Que réserve le Président Condé à cette délégation aujourd’hui ? Une chose est certaine : aucun membre de la mission ne veut manquer l’ultime rendez-vous de Sékhoutoureya !


De notre envoyé spécial à Conakry, Valentin Mbougueng

Source: fratmat

  • Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire