Lella, la jeune entreprise locale qui rivalise avec les leaders de la volaille importée

Logo 1 1 1La filière avicole guinéenne est dominée par l’importation de poulets surgelés. Une tendance que Madina Dansoko Diallo veut inverser, à travers son entreprise Lella qu’elle décrit comme le tout premier abattoir de volaille moderne et bio du pays.

Dans la préfecture de Coyah, 50 km à l’est de Conakry, l’entreprise Lella a ouvert un abattoir moderne de volaille qui produit et transforme des poulets de chair. Chaque jour, c’est plus de 3 000 poulets qui sont conditionnés. De l’élevage à l’abattage, en passant par l’emballage et la distribution, tout le processus s’opère au niveau local. Parmi les produits commercialisés, du poulet frais, fumé, des steaks, des merguez et autres saucisses. Outre la volaille, Lella propose également de la viande de bœuf.

Issue d’une famille d’entrepreneurs, Madina Dansoko Diallo, la fondatrice, a décidé à son tour d’emprunter cette voie et d’écrire sa propre histoire. Il lui a fallu 30 000 euros pour mettre sur pied son entreprise agro-industrielle. Elle s’est donné pour défi de freiner les importations des poulets de chair au profit de la production locale, même si elle n’a pas spécialement fait des études dans le domaine.

« Contrairement à ce que beaucoup de personnes pensent, je n’ai pas fait de grandes études. Après mon brevet d’étude du premier cycle (BEPC), je me suis mariée. Puis j’ai fait 3 ans de formation en comptabilité dans une école professionnelle », apprend-on.

Selon les chiffres officiels, la production locale de poulets n’atteint pas 5% de la demande. En 2020, la Guinée a importé 50 000 tonnes de poulet, selon l’Association nationale des producteurs de viande de volaille (APVG). Au total, le marché du poulet importé représenterait entre 45 millions et 60 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Pour renforcer la filière locale, le gouvernement souhaite impulser l'élevage local de la volaille. Un abattoir moderne a été installé dans la zone de Kindia en 2019. Autre projet, l’Africaine de distribution alimentaire (Afdal), un acteur dominant du marché de l’importation, s’était également lancé dans la production locale avec une ferme à Bawa, près de Conakry.

C’est dans cette optique que Lella évolue, se décrivant comme le premier abattoir de volaille bio, moderne et halal du pays. La jeune pousse fondée il y a tout juste deux ans doit toutefois faire face aux infrastructures électriques défaillantes, ainsi qu’à la forte concurrence étrangère jugée déloyale par la promotrice. En effet, malgré la distance, la logistique et les douanes, le poulet importé est revendu à un prix presque dérisoire en Guinée. Le carton de 10 pièces coûte environ 250 000 francs guinéens, soit le prix de cinq poulets de Lella.

Pour se démarquer, Madina Dansoko Diallo met en avant la qualité de ses produits. Dans sa ferme, les poulets sont nourris aux grains de maïs, cultivés sans OGM (organismes modifiés introduits dans les cultures). Par ailleurs, elle précise que contrairement aux poulets importés surgelés qui peuvent prendre jusqu’à un an entre la production et la consommation, Lella fait moins de trois mois.

Un argument qui semble faire ses preuves, puisque les produits Lella sont vendus dans les boutiques des stations d’essence, les restaurants, les supérettes, les fast-foods et les pâtisseries à travers le pays. A l’avenir, Madina Dansoko Diallo a pour ambition de faire de Lella le leader sur le marché de la charcuterie et de l’agroalimentaire en Guinée.

Aïsha Moyouzame

Source: Agence Ecofin

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