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Les Etats-Unis accusent Rio Tinto de fraude

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Les Etats-Unis viennent de placer Rio Tinto sur le banc des accusés pour fraude. Au coeur de l'histoire, des actifs de charbon au Mozambique que le deuxième plus grand groupe minier au monde a acquis en 2011 pour 3,7 milliards de dollars (3,1 milliards d'euros) et a revendu trois ans plus tard pour 50 millions.

Dans une plainte déposée auprès d'un tribunal de New York, la Securities and Exchange Commission (SEC), le « gendarme de la Bourse » américain, estime que Rio Tinto et deux de ses anciens dirigeants, l'ex-CEO Tom Albanese et l'ex-directeur financier Guy Elliott, ne se sont pas conformés aux normes comptables lors de la valorisation des gisements de cette filiale africaine, et qu'ils ont trompé les investisseurs.

Un lanceur d'alerte a averti le Conseil d'administration

Ils auraient prétendument essayé de cacher ce qui fût une transaction financière et une aventure minière désastreuse pour le groupe en surévaluant les houillères. Rio Tinto comptait transporter le minerai de charbon par barges sur le fleuve Zambèze. Mais il n'a jamais obtenu l'autorisation. A cela se sont ajoutées des difficultés minières et sécuritaires qui ont fait de l'exploitation un vrai casse-tête. Las, en 2013, Rio Tinto passait des provisions de 3,4 milliards de dollars pour ces mines qui s'étaient en outre révélées moins riches en minerai que prévu.

« Les accusés ont ouvertement faussé et gonflé la valeur de RTCM [Rio Tinto Coal Mozambique, ndlr] jusqu'en décembre 2012, lorsqu'un employé de Rio Tinto extérieur aux fonctions de contrôle financier a découvert que la nature véritable et l'impact des développements défavorables de RTCM étaient dissimulés au conseil d'administration et que RTCM était survalorisée dans les comptes de Rio Tinto », lit-on  dans la plainte . Le président du Conseil averti par ce lanceur d'alerte, un examen interne et un processus de dépréciation ont alors été entrepris, révèle la SEC.

 

Le régulateur souligne qu'entre-temps, Rio Tinto a pu lever 5,5 milliards de dollars (4,2 milliards d'euros) auprès d'investisseurs. La SEC pense en outre que la dégringolade de la valeur des mines mozambicaines a été masquée notamment parce que Rio Tinto avait accusé des pertes importantes liées à l'achat d'Alcan quelques années plus tôt. Ces deux opérations exorbitantes ont finalement  coûté sa place à Tom Albanese , contraint de partir début

2013.

Rio Tinto juge les accusations « sans fondement »

Rio Tinto a immédiatement réagi à ces accusations de fraude, qu'il juge « non fondées ». « Lorsque tous les faits auront été considérés par le tribunal ou, si nécessaire par un jury, la plainte de la SEC sera rejetée », dit la direction du groupe dans un communiqué. « Rien de vrai dans toutes ces accusations », assure de son côté Tom Albanese dans un communiqué.

En parallèle, mardi, la Financial Conduct Authority (FCA), l'organe de régulation britannique pour les services financiers, a fait savoir qu'elle avait condamné Rio Tinto à une amende de 27,4 millions de livres - un record - pour régler un litige d'ordre comptable sur ces mêmes actifs africains.

La réputation de Rio Tinto est mise à rude épreuve cette année. En juillet, quelques mois après l'Australie, le Royaume-Uni a lancé à son tour  une enquête sur le producteur . Le Serious Fraud Office (SFO), l'organe britannique chargé de la lutte contre la fraude, s'intéresse aux affaires de la société en Guinée, soupçonnant d'éventuels problèmes de corruption.

Muryel Jacque

Source: Les Echos

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