Ainsi donc, Sékouba ne veut plus partir !

Avec la situation en Côte d’Ivoire qui ne finit pas de donner des sueurs froides aux pays voisins, à la sous- région et à toute la communauté internationale, on avait quelque peu fini par oublier la Guinée, vautrée depuis, dans une posture d’attente du verdict définitif des urnes depuis la proclamation officielle, par la CENI, des résultats provisoires du scrutin du second tour du 7 novembre dernier.

Si, depuis un certain temps, on assiste à une certaine accalmie, la quiétude n’est toujours pas au rendez-vous sur le front politique depuis le début de ce processus électoral :

avalanche de critiques à l’encontre de la Commission électorale, difficultés d’organisation, affrontements meurtriers entre partisans de Cellou Dalein Diallo et d’Alpha Condé, les deux candidats qualifiés à l’issue du premier tour du 27 juin, sans oublier cette soldatesque à la gagette facile qui tire sans sommation sur tout ce qui bouge pour peu qu’on veuille manifester son mécontentement républicain.

C’est, en principe, le jeudi 2 décembre prochain au plus tard que la Cour suprême va se prononcer sur les votes litigieux et publier les résultats définitifs du scrutin.

Et les deux camps s’observent en chiens de faïence dans un pays placé sous état d’urgence, où donc les manifestations sont interdites et un couvre-feu en vigueur. Véritablement, de Kankan à Conakry en passant par Nzérékoré, on vit, ou du moins on survit, en attendant fébrilement cette fatidique date qui pourrait générer le meilleur comme le pire pour ce pays.

Dans cette perspective, le week- end écoulé aura été marqué par l’annonce, le samedi 27 novembre dernier, de deux évènements majeurs : primo, le limogeage du chef d’état-major adjoint de l’armée, le général de gendarmerie Aboubacar Sidiki Camara, et son remplacement par le général de brigade Namory Traoré sans aucune explication alors que le chef d’Etat, le général Sékouba Konaté, se trouve au Maroc pour des soins médicaux ; secundo, la fermeture des frontières terrestres, maritimes et fluviales.

Est-ce là une simple mesure de précaution, comme l’a du reste soutenu le Premier ministre, Jean Marie Doré, ou doit-on craindre une volonté délibérée de réprimer à huis clos toute velléité de contestation des résultats définitifs du scrutin du 7 novembre dernier ?

Difficile d’y répondre pour le moment. Par contre, ce qui est connu de tous et suscite moult interrogations et des appréhensions légitimes, c’est la volonté manifestée par le général Sékouba Konaté de devenir le futur ministre de la Défense du prochain gouvernement.

Pour un homme qui a assumé, des mois durant, les hautes fonctions de chef d’Etat, même intérimaire, ça ferait singulier de le retrouver, peu de temps après, simple ministre de la Défense. Bizarre pour quelqu’un qui dit ne pas aimer le pouvoir et ses lambris !

Et pourtant, ce ne sont pas les propositions, plus alléchantes les unes que les autres, qui ont fait défaut à cet homme, qui a suscité tant d’attention et de prévenance à travers le monde. Tenez ! après lui avoir offert une voiture blindée, le président des USA, Barack Obama, lui a envoyé, via son ambassadrice à Conakry, un visa long séjour au pays de l’Oncle Sam « en reconnaissance de ses efforts pour instaurer la démocratie » ;

la France de Nicolas Sarkozy lui a ouvert toutes ses portes au cas où il voudrait s’y installer et ne manque aucune occasion de le prendre en exemple ;

Jean Ping, le président de l’Union africaine, lui a officiellement exprimé la volonté des chefs d’Etat du continent de l’accompagner dans ses projets d’ancien président et de l’impliquer dans la résolution des conflits en Afrique et à travers le monde ;

et puis, Abdoulaye Wade du Sénégal et le roi Mohamed VI du Maroc ne demandent qu’à accueillir cet hôte, tous frais payés dans leur cercle. Alors pourquoi Sékouba fait-il fi de toutes ses propositions ?

Assurément, il court à sa perte si, d’aventure, il enfilait de nouveau la tenue de ministre de la Défense. Il aurait tout à gagner s’il s’éloignait, pour un temps, du champ politique guinéen.

Il pourrait, du reste, y revenir en héros un jour si tel était son désir. Entre nous, ne dit-on pas qu’il faut savoir quitter les choses avant qu’elles ne vous quittent ?

Boureima Diallo

L'Observateur Paalga

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