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Guinée : bras de fer autour du congrès de l’UFDG

Capture png1 38 À quelques jours de son congrès extraordinaire prévu le 6 juillet 2025, l’Union des Forces démocratiques de Guinée (UFDG) est au centre d’un bras de fer avec le ministère de l’Administration du territoire (MATD). La cause : la réintégration d’Ousmane Gaoual Diallo au sein du parti. Malgré l’injonction ministérielle, Cellou Dalein Diallo maintient la tenue du congrès, dénonçant une décision « partiale » et « infondée ».

Le président de l’Union des Forces démocratiques de Guinée (UFDG), Cellou Dalein Diallo, en exil depuis 2022, rejette catégoriquement les injonctions du ministre de l’Administration du territoire. Dans sa réponse officielle envoyée d’Abidjan (Côte d’Ivoire), le 30 juin 2025 et parvenue à Ouestaf News, il accuse le ministère d’agir avec partialité, en se basant exclusivement sur les accusations du Mouvement des Réformateurs de l’UFDG (MR-UFDG).

Pour rappel, dans un courrier en date du 27 juin 2025, le ministre, général Ibrahima Kalil Condé, a sommé l’UFDG de surseoir immédiatement à toute activité liée à la tenue de son congrès, tant que deux conditions ne sont pas remplies : la réintégration de l’ancien ministre et actuel porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo, ainsi qu’un dialogue inclusif avec toutes les sensibilités internes du parti, y compris le Mouvement des Réformateurs de l’UFDG, une frange dissidente de ce parti de l’opposition.

Dans cette demande, le MATD justifie ses injonctions par trois motifs : le non-respect des statuts de l’UFDG dans l’organisation du congrès, la non-exécution d’une décision de justice ordonnant la réintégration d’Ousmane Gaoual Diallo et le risque de troubles à l’ordre public. En plus de la suspension du congrès et de l’ouverture d’un dialogue avec toutes les sensibilités internes, dont la frange dissidente du MR-UFDG, le ministère avait donné au parti un délai de 48 heures pour s’y conformer.

Selon Cellou Dalein Diallo, ces demandes du ministre sont exclusivement fondées sur la version du Mouvement dit des « Réformateurs ». Il estime que ces injonctions ont été faites « sans solliciter ni prendre en compte la version des faits » de l’UFDG, écrit-il dans son courrier. Le président du parti juge que le MR-UFDG est un courant « illégal » et « sans existence juridique ».

L’UFDG dénonce ainsi ce qu’elle qualifie d’immixtion illégale dans la vie interne d’un parti, contraire à la Charte des partis politiques et aux libertés fondamentales garanties par la Constitution guinéenne, notamment celles d’association et de réunion. La décision du ministre « apparaît manifestement disproportionnée », insiste Cellou Dalein Diallo.

Au cœur de cette confrontation figure également un jugement rendu le 23 mai 2025 par le Tribunal de Première Instance de Dixinn. Ce dernier autorise formellement l’UFDG à tenir son congrès et ordonne parallèlement la réintégration d’Ousmane Gaoual Diallo. Si le dernier point de la décision a fait l’objet d’un appel partiel, la décision relative à l’organisation du congrès, n’a, quant à elle, pas été contestée, souligne le parti.

Ousmane Gaoual Diallo est un ancien cadre influent du parti et aujourd’hui porte-parole du gouvernement de transition. Il a été exclu en 2022 par l’UFDG pour avoir rejoint la junte militaire.

Le MR-UFDG, piloté par Ousmane Gaoual Diallo, est perçu par la direction du parti comme une entité « illégitime ». Cellou Dalein rappelle que ses membres ont pris publiquement leurs distances avec la ligne politique de l’UFDG. Cela les disqualifie en tant qu’interlocuteurs internes, insiste-t-il.

Le président du parti accuse également le pouvoir de chercher à favoriser Ousmane Gaoual Diallo en utilisant la voie administrative, après avoir échoué à faire suspendre le congrès par la voie judiciaire.

En mars 2025, l’UFDG dénonçait déjà une manœuvre de déstabilisation orchestrée par le président de la Transition, le général Mamadi Doumbouya, accusé de chercher à affaiblir le parti en débauchant ses cadres.

Initialement prévu pour avril 2025, le congrès extraordinaire avait été suspendu par décision judiciaire le 28 février de la même année. Une nouvelle convocation a été envoyée le 28 mai 2025, après la levée de la suspension. L’UFDG insiste sur le respect des statuts internes dans l’organisation de cet événement.

Cette confrontation intervient dans un contexte de transition délicat en Guinée. Le pouvoir, dirigé par le Comité national du Rassemblement pour le Développement (CNRD) depuis le coup d’État de 2021, est de plus en plus critiqué pour ses restrictions des libertés politiques et ses rapports tendus avec les formations d’opposition.

Source: Ouestafnews

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