Créer un site internet

SMB annonce la construction d’une voie ferrée et d’une raffinerie pour trois milliards de dollars

Img 20181126 wa0000 e1543249787274 592x296Le consortium SMB-Winning et les autorité guinéennes ont signé le 26 novembre trois conventions de trois milliards de dollars. Elles portent sur la construction d’une raffinerie, d’une voie ferrée de 135 km et sur l’acquisition de nouveaux permis d’exploitation de bauxite dans le nord-ouest du pays.

Le consortium guinéo-chinois Société minière de Boké (SMB-Winning),qui exploite la bauxite dans le nord-ouest de la Guinée, accélère la cadence. Après avoir inauguré la semaine dernière une route pavée dite « de l’entente » qui relie la ville de Boké au port de Katougouma sur 16,5 km et un centre opérationnel dans la sous-préfecture de Kamsar pour contrôler le trafic maritime, le consortium a signé, lundi 26 novembre, trois conventions avec le gouvernement guinéen, qui concrétisent notamment son projet de ligne de chemin de fer pour désenclaver le corridor de Bossa, annoncé en décembre 2017.

D’un montant total de trois milliards de dollars – l’un des plus importants dans le secteur en Guinée -, elles portent sur la construction d’une ligne de chemin de fer de 135 km reliant les préfectures de Boffa à Boké ; la production et l’exploitation de bauxite dans de nouvelles zones minières situées dans la préfecture voisine de Télimélé et enfin la construction et l’exploitation d’une raffinerie d’alumine dans la zone économique spéciale de Boké.

Des conventions qui « répondent à la volonté du président de la République qui tient à la transformation locale des matières premières et veut faire du secteur minier un levier de développement et un facteur d’intégration économique », a indiqué Abdoulaye Magassouba, le ministre guinéen des Mines et de la Géologie.

Objectif 30 millions de tonnes de bauxite supplémentaires

La SMB, qui a démarré ses activités en 2015, a vu sa production de bauxite passer de 12 millions en 2016 à 31 millions de tonnes en 2017 . Et le consortium projette de doubler ces chiffres grâce à ses nouveaux gisements de Santou et de Houda, dans la préfecture de Télimélé, d’où devraient être extraites dix millions de tonnes de minerai en 2022, année d’entrée en production des sites, vingt millions l’année suivante et trente millions en 2024, selon un communiqué de la SMB parvenu à Jeune Afrique juste avant la signature des conventions.

L’acheminement du minerai de bauxite des nouvelles zones de production de Santou et de Houda au port fluvial de Dapilon, dans la sous-préfecture de Kolaboui (Boké), « nécessitera la construction de six ponts et de deux longs tunnels pour un investissement total de 1,2 milliard de dollars. Les études techniques seront achevées fin 2018 pour un démarrage de la construction en 2019 et un début des opérations en 2022 », précise le communiqué.

La future raffinerie quant à elle devra atteindre une capacité de production d’un million de tonne d’alumine par an. D’un coût total d’investissement oscillant entre 700 et 900 millions de dollars, la raffinerie sera alimentée par une centrale électrique et devrait générer des milliers d’emplois, selon la SMB. « Cette usine permettra de créer de la valeur ajoutée et propulsera la Guinée dans l’ère industrielle », a déclaré Fadi Wazni, président du conseil d’administration de SMB, lors de la cérémonie de signature. Aucun calendrier n’a cependant été donné – « il faut attendre les études d’impact environnemental pour cela », a précisé Fadi Wazni.

Une route pavée pour aplanir les tensions

Quelques jours avant cette série d’annonces, le 22 novembre, la SMB avait inauguré, en présence du président Alpha Condé, la « route de l’entente », longue de 16,5 km reliant Boké au port de Katougouma. Une réponse aux « nombreuses interpellations sur la poussière soulevée par le passage de camions » transportant la bauxite et d’autres usagers multiples, explique à Jeune Afrique le directeur général de la SMB, Frédéric Bouzigues.

L’infrastructure permet de réduire le temps de parcours de moitié, passant d’une heure à trente minutes, limite le risque de pannes ou d’accidents et désenclave les localités riveraines. « L’impact positif est évident. Avant, l’accès était très difficile », se réjouit Kaba Gassim, qui représente la commission de réflexion et de suivi de la mise en œuvre des 36 points de revendication créée à la suite des émeutes populaires d’avril 2017 pour la sous-préfecture de Kolaboui.

Outre le problème environnemental lié au soulèvement de poussière après le passage des camions, les communautés dénonçaient également le sous-emploi des natifs de la région de Boké, ainsi que le manque d’accès à l’électricité et à l’eau potable. Des points qui connaissent un début de satisfaction, avec la réalisation de puits et le lancement d’un projet d’installation de lampadaires solaires pour l’éclairage public, admet Kaba Gassim. Celui-ci relève toutefois que « la route de l’entente » ne dessert pas Kolaboui et le port de Dapilon, plus grand que celui de Katougouma. La localité est donc « encore impactée négativement par les activités de la société », estime-t-il.

Un centre opérationnel pour gérer la logistique

Kaba Gassim salue par ailleurs la construction à Kamsar d’un centre opérationnel, également inauguré le 22 novembre par le président Alpha Condé et les dirigeants de la SMB. Il s’agit « d’un outil qui nous permet de gérer et de contrôler les flux de notre logistique, qui comprend nos deux terminaux implantés sur le Rio Nunez (fleuve côtier de la région de la Basse Guinée, ndlr) et des bateaux en mer », explique Frédéric Bouzigues. En clair, « c’est une sorte de tour de contrôle qui contribuera à prévenir des collisions entre les navires minéraliers et les pirogues de pêche, mais également de relayer la communication rapidement en cas de naufrage », renchérit Kaba Gassim.

Pour lui, la collaboration entre les autorités guinéennes et SMB doit aussi permettre d’assurer des débouchés à la production agricole locale. Il souhaite que les employés des sociétés minières s’approvisionnent auprès des paysans guinéens installés le long du corridor de chemin de fer et s’inquiète déjà de la possible concurrence d’expatriés chinois.

Par Diawo Barry

Source: jeune afrique

  • Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire