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Les ressources minières pourront-elles servir au continent africain ?

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Le présent article nous invite à une réflexion approfondie et à des actions idoines en matière de gestion du secteur minier en Afrique face aux enjeux économiques, sociaux et environnementaux dans une perspective de développement durable. Il présente l’état sommaire des lieux du secteur minier en Afrique et formule certaines recommandations pour une meilleure gestion.

Introduction

Le continent africain possède d’importantes ressources minières, qui représentent environ 30% des réserves mondiales prouvées. L’Afrique compte pour certains métaux à savoir : platine (89%), Chrome (81%), Manganèse (61%), bauxite (30%) et l’or (40%). Au même moment, sa part dans la production mondiale est estimée par exemple à 50% pour diamant, 15% pour la bauxite, 25% pour l’or, 20% pour l’uranium, etc. La contribution de l’exploitation minière en Afrique atteint parfois 50 % du PIB pour certains pays. Aussi, le secteur contribue à diversifier les activités économiques et industrielles ; et constitue une source de recettes et de devises pour les États. Par ailleurs, il participe également à la création d’emplois. Compte tenu de la diversité des acteurs impliqués et l’importance des biens et services résultants, les retombées de l’exploitation minière en Afrique sont importantes pour l’économie mondiale. Malheureusement, ce continent constitue le plus pauvre, pourquoi ?

La mine et ses probables impacts

Le développement du secteur minier n’est pas sans conséquence sur l’environnement biophysique et humain. En effet, les modes actuels d’exploitation des ressources minières causent d’importants impacts négatifs sur les populations et les écosystèmes. Ces impacts sont entre autres :
 dégradation des sols et la perte de la biodiversité ;
 pollutions des eaux de surface et des nappes phréatiques ;
 destruction des habitats naturels ;
 pollution atmosphérique ;
 des conflits sociaux ;
 la délocalisation des communautés ;
 bouleversement socioculturels et économiques au niveau local ; et
 autres effets indésirables sur la santé, la sécurité et le bien-être des populations et des travailleurs.

Au regard de ce foisonnement d’impacts, une question fondamentale émerge, celle de savoir si les mines participent réellement au développement des pays africains.

Des efforts louables

Depuis l’avènement du concept de développement durable en 1987 et sa consécration à Johannesburg en 2002, d’importants efforts sont entrepris pour la prise en compte de l’environnement dans le développement du secteur minier. Ces efforts se sont traduits entre autres, par l’adoption, en Afrique, de politiques et stratégies concernant ledit secteur, la mise en place de textes réglementaires pour la prise en compte de l’environnement et des besoins des communautés riveraines.

Cependant, les volontés affichées dans ces politiques et textes réglementaires ne sont toujours pas mises en oeuvre sur le terrain. Des expériences de réussites et d’échecs de prise en compte des préoccupations environnementales dans le processus d’exploitation minière existent et méritent d’être capitalisé en vue de contribuer au développement d’un secteur minier durable. C’est dans cette perspective que s’est inscrite la conférence internationale à Conakry (Guinée) du 09 au 13 juin 2008 sur l’exploitation minière et le développement durable.

Quelques pistes de réflexion et de sortie de crises

Pour prétendre résoudre les différentes crises dans le secteur minier, des pistes sont élaborées. Ces pistes permettent aussi bien à l’Etat qu’aux entreprises ainsi qu’aux populations riveraines de trouver des interfaces de gestion de l’exploitation des mines.

A l’Etat, il s’agira de coordonner les efforts entrepris pour mieux appuyer la mise en œuvre des initiatives déjà identifiées en termes de révision des réglementations nationale et régionale (Niveaux: artisanal, petite mine, grande mine) et d’encourager la mise en place d’espaces de concertation permanente entre les acteurs concernés sur :
– la clarification de normes et des pratiques nationales ou régionales concernant les procédures de consultation publiques ;
– la création de lieux d’échange sur les meilleures pratiques dans le domaine minier ;
– la réduction des risques de confrontation directe entre les entreprises et les communautés riveraines ; et
– exiger la création de la fonction environnement dans toutes les entreprises.

De manière générale, il faut :
• inciter les entreprises et les États à un investissement plus important et à l’utilisation des taxes et redevances pour assurer leurs missions (ex.: santé, éducation, infrastructures de transport, etc.) ;
• généraliser les ententes sur les répercussions et les avantages (ERA), les ententes de gestion des impacts (EGI) incluant des dispositions sur la participation et l’implication effective des populations directement concernées dans la gestion de ces fonds en vue d’optimiser les retombées économiques, sociales et environnementales au niveau local ;
• introduire dans la réglementation minière nationale une clause prévoyant que l’information produite lors des études d’impacts environnementaux et sociaux soit considérée comme propriété des communautés concernées ;
• améliorer la pratique des études d’impacts environnementaux et sociaux, incluant les impacts sur la santé et les risques pour les populations ;
• assurer des mécanismes de consultation et de participation aux processus ;
• adopter une approche environnementale et sociale pour toutes les phases du développement minier (Cycle de vie), depuis les politiques, jusqu’aux projets d’exploration et d’exploitation, au suivi et à la post-fermeture ;
• mettre un accent sur le renforcement des capacités des différents intervenants dans le secteur minier, notamment des communautés riveraines et des institutions publiques ; et
• mettre en place des programmes et des laboratoires de recherche multidisciplinaire pour le développement intégré des activités minières et des communautés locales.

Par ailleurs et pour ce qui concerne spécifiquement les communautés affectées, l’État doit pouvoir instituer l’application du Code communautaire, imposer les pourcentages de redistribution pour les communautés locales à intégrer dans les conventions minières, comme exigences de la Banque Mondiale (BM) et du Système Financier International (SFI), insérer les projets sociaux dans les conventions, définir une synergie entre les entreprises minières évoluant dans la même zone, financer des plans de développement économique et social dans les zones riveraines, établir un partenariat public – privé à valoriser, faire participer les communautés à une discipline sociale lorsque les entreprises s’acquittent de leurs devoirs, mettre l’accent sur l’aspect juridique : vulgarisation des législations régionales dans les pays et aller vers le droit communautaire, prendre en compte les textes de l’UEMOA dans le secteur, choisir des acteurs à impliquer dans le les Comités de pilotages au niveau national.

Il faut en outre :
• réaliser des infrastructures sociales où apprendre les communautés à survivre après les mines et prendre en compte les impacts résiduels et leurs compensations ;
• insister sur la restauration de l’environnement : valoriser l’expérience brésilienne de gestion des polluants ;
• valoriser les droits de propriétés des autochtones (population locale) ;
• donner un mandat de suivi de la population aux ONG et restaurer les carrières ;
• former les populations en Éducation environnementale ;
• mettre en place des dispositions à prendre dans le cas d’un projet qui ferme par anticipation ;
• etc.

Conclusion

Le secteur minier procure des dividendes aux Etats africains. Malheureusement, l’exploitation des ressources minières se fait en dépens des populations et de l’environnement. Ce qui rend le développement difficile. Pour cela, tous les acteurs doivent se concerter pour définir des éléments de cadrage de ce secteur pour permettre que l’exploitation soit bénéfique aux communautés et à l’environnement. La présence d'experts et de scientifiques est souvent requise. Le renforcement de capacités des différents acteurs dans ce secteur constituerait aussi un espace de gestion du secteur.

Tous ceux qui veulent contribuer à enrichir cet article peuvent le faire à travers le site web de l’auteur au : www.cooperationtogo.net/senades

Elle est une contribution modeste aux efforts nationaux de développement, mais ambitionne d'apporter une aide précieuse aux différents acteurs du développement local, publics, civils et privés.

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