La Guinée se meurt à petit feux……

Nonethno 1

«Nous établirons la liste de tous ceux qui appellent à la haine ethnique. S’il y a des problèmes, ils répondront devant la Cour pénale internationale»...Pourquoi pas devant la justice guinéenne, ai-je envie de demander au ministre, surtout que le Président de la république est l’un des principaux défenseurs du principe de retrait de cette fameuse CPI, en mettant en cause sa légitimité, pour une prétendue raison souveraineté des pays africains.

En tous les cas, cette mise en garde du ministre de l’Unité nationale et de la Citoyenneté sonne à mes oreilles, comme un aveu d’échec, qui prouve à suffisance, le manque de confiance des guinéens en leur propre système judiciaire.

Il y’a vraiment un problème de fond dans ce pays, à l’image d’un parcours du combattant, où l’on continue à toujours butter sur les mêmes obstacles, à force de ne regarder que où l’on tombe, au lieu de voir où l’on trébuche.

En effet, de la révolution "Sékhoutouréyenne", au redressement national version "Coudéïsme", en passant par l’intermède de la transition chaotique "Dadisienne" et "Konatéenne", nous voilà encore embarqué dans l’élan du changement prôné par le Prof-Prési, depuis son accession au pouvoir en 2010, avec malheureusement comme triste réalité, des soubresauts politiques à répétition et leur corollaire de violence et de victimes macabres. Un demi-siècle de tergiversations dans la conduite du destin commun, parce que non seulement, les fondements institutionnels et structurels de la nation n’ont peu ou pas été suffisamment consolidés à la basse, mais aussi et surtout, le fait que les non-dits et les faux-fuyants par rapport aux pages noires de notre histoire commune contribuent insidieusement à cristalliser les rancœurs, dans un climat politique délétère, susceptible de causer des remous sociaux aux conséquences imprévisibles.

L’idéal républicain étant censé être bâti sur un socle de valeurs communes à tous les citoyens, le moins que l’on puisse dire, est qu’il y’a nécessité impérieuse de reconstruire l’édifice national, ébranlé par l’inconscience et l’irresponsabilité légendaire de la classe dirigeante, une oligarchie politico-militaire affairiste, dont l’étalage ostentatoire de richesse insolente contraste nettement avec le quotidien du peuple martyr, désabusé à souhait.

Ce qu’il faudrait aujourd’hui pour repartir sur de nouvelles bases, c’est un nouveau contrat social, avec comme préalables, la finalisation de l’épineuse question du processus de réconciliation nationale (pour laver les souillures de la terre de nos ancêtres, immaculée du sang d’innombrables et innocentes victimes sacrifiées sur l’autel de la République) et l’adoption d’un nouveau texte constitutionnel, qui serait l’émanation fidèle et légitime de la volonté populaire (référentiel suprême connu et reconnu par tous), afin de capitaliser les maigres acquis démocratiques nécessaires à la marche paisible et victorieuse de la nation sur la voie du progrès économique et social. Quand et comment amorcer ce virage déterminant, la grande question elle est là, étant entendu que d'ici 2020, l’agenda politique risque fort d’être dominé par les tractations liées aux prochaines échéances électorales, qui s’annoncent pleines d’incertitudes et d’inquiétudes, parce que tout simplement, élections en Guinée riment toujours avec violence aveugle et répression sauvage.

En attendant, j’estime pour ma part que la responsabilité première incombe à l’Etat, garant des libertés individuelles et collectives, qui se doit impérativement de rétablir son autorité, non pas en s’accommodant d’une vague caution des masses populaires pour rester sourd et muet aux revendications sociales et politiques de l’opposition plurielle (une frange non négligeable de la population, au regard des résultats des différentes consultations électorales), mais en donnant force à la loi, par le respect strict et scrupuleux des règles et procédures administratives, car pour le reste, je demeure intiment convaincu que le vaillant peuple de Guinée se mettra naturellement et sûrement au pas, pour suivre la cadence imposée par la classe dirigeante, de par son exemplarité à assumer pleinement et convenablement ses responsabilités.

BAYO Abidine

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