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Intellos du « Grand Mandé » où êtes-vous ?

 

Original comme titre, n’est-ce pas ? Serait-ce un défi ? Non ! Une provocation ? Non plus ! Une interpellation peut-être ? Oui, mais pas au sens policier du terme. Mon but est tout simplement de susciter chez certains compatriotes, d’une manière que certains d’entre eux estimeraient peu policée,  l’écho tant souhaité mais qui tarde à venir.

Un intellectuel, ce n’est pas simplement celui qui se cantonne à l’écriture car ses écrits seraient vains, mais c’est celui qui prend position sur tout problème de société ou sur toute question nationale. Avec tout ce qui vient de se passer dans notre pays, qui se hasarderait honnêtement à parler en ce moment de nation ? Des crimes terribles ont été commis, avec la complicité active de l’Etat, à l’égard des membres de la communauté peulhe: assassinats, pillages, tortures, vols et viols !

Prendre position ne signifie pas changer de camp en modifiant sa préférence électorale ! Qu’on ait choisi Cellou ou voté Condé, ça n’a pas d’importance au regard de la destruction du tissu social guinéen. Ce tissu est si abîmé que je me demande comment et par qui il pourrait être raccommodé. Dans nos têtes, la Guinée n’est simplement qu’un territoire, pas une nation.

Tout le monde a vu les violences anti-peulhes à Siguiri et à Kouroussa. Comme il s’agit de localités situées en Haute Guinée, je ne vais tout de même pas jouer à l’hypocrisie en interpellant des intellectuels Tomas ou Nalous mais les intellectuels en général (car il s’agit de crimes à connotation ethnique !) et les intellectuels de cette région en particulier, coupables à mes yeux de s’être installés dans le silence. Ne dit-on pas que qui ne dit rien, consent ?

Bien entendu, certains se sont manifestés mais leur importance numérique et leur condamnation timorée est plus que désespérante.

Le doyen Ansoumane Doré a toujours eu et continue à avoir une position claire et nette. L’historien Mohamed Kaba de Denver (USA) a noyé son indignation dans un article controversé sur lequel je vais revenir. Lamine Camara se fait rare sur le Net où Drahmane Touré n’écrit plus.

Une hirondelle ne faisant pas le printemps, comment l’infatigable Ansoumane Doré ferait-il, à lui tout seul, le Mandé ? Notre doyen, qui a toujours pris de la hauteur tout en restant fier de ses origines, semble un peu seul. Où est Moussa Kanté ? Pr. Lansiné Kaba, où êtes-vous ? Où est le journaliste  Lancinè Camara ? Damaro Camara, où êtes-vous ? Et toi Sidikiba Keïta, mon ami « siguirika », pourquoi t’es-tu tu ?

Je n’ai pas de haine contre vous mais je ne peux pas être content de vous ! Pour moi, un Guinéen ne devrait jamais être un ennemi, tout au plus un adversaire. Votre silence m’inquiète, m’indigne même ? En ne disant rien, auriez-vous consenti à quelque chose d’inavouable? Comment pouvez-vous accepter que des personnes, soi-disant sages et parlant en votre nom, encouragent des adolescents barbares à s’attaquer à d’autres « Adama den » ? Elles sont peut-être « anciennes » (du point de vue de l’état-civil) mais elles ne sont pas « sages » !

Je ne vous pose pas la question de savoir où étiez-vous hier mais où êtes-vous aujourd’hui! Car il s’agit du présent. Votre réponse me permettra de savoir où serez-vous demain. Pour guérir la Guinée, aidez-nous ; quand je dis « nous » je parle de tous les Guinéens, y compris vous !

Je reviens comme promis sur l’article (« Guinée : du repli identitaire à l’irrédentisme territorial ! ») publié par « neoleadership », le 5 décembre 2010, sous la signature de notre compatriote Mohamed Kaba qui a eu, par les temps qui courent, le courage d’afficher sa photo accompagnée de ses coordonnées téléphoniques et électroniques.

M. Kaba ayant souligné prudemment le caractère difficile du sujet qu’il a eu à traiter, je le rassure sur l’aspect sédatif de ma réponse, apportée en complément de la réaction pertinente de M. T.O. Diallo. Ce dernier a demandé de citer « un seul parti malinké qui a rejoint l’alliance Cellou pour la campagne et l’élection présidentielle.» Défi impossible à relever !

Je mets de côté ce que M. Kaba appelle le « sionisme peul », l’histoire du peuplement du Fouta (dont les habitants, fruit d’un brassage séculaire, ont en partage la langue peulhe et l’Islam)  n’ayant aucune analogie avec le conflit israélo-palestinien.

Quand M. Kaba écrit : « Nous ne cautionnons aucunement les violences anti-peules à Siguiri et à Kouroussa. Nous estimons que le gouvernement a le devoir de protéger les citoyens et leurs biens.» qui pourrait ne pas l’applaudir ?

En revanche, la violence militaire en Guinée a tout à fait pris une connotation viscéralement anti-peulhe. Bien sûr, personne n’a oublié dans l’  « affaire Diarra » l’exécution de plusieurs officiers de son ethnie. Bien sûr, aucun n’a parlé d’une sécession de la Haute Guinée. La raison en est simple : les civils n’avaient pas été assassinés, pillés, torturés, volés et violées, heureusement ! Seuls des officiers avaient été éliminés, à tort je le précise ! Les Peulhs avaient-ils cherché à se retirer au Fouta après l’élimination des Barry Diawadou, Barry III, Baldé Ousmane, Telly Diallo, etc. ? Les dégâts matériels sont réparables mais il n’y rien de plus traumatisant que l’humiliation et le viol subis par la communauté peulhe.

Un mot sur « cheytanne 75 contre Kankan ». C’était une mesure anti-économique et non une répression ethnique. Des commerçants avaient été appauvris mais aucun n’avait été tué, heureusement. D’ailleurs, des boutiques fermées à Kankan avaient été vite ouvertes à Faranah qui fut, sans éclat,  une circonscription familiale dans un Etat à gestion clanique.

M. Kaba, on ne peut tout de même pas comparer la situation de celui qui migre pour mieux vivre à celle de celui qui se replie pour survivre ! Sékou Touré avait ordonné de fermer des boutiques, obligeant ainsi leurs propriétaires à changer d’activité ou à partir tranquillement ailleurs. A Siguiri et à Kouroussa, ce sont des loubards dopés à la « foulacine » qui ont saccagé les biens des Peulhs, tué des Peulhs et violé des Peulhes ! Ce n’est pas en occultant ces crimes commis avec la bénédiction d’un l’Etat « condéo-sékoubaïen » que nous allons ramener la confiance dans notre pays.

Enfin, à propos du mouvement en gestation « TOUCHE PAS MON PAYS ». J’ai envie de savoir, non pas le pays dont il est question,  mais le pays de qui ! Ce « qui » est très important.

S’agissant d’un mouvement, le « ne » qui aurait pu figurer dans l’appellation n’est pas toujours nécessaire. On en comprend le sens. Cependant, je peux relever une ambiguïté par rapport au mot « touche ». M. Kaba parle certainement au sens figuré car je ne vois pas comment il peut toucher physiquement la Guinée à partir du Colorado ! Dans ce cas « toucher » a le sens de « concerner », c’est-à-dire avoir un rapport avec la Guinée.

Je pense, et M. Kaba pourrait être d’accord avec moi, qu’une préposition manque à son mouvement qui gagnerait à s’intituler « TOUCHE PAS A MON PAYS ». En effet, « toucher à » peut signifier « s’en prendre à » dans l’idée d’attaquer pour démembrer éventuellement la Guinée.

Que c’est touchant, tout ça ! N’est-ce pas ?

 

Je vous salue.

Ibrahima Kylé Diallo, responsable du site www.kylediallo.info

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