Présidentielle en Guinée : suspension de la campagne électorale et interdiction des manifestations

La campagne électorale est suspendue en Guinée, au moins jusqu'à la rencontre ce lundi 13 septembre, entre le gouvernement et les deux candidats en lice pour le second tour de la présidentielle du 19 septembre. Les manifestations de rues liées à la campagne sont désormais interdites. C'est une des mesures prises par le gouvernement de transition du Premier ministre Jean-Marie Doré pour empêcher de nouveaux accrochages après les violences qui ont fait ce week-end un mort et une cinquantaine de blessés.

Les deux candidats au second tour de l'élection présidentielle, Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo avaient promis une campagne apaisée. Ils avaient d'ailleurs signé un code de bonne conduite, il y a moins de 10 jours. Mais depuis samedi, certains de leurs militants s'affrontent, à coup de pierres, dans la banlieue de Conakry. Dimanche soir, le calme est revenu, après l'intervention des forces de l'ordre.

Et pour que ce calme perdure, le gouvernement de transition, par la voix d'Aboubakar Sylla, son porte-parole, a donc annoncé plusieurs mesures, à l'issue d'une réunion extraordinaire :

« Le Conseil a réitéré la ferme volonté du gouvernement de préserver coûte que coûte la paix civile et de sauvegarder à tout prix la cohésion sociale. Au vu de la gravité des évènements qui ont enregistré un mort et plus de cinquante blessés ainsi que des dégâts matériels importants, le Conseil a décidé :

Premièrement, la campagne électorale au titre du second tour de l’élection présidentielle est provisoirement suspendue en attendant l’issue de la rencontre prévue lundi 13 septembre entre le gouvernement et les deux candidats qui ont déjà marqué leur accord pour cette concertation.

Deuxièmement, tous les individus pris en flagrant délit de violence sur les personnes et de destruction des biens publics et privés seront traduits effectivement en justice et subiront sans discrimination la rigueur de la loi.

Troisièment, tous ceux qui pour une raison quelconque, violeraient l’interdiction de manifester durant cette période de suspension de la campagne électorale feront également l’objet de traduction devant les tribunaux compétents de la République ».

Aboubakar Sylla, le porte-parole du gouvernement de transition en Guinée, a également lancé un appel au calme, en direction des hommes politiques et de leurs partisans.

La Céni, la Commission électorale nationale indépendante, reste au coeur de cette crise depuis plusieurs jours. La présidente intérimaire de la Céni, Hadja Aminata Mame Camara, a été confirmée samedi 11 septembre dans ses fonctions. Jeudi, le président Ben Sékou Sylla, avait été condamné à un an de prison ferme pour « fraude électorale » au premier tour de la présidentielle du 27 juin. Le RPG, le Rassemblement du peuple de Guinée, du candidat Alpha Condé conteste la décision d'avoir désigné Hadja Aminata Mame Camara comme présidente intérimaire de la commission et réclame toujours la nomination d'un président issu de la société civile ou des syndicats.  « C'est une question d'équité » dit François Fall, porte-parole de l'Alliance Arc- en-ciel qui soutient Alpha Condé.

Dans le camp du candidat Cellou Dalein Diallo, on ne souhaite pas de changement. La Céni est indépendante, contester cela c'est vouloir faire échouer le processus, dit en substance le vice-président de l'UFDG, Union des forces démocratiques de Guinée, Amadou Bah Oury.

Mais malgré ces condamnations, la Céni a décidé de poursuivre ses activités et de maintenir en place sa présidente par intérim.

Le second tour du scrutin prévu le 19 septembre ne parait pas menacé.

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