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CONTRIBUTION DE LA DIASPORA AU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE DE LA GUINEE !

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L’Association Environnement et Solidarité Internationale (E.S.I.), lors de la journée de sensibilisation et de réflexion qu’elle a organisée le 24 avril 2010 sur le thème : « Journée de solidarité avec les victimes, notamment les femmes violées et violentées le 28 septembre 2009 au stade du même nom à Conakry » et sous la présidence de Mme Dieynabou Diallo Baldé  nous a demandé de faire une communication sur une « organisation économique des Guinéens de l’extérieur en vue de leur insertion dans le pays d’origine ».

Après réflexion, nous avons préconisé et présenté la mouture suivante :

« Contribution de la diaspora au développement économique de la Guinée ».

Pour ce faire nous pensons qu’il faut tout d’abord faire l’état de la situation économique du pays, faire une description de l’apport actuel des guinéens de l’extérieur ensuite, mobiliser l’épargne et les compétences de la diaspora en vue de concourir au développement économique du pays enfin.

L’économie guinéenne est aujourd’hui dans un état de déliquescence avancé du aussi bien à des problèmes structurels que conjoncturels.

La bonne gouvernance sous ses aspects politique, juridique et économique a été aux abonnés absents depuis plus d’un demi-siècle de vie de la nation.

La conséquence de cet état de fait, c’est l’absence d’autorité de l’Etat.  l’impunité, qu’il s’agisse  des crimes de sang ou des crimes économiques, a été érigée en système de gouvernance.

Tout cela a aboutit a une désorganisation totale de la machine économique, un pilotage à vue et un manque de stratégie de développement ou sa non observation, malgré les potentialités dont regorge le pays et qui auraient pu lui permettre de connaitre un début de décollage économique.

Aujourd’hui, l’apport économique de la diaspora consiste en l’assistance, par l’envoi d’argent, des parents donc de la population guinéenne. Ces sommes sont destinées, à plus de 80% à des dépenses de première nécessité comme se nourrir, se soigner, assurer les frais scolaires des jeunes en âge d’aller à l’école.

La défaillance de l’Etat, en ce qu’il n’offre pas assez de travail, donc une population en âge de travailler qui est désœuvrée et sans aucune perspective d’avenir car l’Etat demeure encore le principal employeur ; il ne construit pas assez d’écoles. C’est ainsi que nous avons des classes de quatre vingt enfants par exemple ; la moindre visite à l’hôpital vous emmène à des frais équivalents à près de la moitié du salaire moyen. Tout cela conduit au seul recours, pour la plupart des guinéens qui ont la chance d’avoir un parent vivant à l’étranger, qui est la demande d’assistance externe auprès de la diaspora.

Il faut donc inverser ce phénomène en essayant de trouver des moyens de sortir le maximum de gens de cette situation d’assistés, en mettant en place une organisation économique qui permettrait de mobiliser l’épargne et les compétences des ressortissants guinéens.

Ceci permettrait de faire d’une pierre deux coups :

D’abord permettre à la diaspora de s’investir dans le développement économique du pays. Ensuite, et comme une conséquence positive de cette implication, créer des emplois sur place.

La diaspora guinéenne, à l’instar de ses consœurs d’autres pays Africains, doit donc dans un premier temps et avec l’aide des autorités politiques, mobiliser ses compétences et son épargne en vue de les mettre au service du développement économique du pays.

Pour cela nous avons dénombré quatre voies possibles d’intervention :

 1.     Investissement Productif :

-L’épargne ainsi mobilisée pourrait servir à la reprise d’une activité économique existante ou tout au moins son renflouement.

-Ou bien contribuer à la création d’une nouvelle activité économique.

-Ou enfin participer à la micro finance à travers de petits projets paysans.

2.     Investissement dans le domaine immobilier :

-L’Etat en contribuant à mettre en place une banque de l’Habitat permettrait

Ainsi à de nombreux ressortissants de pouvoir se faire construire une maison à un coup non prohibitif et amorcer et faciliter, de cette manière, leur retour au pays.

La difficulté que constitue le fait d’avoir une maison décente avec un minimum de confort, même en location, constitue un frein à ce retour.

-Une autre possibilité résiderait dans la mise en place, par les pouvoirs publics, de sociétés immobilières chargées de la construction de maisons d’habitation qui seront mises en location vente, avec un minimum d’apport initial de l’éventuel acquéreur. C’est ainsi que la Côte d’Ivoire et le Sénégal ont permis à des milliers de leurs citoyens ou à des étrangers d’autres pays qui y résident de devenir propriétaires de leur maison d’habitation.

3.     Insertion professionnelle des compétences issues de la diaspora dans le tissu économique guinéen.

Il s’agit non seulement des cadres, mais aussi des techniciens et des ouvriers qualifiés qui manquent cruellement sur le marché de l’emploi.

L’Etat doit promouvoir des cycles courts d’études qualifiantes pour des métiers techniques du genre diplôme d’études universitaires de technologie (DUT).

4.     la Guinée doit pouvoir négocier, avec les pays d’accueil de ses ressortissants, la possibilité pour ces derniers d’un retour aidé dans le but d’une création ou la reprise d’une activité existante dans le pays d’origine.

Il y a d’ailleurs dans les cartons du gouvernement français un projet dans ce sens.

C’est une aberration que de vouloir se passer de l’apport de sa diaspora car cette dernière, dans bien des cas, constitue une soupape économique,  par les transferts effectués depuis l’extérieur à défaut d’avoir un pouvoir de lobbying local.

C’est une spécificité guinéenne que de vouloir marginaliser sa diaspora ou de tirer le moins d’avantages de celle-ci alors que dans d’autres pays comme le Mali, les transferts atteignent 11% du PIB. 19% au Sénégal et 24% aux Comores selon une étude de la Banque Africaine de Développement (BAD) réalisée fin 2007 à la demande de la France.

Comme on peut le constater, les migrants, donc la diaspora, constituent une force motrice du développement car. « Les transferts des fonds des migrants sont aujourd’hui supérieurs à l’aide publique au développement ou à l’investissement direct étranger dans le monde » selon la même étude de la BAD. Selon la même source et en ce qui concerne l’Afrique, les fonds envoyés par la diaspora représentent environ 40 milliards de dollars Américains.

Un problème de taille demeure dans le coût élevé des transferts d’argent vers le continent Africain. Des fois, ils peuvent atteindre 25% de la somme envoyée. Cette situation découle de la situation monopolistique imposée par les deux plus grosses sociétés du secteur qui sont western Union et Money Gram. Elles contrôlent près de 65% des points de paiement.

Il faut donc diversifier les sociétés de transferts de fond en diminuant les contraintes administratives et en permettant, comme en Algérie aux bureaux de postes et autres agences bancaires de faire ces mêmes prestations.

Au sommet du G8 qui s’est tenu à L’Aquila, en Italie, en juillet 2009, les chefs d’Etat et de gouvernement ont reconnu l’impact des envois de fonds sur le développement. D’où l’objectif qu’ils se sont fixé de réduire ces coûts de 50% d’ici cinq ans.

De nos jours, le nombre de postes de retrait en Afrique est équivalent à celui du seul Mexique.

Les populations rurales demeurent les plus pénalisées parce que contraintes de faire de longs trajets pour aller encaisser leur argent.

De plus, la réduction des frais de transferts impactera positivement le montant des sommes envoyées en venant en augmentation de celles-ci.

En reliant ces transferts à des services financiers spécifiques, surtout dans le monde rural, permettra à tous ceux qui n’ont pas habituellement accès à la banque de pouvoir épargner et ainsi investir dans le développement communautaire.

La crise économique mondiale qui s’est déclarée en 2009 aurait pu être plus grave pour les pays africains en général et la Guinée en particulier n’eût été l’apport de la diaspora aux pays d’origine, ce malgré son impact sur le montant des transferts.

 

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