Un petit billet doux : Il n’y aura plus d’élections en Guinée avant que les poules aient des dents

Seydou nour bokoum

Ni communales, ni présidentielle. Et ce n’est pas à cause d’Ebola. Cela se sent dans les taxis, dans les bouges à Café, dans les salons cossus, dans les entrées/coucher, on l’avale avec l’air pollué par le désespoir, la misère, les petites haines rentrées, les colères sans cause entre le père et la fillette-mère qui ne sait pas que « ça sortira par où c’était entré », comme lui a dit patie-mamie quand s’est inquiétée l’ex nubile caressant avec angoisse cette rondeur contractée elle ne sait comment.

Il y a tellement de filles-mères en Guinée, errant sur les macadams, en quête de pitance pour leurs rejetons agrippés à leur frêle corps comme des mouches. Une sur le dos, une sur les épaules, entre les cuisses, un autre qu’on confie au voisin dans un taxi.

« Doyen, dans ce pays, une fille est moins chère qu’un poulet-pays. L’une coûte une cuisse de poulet, une poignée d’atiéké et 5000 francs glissants (1) pour lui permettre de retourner faire les cent pas « Carrefour SIDA ».

L’autre coûte 40000fg ! »

Un poulet guinéen.

Les enfants dans mon quartier, au bas-fonds qui borde la mangrove, les « élèves » ou petits chômeurs viennent fouiller dans la merde de l’abondance de quoi manger, des objets déchus, des déchets, de la ferraille, des bouteilles en plastique et d’autres pourritures que les plus malins vont revendre au marché de Madina, l’autre grand dépotoir du siècle de la mondialisation où l’on trouve tout. Où tous les déchets sont recyclés, retournent presque tels quels aux marchés d’où ils étaient partis. A peine réemballés.

Et pourtant quelle vie, quelle vitalité !

Ces petites vendeuses de tomates à mille francs ou à deux mille, deux œufs durs à 2500, un oignon à mille francs, un citron à 500 francs, un concombre à 1000 francs ou à 2000, un avocat de 2000 à 3000 francs et l’on a de quoi dîner sainement, à condition d’avoir fait la monnaie de quelques euros qui glissent, glissent comme la monnaie guinéenne ; en évitant aussi la salade verte si prometteuse, bien lavée, même au « sureau », le perlimpinpin anti parasites. Faut pas s’y fier, car la jeune femme vous la sert avec ses « pinces » aux ongles douteux.

If you cannot cook it, you cannot peel it, don’t eat it!

Elles savent au centime près, combien elles gagnent du marché de Matoto aux trottoirs où elles étalent aux mouches et aux clients leurs légumes.

Et pourtant que de parfums appétissants de grillades le soir ! Allocos, mangues à l’huile rouge, bongas frits et autres pripras, rogatons de midi, recuits pour la millième fois.

Les odeurs et les bruits (Chirac) !

C’est à Paris que cela est connoté, ici c’est la vie.

A condition de ne pas nous emmerder avec des élections qui tuent.

D’ailleurs « le Professeur » et tous les autres, ceux d’en face, 15 à 45 sacs en poche sont en ballade, VRP, commis voyageurs en Classe Affaires, alors que la Session ordinaire, mon œil !

A leur retour, dès qu’ils auront fini de mettre en lieu sûr, en banque, leurs « honoraires », leur cagnotte déterrée des cimetières électoraux, ils reviendront, accueillis avec tous les honneurs par la foule qu’ils vont encore haranguer :

Il était une fois,

Un vendeur de foi,

Qui vendait du foie,

Dans la ville de Troie,

Qui disait ma foi,

C’est la millième fois

Que je vends des pois

À des mangeurs de poisse.

Diront « ces enfoirés »

Coluche, une larme sur toi.

Comme toi, je serai candidat chez moi

A la revoyure et Wa Salam,

 

Saïdou Nour Bokoum

www.nrgui.com Nouvelle République de Guinée

Note 1) un franc guinéen vaut 0,1 franc CFA, c’est-à-dire 15 centimes d’euro !

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