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A propos de l'article de Tierno Monenembo : « Halte à l'Etat barbare! »

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Comme les effets corrosifs de la plume de Soljenitsyne et d'autres sur l'immense Russie soviétique qui a tenu, durant 74 ans de déni du droit des gens et qui a fini par s'écrouler, non pas par des canons venus de l'Occident ; comme la plume d'Ahmadou Kourouma et d'autres sur la réalité des indépendances africaines ; la signification de la plume de notre grand écrivain africain et national guinéen Tierno Monénembo, finira par s'imposer à chacun comme s'imposent le jour et la nuit dans l'horloge du temps. Sera-t-il trop tard pour que cela soit ? Je réponds non dans la ligne du vieil adage populaire qui clame qu'il n'est jamais trop tard pour bien faire. Mais certains dommages commis sur un peuple peuvent demeurer irréparables.

Ce qui est écrit dans ce texte de Tierno Monénembo devrait nous appeler, nous Guinéens, à nous réveiller, à méditer ensemble, et, au besoin, à agir. Notre histoire de 54 ans est là qui devrait nous rappeler d’où nous venons. Nous venons de dictatures moyenâgeuses qui ont anéanti des milliers de Guinéens ; dispersé nos frères et sœurs aux quatre coins du monde et qui ont mis notre beau pays en lambeaux. Ce pays a souffert de l’absence de gouvernance digne de ce nom qui aurait pu être mise en œuvre par des hommes de qualité requise et il y en a toujours eu qui n'ont pas eu accès aux postes idoines. Ce ne sont que des apparences d'institutions copiées sur d'autres, qu'on a prises pour des réalités. Tout ce cirque a conduit, sur un plan mondial voire africain, notre pays en queue de peloton des courses multiformes des nations. A quoi attribuez-vous ces anomalies d'un pays dont certains ont connu le dynamisme passé, chers compatriotes Guinéens ? Ces anomalies ont leurs racines dans la mauvaise gouvernance autocratique qui n'a jamais engendré, nulle part, l’épanouissement d'une population, encore moins une production économique pour la satisfaction de tous. Quand Alpha Condé a été élu, un grand nombre de Guinéens étaient en attente qu'il s'attaque à de grandes questions devant conduire à une bonne gouvernance : réconciliation nationale, élections propres, égalité de tous les Guinéens devant la loi. Personne de raisonnable ne s'attendait, d'ailleurs, à voir toutes ces questions résolues en un délai court. Mais encore, fallait-il donner des signes forts dans le sens que le candidat à la présidence avait claironné urbi et orbi.

Or, Alpha Condé ne semble préoccupé que par la consolidation de son pouvoir depuis 2O11. Ceci s'explique, par exemple, par le report continu des élections législatives qui auraient dû se dérouler au mois de juin 2O11. Le pays n'est, depuis lors, régi que par des décrets présidentiels. Où est donc passé dans cette république, la volonté populaire qu'auraient pu manifester des députés désignés par le peuple ? La vérité est donc que seul le pouvoir exécutif, c'est-à-dire, dans le cas guinéen, le président Alpha Condé, tient le pays dans ses mains. Ce n'est ni moins ni plus qu'une situation de dictature qui se met encore en place dans notre pays. Dans un tel contexte, le Président, sans contrepouvoir, fait ce qu'il veut. Depuis son élection, il a fait pas loin d'une vingtaine de voyages à l'étranger mais pour toute visite aux Guinéens pour les remercier de l'avoir élu, il n'a fait de deux petits sauts de puce de quelques heures à Kindia et à Boké. Le pays profond guinéen attend toujours de pouvoir serrer la main du Président. S'il n'y prend garde, ce pays profond finira par croire qu'il n'est rien d'autre que le président de la République de Conakry. Ce sont quelques préfets, bien que fonctionnaires de l'Etat guinéen, qui s'investissent en satrapes locaux, au service du RPG (le parti au pouvoir) et appliquent « leurs lois » à la population en maints lieux du territoire. Pendant ce temps, le président de la République de Conakry, parcourt le monde, à « la recherche », dit-il, d'investisseurs qui ne viennent pas ou ne viennent faire que quelques jours de tourisme dans la presqu’ile de Kaloum. Mais ils sont toujours suivis d'annonces de projets d'investissements pharaoniques qui ne voient pas le jour. Pendant ce temps le pouvoir tisse une maille autour des Guinéens. Cet état du pays conduit toujours à la question incontournable : comment un intellectuel, de surcroit de formation juridique, peut-il à ce point manquer de morale publique, s'il n'avait aucune tentation à établir une dictature ? Il n'a, peut-être, pas encore jeté complètement le masque. Mais cela ne va pas tarder si, d'aventure, il obtenait la majorité de l'introuvable Assemblée nationale. Toutes les manigances politiciennes employées à cet égard depuis juin 2O11 ne constituent que des comportements folkloriques qui font corps avec la gouvernance du pays et ne règleront pas le fond des problèmes posés. Mais l'essentiel est ailleurs. Cet essentiel réside dans ces mots de Tierno Monénembo: « Halte à l'Etat barbare ! »

Moi, j' adhère totalement à cette vision de la question guinéenne d'aujourd'hui.

Ansoumane Doré Dijon, France

Ansoumane Doré

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