Le français DTP Mining en passe d'obtenir l'exploitation de la mine de Boké
- Par Administrateur ANG
- Le 18/09/2025 à 12:58
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Peut être un prélude des tentatives de retour de la France dans le Sahel, DTP Mining filiale du groupe français Bouygues pourrait obtenir le privilège de la bauxite de Boké en Guinée, face à son concurrent chinois Chinalco.
En Guinée, une bataille de l’ombre en vue de l’exploitation du gisement de Bauxite de Boké met aux prises en ce moment la France et la Chine. Les principaux protagonistes en sont: le géant français Bouygues (via sa filiale DTP Mining) et le leader chinois du domaine Chinalco.
décret présidentiel. Elle exploitait le site de bauxite à Boké, dans le nord-ouest du pays. Les autorités lui reprochent de n’avoir pas respecté son principal engagement de construire une raffinerie permettant de transformer la bauxite en aluminium.
Dans la foulée, les autorités ont créé une nouvelle société anonyme dénommée Nimba Mining Company SA (NMC). Elle reprend la concession minière de bauxite précédemment détenue par la GAC et a un an pour implémenter son plan d’action qui doit déboucher sur la construction d’une deuxième usine de raffinage de Bauxite.
La question est de savoir comment cette entreprise d’Etat s’y prendra pour réaliser ses ambitions dans un secteur qui demande d'énormes investissements ? Pour le journaliste d’investigation français Thomas Dietrich, spécialisé dans les questions de la françafrique, la nouvelle entité pourrait se transformer en une joint venture de fait avec une entreprise française de renom dans l’exploitation minière.
Les efforts de la France pour revenir en Guinée
“Avec l’appui des autorités françaises, Bouygues a proposé un deal juteux à Doumbouya et aurait coiffé sur le poteau les Chinois de Chanalco. Pour ne pas donner l’impression qu’il brade son pays aux entreprises françaises, Doumbouya a créé une société-écran guinéenne (Nimba Mining), qui sera juste une coquille vide destinée à faire croire que l’Etat guinéen est aux manettes.”, écrit Thomas Dietrich sur ses réseaux sociaux (X, facebook, Tik Tok et Instagram).
La France est bel et bien de retour en Guinée, comme aux plus “glorieuses” heures de la colonisation, conclut le journaliste d’investigation, alors que la Guinée est le seul Etat sahélien qui entretient encore de bonnes relations avec la France. Paris entretient des rapports difficiles avec Bamako, Niamey, Ouagadougou et même Ndjamena, après le départ forcé des forces militaires françaises stationnées de longue date dans ces quatre pays sahéliens.
Auteur d’un coup d'Etat en 2021 contre Alpha Condé, le général Mamadou Doumbouya est un ancien légionnaire de l'armée française. Contrairement au Niger, au Mali et au Burkina Faso dirigés par des militaires, la Guinée a été épargnée des critiques de la France. De plus, avant de quitter l’Organisation internationale de la francophonie pour avoir “mis fin brusquement” au processus démocratique en cours dans ces pays, le Niger, le Mali et le Burkina avaient déjà été suspendus de cet organisme. La Guinée, elle, n’a pas subi le même sort malgré “la suspension du processus democratique” depuis quatre ans.
D'où les critiques récurrentes que Paris pratique la politique du deux poids deux mesures, relativement à la situation de la démocratie dans les pays du Sahel en particulier et en Afrique de l’Ouest en général.
Les contradictions de la France
Lorsqu’en juillet 2023 Abdourahamane Tiani a pris le pouvoir lors d’un coup d’État au Niger, la France s’est fait remarquer par sa fermeté. Refusant de reconnaître les nouvelles autorités, elle avait suspendu” avec effet immédiat, toutes ses actions d’aide au développement et d’appui budgétaire au Niger”.
“La France demande le retour sans délai à l’ordre constitutionnel nigérien, autour du président Mohamed Bazoum, élu par les Nigériens”, avait exigé Emmanuel Macron.
Dans sa logique de fermeté, Paris avait même apporté son soutien à la CEDEAO qui avait validé l’option militaire pour rétablir l’ordre constitutionnel à Niamey.
La France a fait montre de la même fermeté vis-à-vis du Mali et du Burkina Faso, dirigés aussi par des militaires, affaiblissant ainsi son alliance avec les pays du Sahel, ce qui a eu pour effet d’accroître l’influence russe.
Pourtant, la Guinée, elle aussi dirigée depuis 2021 par des militaires, a relativement été épargnée des pressions de la France, pour violation des principes démocratiques. Mathilde Penot, la presidente du groupe Insoumis a l'Assemblée nationale française, avait souligné dans une interview à l'agence Anadolu que la France “ dénonce des coups d’Etat” dans certains pays, notamment au Sahel, et “adoube les auteurs” d’autres coups d'États dans la même région.
Silence de Paris
Le général Mamadi Doumbouya, qui dirige la Guinée depuis le coup d'Etat de 2021, s'était engagé à rendre le pouvoir aux civils à l'issue d'une transition qui doit s'achever avec une élection présidentielle prévue en décembre.
Mais le projet de Constitution soumis au référendum ce dimanche n'interdit pas au président de se présenter à la magistrature suprême. L’opposant et ex-Premier ministre Cellou Dalein Diallo parle de “mascarade” alors que Paris, d’habitude si prompt à critiquer les “travers démocratiques” dans la région, reste silencieux. Est-ce de la realpolitik?
La Guinée est dotée d’importantes ressources minières dont la bauxite, le fer, l’or et le diamant qui représentent 21% du PIB et 90% des recettes d’exportation en 2023, selon la Banque mondiale. L’exploitation de la mine de bauxite de Boké par DTP mining, la filiale du groupe Bouygues, pourrait marquer le retour de la France en Guinée et par ricochet dans le Sahel, ce qui enrichirait alors un écosystème d'investisseurs français, déjà riche des présences significatives comme TotalEnergies, Orange,Orano, Veolia, Engie, Suez et Auchan entre autres.
Source: TRT Français
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