Créer un site internet

GBX : la Guinée face aux défis d’un prix de référence pour sa bauxite (CRU)

2808 131011 gbx la guinee face aux defis d un prix de reference pour sa bauxite cru mContrairement à l’or ou au cuivre, il n’existe pas à l’heure actuelle de prix de référence pour la bauxite. Premier exportateur mondial de cette matière première, la Guinée a décidé de lancer dans les prochains mois son propre indice, et espère réussir là où d’autres ont déjà échoué.  

En juillet 2025, le ministre guinéen des Mines Bouna Sylla a annoncé le lancement du Guinea Bauxite Index (GBX), un prix national de référence destiné à rendre plus transparente la fixation des prix du premier produit d’exportation du pays. Mais transformer cette ambition en outil crédible exigera de surmonter plusieurs contraintes, explique à l’Agence Ecofin Anthony Everiss, analyste principal au sein du CRU, cabinet londonien de conseil en produits de base.

Selon ce spécialiste de l'aluminium, les contrats de vente de la bauxite guinéenne se font aujourd’hui principalement de manière opaque ou entre sociétés liées. Pour opérationnaliser ce mécanisme, il faudra tenir compte de plusieurs paramètres techniques. L’analyste indique notamment que l’indice devra intégrer des ajustements en fonction de la teneur en alumine et du niveau de silice réactive.

La bauxite guinéenne a déjà la particularité d’être à faible teneur en silice réactive, une caractéristique idéale pour les raffineries d’alumine à basse température en Chine. Or, Pékin dépend largement de Conakry, puisque près de 70 % de ses importations de bauxite en 2024 proviennent de la Guinée. Pour autant, « la mise en œuvre nécessitera d’ajuster les prix en fonction de la teneur en alumine, du taux de silice et des coûts logistiques […] L’objectif serait de publier des prix hebdomadaires ou mensuels, transparents et vérifiables », précise M. Everiss.

La participation du marché, condition de succès

Au-delà des conditions techniques, il faudra s’assurer de la participation des principaux acteurs du marché. « Il s'agit d'impliquer toutes les parties prenantes, telles que les producteurs en Guinée, notamment des coentreprises chinoises et d'autres projets émergents, les raffineries d'alumine en Asie et les négociants ». Cette participation collective est essentielle pour donner de la liquidité au futur indice, c’est-à-dire des transactions régulières et importantes.

Contrairement à l’alumine, qui dispose d’un indice de référence largement suivi, la bauxite n’a en effet jamais réussi à s’imposer comme produit coté avec un prix reconnu. Les précédentes tentatives d’indice, comme celle du CRU, se sont appuyées sur des données douanières partielles, faute d’informations fiables provenant directement du marché, limitant leur adoption.

En Guinée, Anthony Everiss estime toutefois que les compagnies minières pourraient y voir un intérêt. Un indice national contribuerait à fixer un prix de marché plus représentatif, en tenant compte des spécificités de la bauxite guinéenne, tout en valorisant les producteurs disposant d’un minerai de meilleure qualité.

Le gouvernement prévoit le lancement du GBX « dans les prochains mois », mais il reste à voir si cette initiative pourra convaincre les producteurs et les raffineries de l’adopter. Pour Conakry, l’enjeu est de taille : au-delà de la transparence, un indice crédible pourrait accroître les recettes publiques et donner à l’État un levier inédit sur un marché qu’il domine déjà.

Emiliano Tossou

Source: Agenec Ecofin

  • Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire