Cellou Dalein Diallo : « Il y a un deal entre Alpha Condé et Bah Oury »

Cellou dalein diallo

Dans un entretien accordé à Jeune Afrique, le leader de l'opposition guinéenne, Cellou Dalein Diallo, s'exprimant sur les dernières évolutions de la situation politique dans le pays, se dit être convaincu que la grâce présidentielle accordée  par Alpha Condé à  Mr Bah Oury, l'ancien 1er Vice-Président de l'UFDG, est une manœuvre politicienne visant à affaiblir son parti. Rappelons que Mr BAH Oury, depuis son retour d'exile, est devenu un farouche adversaire, contestataire du leadership du Président de l'UFDG, par la remise en cause de toutes les décisions des instances dirigeantes du parti du parti, ce qui lui a d'ailluers l'exclusion de cette formation politique, dont il est pourtant l'un des fondateurs. Interview....

Jeune Afrique : Comment interprétez-vous la grâce et le retour de Bah Oury en Guinée ?

Cellou Dalein Diallo : La grâce en tant que telle, nous l’avions demandée lors de notre dernier congrès, en juillet 2015. Nous avions alors voté une résolution demandant au président de la République de gracier les prisonniers politiques et de permettre le retour des exilés. Cette grâce présidentielle est donc une bonne chose, cela peut contribuer à la décrispation.

Et concernant son retour à Conakry ?

Ce que nous déplorons, c’est que depuis sa rencontre avec Alpha Condé, l’ancien vice-président de l’UFDG s’est engagé dans une entreprise de contestation systématique des actes du congrès et de toutes les décisions des instances dirigeantes du parti. Regardez son comportement. Il me reprochait d’être moins énergique et moins ferme dans la lutte contre Alpha Condé, et aujourd’hui il devient son allié. Ce revirement spectaculaire nous fait penser qu’il y a un deal entre eux. Avant leur rencontre, Bah Oury était dans l’opposition radicale. Aujourd’hui il est devenu un allié qui a entrepris de déstabiliser notre parti en réclamant son leadership.

Demeurez-vous le patron de l’UFDG ? 

Oui, bien entendu.

Et celui de l’opposition ? 

Aussi. Je suis le chef de file de l’opposition, de par la loi adoptée à l’Assemblée nationale à l’initiative de M. Alpha Condé – il faut le dire. Nous disposons de 37 sièges sur 114 à l’Assemblée et je dispose du soutien de la totalité des 70 fédérations de l’UFDG. Chacune a marqué son soutien à la décision que nous avons prise d’exclure M. Bah Oury, dès lors que les militants et les responsables du parti ont senti que sa volonté était de nous déstabiliser et de s’allier à Alpha Condé.

Le dialogue est-il totalement rompu avec Bah Oury ? 

Bah Oury est exclu du parti. Il n’y a plus de place pour le dialogue.

Où en est l’enquête judiciaire sur les événements du 5 février devant le siège de l’UFDG, lors desquels un journaliste a été tué par balle pendant une altercation entre vos militants et ceux de Bah Oury ? 

Cette enquête est dirigée contre l’UFDG. Les dossiers ont été transférés à la justice. Il y a dix-neuf membres de la sécurité du parti accusés de non-assistance à personne en danger et un accusé de crime. Selon nos informations, les enquêteurs ont essayé d’extorquer des aveux à un de mes gardes du corps pour en accuser un autre. Nous attendons et sommes en train de mobiliser nos gens pour éviter l’arbitraire.

Qu’entendez-vous par la « mobilisation de vos gens » ?

Nous sommes en train d’attirer leur attention sur le complot auquel nous faisons face. Aujourd’hui, nos responsables sont dans les sections en train d’expliquer ce qu’il s’est passé et pour demander aux militants de rester mobilisés pour défendre le droit et la justice.

Selon vous, les événements survenus le 5 février seraient donc un complot contre l’UFDG ?

Oui, cela m’en a tout l’air.

De quels éléments disposez-vous pour affirmer cela ? 

M. Bah Oury a menacé de venir semer des troubles au siège de l’UFDG, en disant que personne ne pouvait lui interdire de venir – alors qu’il était exclu du parti. Nous avons écrit à l’escadron de la gendarmerie – qui est à moins d’un kilomètre du siège – et à la mairie pour attirer leur attention sur les menaces proférées par M. Bah Oury. Nous leur avons demandé de nous envoyer des agents pour assurer la sécurité des biens et des personnes qui seraient là bas. Ils n’ont rien envoyé.

Benjamin Roger

Source: jeune afrique

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