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Civisme, transparence, égalité de chance et de traitement au 2eme tour !

 

Je suis de ceux qui pensent que nous devons élire dans la transparence. Car c’est le seul moyen de nous épargner l’horreur d’un bain de sang, qui d’une part, encombrera le boulevard de notre histoire déjà jonché de cadavres et d’autres parts, projettera le pays dans les abysses de la préhistoire. Prévenir une telle calamite nécessite la résolution de la crise politique actuelle –le problème du moment. Et pour résoudre n’importe quel problème, il faut indéniablement partir de sa cause pour éventuellement aboutir à ses conséquences.

On ne procède jamais à l’inverse sauf quand la cause n’est pas connue. Dans notre cas, nous avons un problème. C’est la rupture de confiance entre une bonne partie du peuple et les institutions de la transition notamment la CENI. La cause de cette rupture de confiance est la gestion catastrophique frauduleuse et biaisé que la CENI a faite de l’élection au premier tour. Il y’a eu 24 candidats au premier tour. Les fraudes ont été massives, favorables à certains et défavorables à d’autres. Les conséquences éventuelles de cette crise au 2eme tour, seront de deux ordres. Premièrement, le retour ou  maintien de l’armée au pouvoir à la faveur de l’inertie du processus transitionnel, ce qui n’est pas souhaitable. Deuxièmement, et plus grave, la survenue d’un affrontement intercommunautaire, qui risque de déboucher sur un embrasement suicidaire. Ces deux scenarios ressortent la nécessité de tirer les leçons de cette première échéance afin d’aller vers un deuxième tour plus transparent, seule gage de la quiétude postélectorale. Il me semble que nous nous sommes heurtés à la mauvaise gestion du premier tour pour tomber aussitôt dans la crise actuelle. Il serait ainsi très peu sage d’ignorer ou de minimiser l’endroit ou l’on a trébuché pour nous occuper uniquement de là ou nous nous sommes écroulés. Pour qu’on parle de mesures correctives il a fallut qu’il y ait eu des incorrections.  

Mais avant d’aller plus loin, qu’il me soit d’abord permis d’invoquer quelques notions relatives à la démocratie, tout en espérant que le commun des lecteurs, me tolérera la petite litanie. D’autant qu’elle n’est pas ostentatoire, mais simplement explicative.

Le civisme et la civilité vont de pair, aussi bien dans le comportement des citoyens que dans le fonctionnement harmonieux des institutions de la république. Conventionnellement, le civisme est comme ce qui commande d’exercer le respect vis-à-vis de la République et de ses lois, une indication qu’il relève du domaine public. Tandis que la civilité est ce qui régit les rapports de respect mutuel, de bon voisinage, de bien-vivre et de savoir-vivre entre les citoyens d’une même république. C’est ainsi dire que la civilité indexe les relations humaines dans la sphère privée et possède une dimension morale. Mais quoi que visiblement d’instincts et circonscrits, ces deux concepts ne sont ni indépendants, ni monosémiques (un seul sens).  Ils renvoient tous les deux, à des champs notionnels divers et étroitement reliées, par exemple « démocratie » et des « droits de l’homme ». Toutefois, c’est le civisme qui possède un spectre conceptuel plus large, qui inclut la civilité et non le contraire.

Le comportement civique des électeurs Guinéens a été exemplaire, le 27 Juin dernier. Il a été emprunt de civilité. C’est la raison pour laquelle les observateurs du processus électoral ont consigné, précipitamment, leurs impressions dans un rapport positif. Toutefois il ne leur a pas fallu du temps pour apprécier que l’élection a été si entachée de fraude qu’elle fera demander son annulation par nombreux candidats du premier tour. Quelques exemples de fraudes : un découpage électoral biaisé ; de nombreuses arrestations d’individus détenant de fausses ou multiples cartes d’électeurs ; la non transmission de PV de certains bastions électoraux, la saisie d’urnes pleines de bulletins, laissant présumer leurs subtilisation et remplacement par des urnes apprêtées. Si tout ce manège n’a pas été à l’avantage d’un candidat on ne peut dire qu’il n’a pas été au détriment de quelques autres candidats du premier tour. Parmi les défaillances énumérées, il y’a certaines qui constituent de véritables failles volontaires de la part de la CENI, alors que d’autres relèvent moins d’une tentative  de favoriser un quelconque candidat que d’une déficience en ressources humaines capables de veiller à la régularité du scrutin. Mais dans l’un et l’autre cas, il y’a la nécessité de renforcer la CENI. C’est comme cela qu’on parera à l’éventualité d’autres défaillances dont les implications seront lourdes de conséquences.

A cette phase critique de l’élection, nous sommes face à un blocus. Une bonne partie du peuple ne fait plus confiance à la CENI, car elle s’est soustraite à son obligation de neutralité, à son devoir de concilier l’éthique à l’intégrité morale en traitant tous les candidats de la même manière. Il va pourtant falloir prendre en compte les inquiétudes de tous les deux candidats et de tous ceux dont les voix n’ont pas été considérées au premier tour. Puisque ni la CENI ni le MATAP n’inspirent confiance on peut revoir la formule pour que le tandem CENI-MATAP, exclut toutes les personnes éveillant des soupçons quand à leur disposition à observer la « neutralité ». A défaut, il faut publier le fichier électoral, et la liste des électeurs par bureau de vote et faire éventuellement un comptage manuel. De cette façon le candidat perdant n’aura aucun élément sur lequel s’appuyer pour contester les résultats. Le collège des observateurs internationaux est de cet avis aussi. Sans cette transparence et l’égalité de chance entre les deux candidats, on ne pourra pas éviter la conflagration, ce, quelque soit le gagnant. Cela est d’autant clair que le pays a déjà basculé dans une bipolarité ethno-politique favorisé par un tropisme grégaire qui s’accentue autour de l’identité.

Le projet de reforme de JMD, au cœur de la polémique, a mon humble avis, va dans le sens de la transparence. Je crois donc qu’il peut être amélioré ou amendé dans le cadre d’un dialogue. Car ce que nous oublions c’est que si les élections réussissent, la reconnaissance du mérite échoira aux membres de la CENI, du CNT, de la Primature et de la Présidence. A ce niveau, c’est singulièrement Sékouba Konate qui en tirera les honneurs. D’ailleurs un mot sur Sékouba Konate. Ce Général taciturne montre qu’il est tout l’opposé d’un tigre. Il n’aime pas croiser les regards de ses interlocuteurs comme s’il portait un fardeau qui pesait lourdement sur sa conscience. Il a aussi tendance à fuir ses responsabilités. Cela dit, si la Guinée sombre à cause d’un manque de transparence électorale, c’est surtout JMD qui en portera la lourde responsabilité devant l’histoire. C’est pourquoi seul le verdict des urnes doit triompher. Le PM n’a donc aucun choix. Soit il garantit la transparence totale et l’égalité de chance entre les deux candidats, sans aucun parti pris, ou alors il jette le froc aux orties (démissionne) pour l’honneur et la dignité.

En conclusion :          

Dans la gestion du premier tour il y’a eu une carence qui a été de l’ordre conscientiel.  Les griefs faits à la CENI par presque tous les candidats au premier tour sont légitimes, d’autant que la CENI elle-même a fait son mea culpa. Dissoudre la crise de confiance pour un deuxième tour apaisé n’est donc que salutaire. J’avise que le pacte de non agressivité physique ou verbale, signé par les deux candidats ne pourra venir à bout des velléités séditieuses des militants remontées de parts et d’autres. En mot de fin, je condamne les récentes échauffourées, exhorte le gouvernement à prendre ses responsabilités et prie pour le repos de l’âme de Ben Sékou Sylla. Bien à vous

 

A. Modibo Traore, UK

bimodib@yahoo.fr

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