Célébration de l'An 1 du CNDD - Discours du général Sekouba Konaté, Ministre de la Défense Nationale

Mes chers frères et compagnons d’arme,

L’histoire récente de notre pays est marquée par des dates et évènements qui nous interpellent sans cesse et resteront à jamais gravés dans notre mémoire individuelle et collective.

Aujourd’hui 23 décembre 2009, il ya un an jour pour que le Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), avec à sa tête, le Capitaine Moussa Dadis Camara a accédé au pouvoir sans effusion de sang  et dans l’engouement populaire. Un acte de portée historique ayant suscité d’immense espoir au delà de nos frontières ; car pour les guinéens et les guinéennes, un nouveau projet devenait possible. Nous y en croyons encore et toujours malgré  les derniers évènements tragiques. Le CNDD s’est résolument engagé très tôt dans nos déclarations et aussi beaucoup d’actes ont été  posés : la lutte contre la drogue, la corruption, le détournement des deniers publics, …

Nous avons pris en compte l’aspiration populaire au renouveau et au progrès démocratique. Les guinéens ont eu foi en nous et avec nous et avons fait le pari d’une Guinée émergeante et gagnante dans l’union des  esprits et des cœurs. C’est pourquoi le CNDD a bénéficié de la confiance et du soutien unanime du peuple de Guinée. Une marque de confiance et un élan de soutien pesant nous condamne aujourd’hui encore à réussir en souscrivant pleinement à notre engagement d’aider à bâtir une Guinée nouvelle et démocratique.

Mes chers frères et compagnons d’arme,

Hélas, l’anniversaire que nous célébrons aujourd’hui est placé sous le signe du recueillement et de l’austérité, après toutes les épreuves que nous avons subi et tous les malheurs  qui se sont abattus dernièrement sur notre pays.

En cet instant de souvenir à un moment où chacun s’interroge à juste titre sur notre présent et notre avenir. J’invite une nouvelle fois et humblement  tout le monde à s’incliner devant la mémoire de tous nos compatriotes trop tôt arrachés à notre affection. De même, notre compassion doit aller à tous les blessés. Notre peuple et son armée à un devoir de solidarité et de sympathie à l’endroit de toutes les victimes civiles et militaires et leurs familles et dont nous  partageons le deuil et comprenons la douleur et la colère, vécues dans la foin et la dignité comme chaque fois que nous traversons des épreuves où nous sommes confrontés à de profonds déchirements.

Le 28 septembre 2009, beaucoup de compatriotes civils et militaires ont perdu la vie ; ont souffert dans leur chair, ont été touchés dans leur honneur et dans leur tout.

Mes chers frères et compagnons d’arme,

Alors que la Guinée n’avait pas fini de pleurer et enterrer ses morts et qu’elle se faisait interpellée à travers le monde, le 3 décembre dernier, le Chef de l’Etat, Capitaine Moussa Dadis Camara été victime d’une tentative d’assassinat de part de son aide de camp. Cet acte d’un autre âge ternit l’uniforme que nous portons, à semer en notre sein la haine et la suspicion et fragilisé notre tissu social. Je joins mes prières à celles d’autres guinéens pour que ce frère en Dieu, notre compagnon redécouvre la santé et revienne au bercail.

Depuis cette date fatidique, la Guinée est à la croisée des chemins. Cette Guinée où beaucoup de sang a coulé et trop souvent dont veut faire un pays à risques où règnent l’insécurité et la terreur. A nouveau, les guinéens ont repris le chemin de l’exil. Trop c’est trop, ça suffit maintenant.

En tant que peuple profondément croyant, conscient que la vie est sacrée, nous ne pouvons que regretter et condamner le recours à la force et à la violence pour régler les problèmes qui peuvent se poser à notre société comme à toutes les autres. La violence appelle la violence, la haine appelle la haine.  C’est pourquoi, j’invite l’ensemble des guinéens à la réserve et à la retenue pour favoriser, faciliter l’indispensable réconciliation de tous les fils du pays, de toutes les communautés. Chacun doit puiser en lui la source du pardon et s’imposer la sagesse  qu’l faut pour mettre fin au cycle de la violence, des oppositions, des divisions, de l’intolérance, des querelles de leadership bref, toutes les confrontations inutiles.

Je voudrais m’adresser en particulier aux fores de défense et de sécurité qui, dans leur grande majorité sont restés fidèles à leur vocation naturelle et à leur serment de tous les instants : protéger les populations et leurs biens, servir loyalement et fidèlement les institutions de la République.

Mes chers frères et compagnons d’arme,

L’armée en tant qu’institution continue à jouir de la considération, du respect, de la confiance de nos concitoyens. Cependant, le comportement de quelques uns parmi nous  nuit à la bonne marche de l’institution, sape son prestige et sa crédibilité, entièrement acquis des différents fronts en Guinée et en Afrique. L’arbre semble ainsi cacher la forêt au point que pour beaucoup de compatriotes mais aussi de nos partenaires, l’armée est aujourd’hui est un problème.

Pendant qu’il est encore temps et comme nous avons tous la volonté, il nous faut décider, mobiliser pour sortir de nos rangs, tous ceux qui salissent notre uniforme, trahissent leur serment et voudraient opposer l’armée dans sa majorité respectable à l’opinion nationale et internationale. La force et l’autorité de l’armée, c’est l’ordre et la discipline. Certes l’héritage est lourd, mais ce n’est pas une raison de ne pas réagir aux manquements  et un prétexte de laisser aller. L’armée ne doit pas être abandonnée à elle-même, sans repère d’ordre moral et professionnel, sans perspectives. Un sursaut est encore possible avec la prise de conscience d’abord du soldat, de son devoir et aussi avec le soutien et l’accompagnement de la communauté internationale et toutes  les bonnes volontés.

Mes chers frères et compagnons d’arme,

Notre armée est profondément républicaine et aspire autant que les autres composantes de la nation à une société démocratique et libre. En choisissant le métier des armes, nous avons choisi notre voie et notre place est dans les casernes. Notre mission est de garantir l’intégralité territoriale, la sûreté aux frontières et de veiller aussi sur les personnes et de leurs biens pour qu’il en soit ainsi et pour renforcer les capacités humaines et opérationnelles de nos forces de défense et de sécurité, en ma qualité de ministre de la Défense de souhaiter en me fondant sur notre expérience comme un programme de restructuration des forces de défense et de sécurité. L’accent doit être mis sur la formation, l’équipement et la réinsertion sociale en cas de départ volontaire. Un programme à l’image d’autres pays développés  ou encore dans certains pays confrontés aux mêmes réalités. C’est dans cet esprit que des investissements  importants ont été consentis pour la construction ou la rénovation des garnisons militaires. Pour nous, il s’agit de créer les conditions pour retenir les militaires au camp pour y vivre et travailler.

Aujourd’hui encore, et à la faveur de la transition en cours afin que l’armée soit un partenaire loyal et sûr dans l’édification d’une démocratie véritable.  Je réitère solennellement  mon appel aux partenaires nationaux : partis politiques, syndicats, société civile et étrangers pour l’élaboration  et la mise en œuvre d’un programme de restructuration des forces de défense et de sécurité. Il est vrai qu’il s’agit d’un processus qui demande du temps et appelle des ressources financières  considérables. Mais, des avances peuvent être posées dès maintenant ; le travail sera poursuivi après la transition. Ainsi, un obstacle de poids sera levé sur  la transition  et le chemin de la démocratie.

Chers frères et compagnons d’arme,

Aujourd’hui, notre préoccupation à tous demeure de conduire le plutôt que possible  et dans la confiance entre les différents acteurs de la paix sociale aux élections, les premières, libres et démocratiques de notre histoire. Telle est l’aspiration exprimée par les guinéens. Telle sera notre mission. Rien, ni personne pour nous, avec les douloureuses expériences accumulées et derrière nous ne pourra nous distraire ou nous éloigner de cet idéal dont seuls cependant, nous ne pouvons rien. C’est pourquoi, j’en appelle à l’esprit civique et à l’engagement de chacun et de tous, c’est ensemble  que nous allons réussir ou échouer.

Pour notre part, nous nous acquitterons de notre devoir patriotique. J’invite les autres à leur tour : partis politiques, syndicats, société civile, la communauté internationale à se joindre à nous pour déterminer ce que nous voulons pour la Guinée et les guinéens et le réaliser ensemble.

C’est le lieu et l’occasion de réaffirmer avec force, notre volonté, tous mes compagnons et moi d’aider les guinéens à choisir librement leurs dirigeants  à travers les élections libres et démocratiques. Ses élus se sentiront légitimes autant que les institutions dont ils seront l’émanation et l’incarnation. La Guinée a besoin  de dirigeants légitimes et d’institutions fortes pour faire face aux défis et enjeux majeurs de l’avenir. Telle est la finalité du processus dont nous avons initié ensemble le 23décembre 2008 sous la direction du Capitaine Moussa Dadis Camara qu’il me plait de rappeler en ce jour anniversaire pour le souvenir ainsi que pour l’avenir.

Bon anniversaire à tous, à notre vaillante armée nationale, au peuple de Guinée

Vive la République,
Vive la démocratie

Que Dieu bénisse la Guinée et les guinéens".

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