Affaire DSK : tout ça pour ça !

Le juge a classé l'affaire. L'ancien directeur général du FMI est innocenté des charges qui pesaient sur lui au pénal. Voici l'épilogue momentané, car il reste encore à DSK à passer l'épreuve du procès civil, d'une affaire qui aura bousculé la politique française et, au-delà, posé la question du rapport hommes-femmes dans les sphères du pouvoir et celle du traitement médiatique d'un événement spécifique en ce qu'il concernait un personnage à la destinée prometteuse.

Une fois ces faits rappelés, perdure la question : saurons-nous vraiment un jour ce qui s'est passé ? Aurons-nous la certitude que la plaignante était bien une victime ? Saurons-nous si DSK a été l'objet d'une méprise ou d'un coup monté, comme certains l'ont prétendu, ou bien s'il a été un agresseur sans scrupules ? Saurons-nous la vérité ?

Il est bien connu que la justice n'a pas pour vocation de dire la vérité, mais plus prosaïquement de dire la loi. Il n'en reste pas moins qu'eu égard à la trame dramatique de cette affaire, à la disproportion de surface sociale entre les deux acteurs, un homme blanc et riche d'un côté, une femme noire et pauvre de l'autre, à l'enjeu politique qui s'est joué en quelques heures, à la couverture médiatique, une once de vérité était nécessaire.

Voilà donc une femme abîmée - quelle que soit sa responsabilité. Voici donc un homme public esquinté à jamais - et ce, quelle que soit l'absence, ou la réalité, de sa culpabilité. Voilà une famille ravagée. Quel bilan ! Un champ de mines, une terre dévastée, sans que nous puissions nous approcher de la certitude que, dans cette affaire, il y a bien eu un ou une coupable, un ou une victime.

Dominique Strauss-Kahn s'est tu jusqu'à présent, la logique de la justice américaine le lui permettait, la stratégie de ses avocats le lui commandait. À l'heure où il va pouvoir revenir en France, s'il le souhaite, sa parole devrait pouvoir se libérer. À lui maintenant, sans se mettre en difficultés par rapport au procès qui l'attend encore, de livrer quelques clefs pour ceux qui l'ont soutenu ou ceux qui espéraient en lui, ou tout simplement pour l'honneur de la classe politique pour que la vérité commence à poindre son nez.

Il n'y a d'avenir, après une affaire de cette ampleur, que lorsque la vérité se fait jour. DSK trouvera peut-être les mots qui nous rapprocheront d'une vérité nécessaire.

L'édito de Patrick Pépin

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