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Vent de contestation et d’espoir en Afrique de l’Ouest

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Depuis quelques semaines, la météo sociopolitique de la sous-région oust-africaine est particulièrement agitée. Des manifestations à relents de contestations, on en a de partout. Tantôt, il s’agit d’activistes de la société civile qui sont mécontents de la gestion de la chose publique et conséquemment de la repartition des ressources du pays, tantôt ce sont des opposants politiques qui n’apprécient pas la conduite d’une consultation électorale ou qui s’élèvent contre les outrances ou l’agenda caché du pouvoir en place.

Ainsi, du Togo à la Guinée, en passant par la Côte d’Ivoire et le Niger, les régimes respectifs font face à des turbulences auxquelles chacun essaie d’appliquer son propre remède. Mais il n’est pas exclu que l’on soit en face d’une tendance d’ensemble et plutôt marquée d’éveil de conscience de la part de citoyens plus exigents et portant sur leurs gouvernants un nouveau regard, débarrassé du mythe du pouvoir et du sentiment de panique qui en émanait jadis.

Précédents sénégalais et burkinabè

Pendant longtemps, partant notamment des crises en Afrique centrale, des analystes et autres chroniqueurs ont regretté que le continent ne se soit pas suffisamment inspiré des exemples sénégalais et burkinabè contre respectivement les régimes d’Abdoulaye Wade et Blaise Compaoré. Mais ces mouvements contestataires ayant déboulonné des dirigeants autistes et refractaires à toute idée de départ du pouvoir, ne sont visiblement pas restés sans consequences, tout au moins dans la region ouest-africaine. L’explosion du phénomène des réseaux sociaux aidant, on assiste en effet, dans cette partie du continent à une dynamique de contestation qui augure d’un bond qualitatif dans la gouvernance tant politique qu’économique des différents pays. Déjà, on a assisté à la chute insespérée de Yahya Jammeh. Bien entendu, à court terme, les différents soulevements, qu’ils soient politiques ou sociaux, menacent la stabilité des pays, font peser des risques sécuritaires sur les personnes et leurs biens et mettent en peril l’exercice des libertés. Mais si l’on se place sur une perspective plus longue, l’on se end compte que toutes ces contestations, mêmes quand elles sont reprimées, sont les ferments de l’optimisme que bien d’analystes nourrissent pour la sous-région quant à l’encrage de la démocratie et à l’institutionnalisation des valeurs de la bonne gouvernance, de la justice et de la liberté.

Côte d’Ivoire/Guinée, le troisième mandat, en arrière-plan

Ainsi, que le veuillent ou non Faure Gnassingbé et les siens, à défaut d’être contraints de rendre le pouvoir à l’horizon 2020, ils devront consentir une large ouverture du régime et accepter un meilleur partage des ressources du pays. De même, en Guinée, avec la grève syndicale qui s’est récemment terminée et les manifestations qu’elle avait suscitées, Alpha Condé, qui a désormais une idée plus precise du dégré de malaise et de ras-le-bol de ses compatriotes, a dû promettre un remaniement ministériel. De même, le président guinéen qui continue d’entretenir un flou contreproductif autour du troisième mandat, sait à quoi s’en tenir de la part des Guinéens. D’autant que les dernières grandes manifestations qui n’avaient pas épargné la très stratégique commune de Kaloum auront été un avertissement dans l’optique de la modification constitutionnelle.

Cette même idée de troisième mandat que le président ivoirien ramène curieusement et à la surprise générale dans le débat, donne à ses opposants, jusqu’ici divisés et plutôt inefficaces l’occasion de s’unir et de rebondir. Une démarche particulièrement risqué quand on sait que dans ce pays, le feu couve encore sous la cendre. Comme l’ont demontré du reste les nombreuses mutinéries que le pays a enregistrées durant toute l’année dernière.

Quid du Niger?

Enfin, au Niger, Mahamadou Issoufou tardant à combler les attentes, doit faire face à une société civile plus hargneuse et surtout désireuse de combler le vide laissé par l’opposition que le régime a décapité. Dans un context de fréquentes attaques terroristes et de menaces contre l’exercice des libertés dont celle d’expression et une siutaiton où les population sont confrontées à la sécheresse, aux inondations et à la faim, la société civile monte en première ligne contre notamment la dernière loi des finances.

Bien entendu, dans chacun de ses cas, on a essayé de répondre par la repression via les forces de l’ordre, toujours acquises à la cause des maîtres du moment. Mais comme le démontre le dialogue inter-togolais, aucun pouvoir ne peut rester indefiniment sourd aux revendications des populations. Et c’est en cela que consiste le motif d’espoir dont tous ces movements sont porteurs.

Boubacar Sanso Barry

Source: ledjely.com

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