Les Guinéens appelés à plus de civisme environnemental pour éviter les inondations

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Le directeur national de la météorologie de Guinée, Dr Mamadou Lamine Bah, appelle ses compatriotes à faire preuve de « plus de civisme et de conscience collective » pour éviter les inondations du genre de celles qui ont fait près de 500 morts, dans la nuit du 13 au 14 août 2017, en Sierra Leone voisine.

Au lendemain de ces inondations meurtrières, le président guinéen, Alpha Condé, président en exercice de l’Union africaine (UA), s’est rendu à Freetown pour porter le message de « soutien » de son pays à la Sierra Leone. Par cette occasion, il a aussi annoncé une contribution à hauteur de 50. 000 tonnes de riz et de 100.000 dollars.

Cependant dès après l’annonce de cette contribution, plusieurs voix se sont élevées en Guinée, parmi certaines autorités et autres activistes de l’environnement, pour prévenir.

La première alerte est venue du gouverneur de Conakry, le général Mathurin Bangoura, qui est confronté aux problèmes d’insalubrité de la capitale, considérée par des spécialistes comme l’une des zones les plus pluvieuses du monde.

« Des pluies diluviennes dévastatrices se sont abattues sur Freetown au moment où les gens dormaient, la même situation peut arriver à Conakry », avertit le général Bangoura, qui ne cache pas son pessimisme quant à la capacité de la capitale guinéenne de sortir indemne d’une telle situation.

« Les ordures jonchent les caniveaux. Par endroits, ils sont béants. Dans d’autres endroits, ils sont obturés et quand les eaux n’ont pas de passage, la situation devient difficile à gérer », a déclaré le gouverneur qui s’inquiète de l’incivisme de certains de ses concitoyens qui ne se gênent pas pour jeter des ordures à des heures indues et de façon anarchique.

Preuve que la Guinée n’est pas à l’abri des risques d’inondations, en juillet 2015 Conakry et ses environs ont connu une pluviométrie des plus exceptionnelles, provoquant la mort d’au moins six personnes dans la banlieue. L’insalubrité et l’incivisme des citoyens sont l’une des causes de ces inondations.

C’est pourquoi Dr Lamine Bah est monté au créneau, au lendemain des inondations survenues en Sierra Leone, pour inviter à faire preuve de civisme pour prévenir toute éventuelle catastrophe en Guinée.

« Simple citoyen, autorité ou décideur, tout le monde doit savoir que Conakry est l’une des zones les plus pluvieuses du monde. En juillet 2017, nous avons recueilli 1486 mm à l’aéroport de Conakry et 300 mm de moins au Port de Conakry. Or nos caniveaux sont toujours bouchés. C’est pourquoi il n’est pas évident d’éviter les inondations, en l’état actuel des choses, quelle que soit la quantité d’eau tombée. En tout cas le risque zéro n’existe pas », a prévenu en substance le cadre guinéen.

Malheureusement, ce problème d’insalubrité a pris des proportions si inquiétantes que des activistes de l’environnement comme la blogueuse Fatoumata Chérif, ont lancé en décembre 2016 une campagne dénommée ‘’SelfieDéchets’’ sur les réseaux sociaux, pour dénoncer les multiples décharges à ciel ouvert qui envahissent les plages de Conakry.

Nommé à la tête du gouvernorat de Conakry en mars 2016, le général Mathurin Bangoura, ex- ministre de l’Urbanisme, s’était engagé sur les traces du ministre de la Ville et de l’Aménagement du territoire, Louceny Camara, qui avait lancé fin 2015 une campagne de déguerpissement et de lutte contre l’occupation anarchique des plages.

Doté d’un budget annuel estimé à 25 milliards de francs guinéens, soit près de 2,5 millions d’euros, le gouverneur de Conakry a créé, fin 2016, une Police verte forte de 200 agents pour surveiller les espaces verts afin de les maintenir propres.

Mais en septembre 2016, le Chef de l’Etat a retiré le volet assainissement de la ville de Conakry des services du nouveau gouverneur pour le confier à l’armée. Depuis, les initiatives du général Mathurin Bangoura se sont ralenties ou éteintes.

Par conséquent, la capitale guinéenne est devenue plus sale que d’habitude. D’où les sorties répétées de l’opposition ou des activistes de l’environnement qui dénoncent l’état d’insalubrité dans lequel végète la capitale avec des risques d’épidémie.

Décidé à curer les caniveaux pour éviter les inondations meurtrières du genre de celles survenues en Sierra Leone, le gouverneur Bangoura, veut prendre les devants.

« Nous sommes en état d’alerte. Donc à partir de cette semaine, nous avons demandé une réunion avec tous les chefs de quartier de Conakry pour prendre certaines dispositions en vue de parer à toute éventualité. Nous allons nous retrouver pour dégager une stratégie pour voir comment curer rapidement les caniveaux », a-t-il promis.

« Il faudrait donc une prise de conscience collective et plus de civisme pour éviter le pire. Chacun doit nécessairement penser aux conséquences de ses actes sur la nature, sur l’environnement, avant de les poser », a dit le Dr Mamadou Lamine Bah.

Confronté à un manque criard de personnel compétent et d’équipements de dernière génération, Dr Bah dénonce certaines pratiques comme les constructions en bordure de mer et la prolifération des forages qui, selon lui, constituent des véritables menaces environnementales.

Autres défis, le gouvernorat de Conakry est sous-équipé en équipements de collecte et de transfert des déchets. Une seule grande décharge accueille les ordures de la capitale guinéenne qui abrite trois millions de personnes.

Source: APA

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