Rose Pola PRICEMOU, Ministre de l’Économie numérique : « L’Afrique numérique est en marche et la Guinée ouvre désormais la voie »

W1 ministre guine e a9011Ouverture le mercredi 12 novembre à Conakry de la VIIe édition du Transform Africa Summit (TAS) en présence des présidents guinéen Mamadi Doumbouya et rwandais Paul Kagamé. Une édition consacrée à l’IA et qui, pour la première fois, se tient dans un pays d’Afrique de l’Ouest francophone. Car la Guinée a l’ambition de montrer l’exemple en ce domaine. Reportage.

« La Guinée lançait hier le premier projet minier d’Afrique. Aujourd’hui, elle accueille le plus grand sommet du Continent sur le numérique. Deux événements, deux symboles, mais un seul message : notre pays entre dans une nouvelle ère car notre richesse ne se limite plus à ce que renferme notre sous-sol ».

C’est sous les applaudissements nourris de plusieurs milliers de participants (invités et experts venus de toute l’Afrique) réunis sous un immense chapiteau blanc dressé au pied de l’hôtel Radisson Blu de Conakry, sur le bord de mer, que Mme Rose Pola Pricemou a lancé mercredi 12 novembre midi la cérémonie d’ouverture de la VIIe édition du Transform Africa Summit (TAS), première édition organisée par Smart Africa – en partenariat avec le gouvernement guinéen – en Afrique de l’Ouest francophone.

« Le Transform Africa Summit, c’est cela. C’est un Continent qui passe du minerai au numérique, qui relie ses peuples, ses talents et ses territoires pour tracer ensemble les routes invisibles du progrès », explique d’emblée la ministre guinéenne des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique, qui porte depuis de longs mois ce projet à bout de bras. Elle souhaite à tous la « bienvenue dans cette Guinée qui croit au numérique, dans une Afrique qui se rassemble pour écrire ensemble la prochaine page de son histoire technologique ».

Et la ministre de rappeler que ce Sommet de Conakry était initialement prévu en 2020, mais fut suspendu et reporté en raison de la pandémie de Covid 19. « Cinq ans plus plus tard, ajoute-t-elle, ce rêve mûri devient réalité sous la vision éclairée de Son Excellence Mamadi Doumbouya, symbole d’une Guinée prête à accueillir, à inspirer, à se transformer ».

Cette septième édition du TAS, qui a attiré jusqu’à Conakry toute la fine de fleur de la fintech « n’est pas seulement un événement, c’est la consécration d’une détermination nationale et d’une ambition africaine qui se tient à un moment charnière, celui d’un pays qui construit les fondations matérielles et digitales de sa prospérité ».

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« L’intelligence artificielle, c’est une révolution de la civilisation »

Le thème de cette édition consacrée à l’IA – « L’intelligence artificielle pour l’Afrique : innover localement, impacter globalement »v – « exprime parfaitement cette ambition : prendre notre part dans la révolution technologique mondiale ». D’autant plus que l’IA est – selon elle – plus qu’une technologie, est « une révolution de la civilisation » puisqu’elle « redéfinit nos modes d’apprentissage, nos systèmes de santé, nos économies et même notre manière d’imaginer l’avenir ... ». C’est dire !

Et de rappeler haut et fort une évidence qui doit s’imposer à tous : « Il ne s’agit pas de la subir, mais de la conduire en l’ancrant dans nos valeurs, dans nos langues, dans nos priorité et nos réalités ». Car même si celle-ci apportera bien de nouvelles solutions à la portée de tous, l’IA pourra s’avérer parfois très difficile à maîtriser...

Mme Pricemou n’en trace pas moins le chemin pour tous les Africains, car dans ce domaine la Guinée semble bien résolue à ouvrir la voie et à montrer l’exemple : « Nous devons construire une IA africaine, conçue par nos ingénieurs, nourrie par nos données, protégée par nos lois et dédiée au bien-être de nos peuples ».

« La Guinée s’est engagée dans une transformation profonde et structurée, autour de la vision Simandou 2040 » dont le pilier 3 consacré aux infrastructures, transports et technologies fait du numérique « un instrument de souveraineté et de prospérité », rappelle-t-elle fort à propos en présence du chef de l’État qui clôturera la cérémonie d’ouverture, du Premier ministre Amadou Oury Bah (devenu également son directeur de campagne pour la présidentielle du 28 décembre prochain) et de Djiba Diakité, son directeur de cabinet qui a été à la manœuvre de ce méga-projet qui fit la veille le grand discours de lancement du projet Simandou sur la plateforme portuaire de Moribaya.

Elle en profite d’ailleurs habilement pour rappeler tout ce que la Guinée a déjà fait concrètement pour bâtir les fondations de cette transformation totale du pays : plus de 12 000 km de fibre optique déployée à travers le territoire national, un Data Center national, symbole de son indépendance technologique, un câble sous-marin en cours de raccordement avec l’appui de la Banque mondiale, plus de 500 écoles déjà connectées grâce au projet Giga en collaboration avec l’UNICEF et l’UIT (Union Internationale des Télécommunications) dont la Secrétaire Générale Mme Doreen Bogdan-Martin, interviendra d’ailleurs dans plusieurs panels de haut-niveau du Sommet. Et enfin la conception d’un Technopôle national, qui deviendra assurément demain un centre d’innovation majeur pour toute l’Afrique de l’Ouest.

C’est à Kigali en 2013 que fut lancé Smart Africa

« Notre pays, ajoute-t-elle enfin, s’est doté d’un cadre institutionnel moderne avec la création d’agences dédiées à la digitalisation, à la cybersécurité et à l’inclusion numérique ». Au rang des dernières nouveautés en ce domaine, notons encore le lancement de la plateforme Telemo, la plateforme nationale des marchés publics guinéens, puis un « partenariat exemplaire avec la « République sœur du Rwanda », dont le chef de l’État Paul Kagamé a d’ailleurs été invité par son homologue guinéen pour l’événement. Comme pour l’inauguration la veille de Simandou, où était également présent le général Brice Clotaire Oligui Nguema, président du Gabon.

« Après Kigali et Viktoria Point, Conakry ouvre désormais la voie de l’IA africaine, une IA au service de la jeunesse, des femmes, des entrepreneurs », se réjouit-elle encore. Avant de conclure avec un certain lyrisme qui fait mouche car il est visiblement très apprécié : « L’Afrique numérique est en marche et la Guinée marche avec elle. Ce Sommet nous unit autour d’une même mission : transformer notre Continent en un espace de savoir, d’innovation et de souveraineté. Vive la Révolution numérique africaine ».

S’exprimant pour une fois exceptionnellement en français, le Président rwandais Kagamé, se plaira quant à lui à rappeler que tout est né à Kigali en octobre 2013 avec la création de Smart Africa (dont il est d’ailleurs toujours le président du Conseil d’administration) et l’organisation du premier Transform Africa Summit (TAS) qui a fait bien du chemin en une douzaine d’années. « Depuis, fait-il ainsi observé, la révolution numérique s’est développée dans le monde », grâce notamment au leadership de Lancina Koné, actuel président de Smart Africa auquel il veut rendre hommage.

« L’engagement pris au début de cette aventure est en train de nous faire faire de réels progrès » puisque 42 pays africains suivent désormais l’exemple du Rwanda en ce domaine.
« L’Afrique est bénie », va-t-il même jusqu’à lâcher, en se réjouissant de voir « des entrepreneurs qui veulent ajouter de la valeur à tous ces investissements » et en invitant ouvertement à une « collaboration renforcée entre secteur privé et secteur public ».

Pour conclure cette belle cérémonie qui – il est vrai – n’a pas commencé à l’heure et a pris un sérieux retard sur le programme prévu – le Président Doumbouya trouvera la parade en étant le dernier à prendre la parole. « Dans notre paradis, cette Guinée, terre de richesses et d’innovations », le chef de l’État remercie tous les participants en les mettant devant leurs responsabilités. « Je vous invite, lance-t-il, à mettre à profit ces trois journées de travaux du Sommet pour trouver des solutions adaptées à nos besoins et à celles des générations futures face à l’innovation rapide de l’IA et des nouvelles technologies ».
Une intervention de moins de deux minutes montre en main. Chapeau !

De notre envoyé spécial à Conakry Bruno FANUCCHI pour AfricaPresse.Paris (APP)

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