Crimes : Défendre l' indéfendable ou Prêcher le pardon ?

 

Le massacre du 28 Septembre est, de l’entendement de toutes les âmes sensibles de la Guinée et d’ailleurs, un « Démocide », une tragédie humaine inacceptable, inconcevable et inadmissible, qui attriste sévèrement le peuple de Guinée et scandalise terriblement la communauté internationale. Rien qu’en l’évoquant, le plus serein des êtres placides en serait envahi de frustration sinon pris d’une envie incompressible de fondre en larmes.

Et pour cause, cette journée a connu un lourd bilan de pertes en vies humaines avec l'assassinat de plus de 150 personnes, et près de 1000 blessés graves, sans compter un nombre non encore défini de femmes violées. A en croire certains témoins oculaires, ces estimations officialisées seraient même très largement en deçà des chiffres du bilan réel. Autant dire alors que le viol des droits humains de ce jour, est non seulement grandissime, mais aussi et surtout gravissime à l’échelle humanitaire, avec des détails si abjects, qu’il vaudrait mieux en faire abstraction, sous peine d’aviver la douleur des nombreuses familles, déjà profondément affectées par la perte des leurs. La plaie étant encore vive et béante, il faut éviter d’y remuer le couteau. Car c’est la meilleure façon d’instaurer un climat propice à l’ouverture d’une enquête judiciaire sur le massacre qui ne cesse de nous tourmenter. A signaler de passage, que pour des raisons de transparence et de rectitude juridique, il faudrait envisager de juger les responsables des meurtres hors du territoire Guinéen. Le choix de la CPI à la Haye, peut par exemple se justifier,  pour 2 raisons au moins :

 

1)   Les exactions dont il s’agit, répondent à la définition de crime contre l’humanité, par conséquent, la CPI a compétence pour les juger étant donné que la Guinée est signataire du traité de Rome du 17 Juillet 1998, qui a institué cette cour.

 

2)   Un procès local est susceptible d’ouvrir la porte aux dérives   procédurières, ou de conduire à une expédition punitive revancharde avec le risque de mettre en péril notre cohésion nationale. 

 

Qu’à cela ne tienne, laissons cette question juridique aux spécialistes, pour nous attaquer aux arguments de ceux qui, sans aucun scrupule et avec persistance, tentent d’imputer aux forces vives, les conséquences désastreuses de la dérive milicienne du 28 Septembre. En effet, depuis maintenant un Mois, des pro-CNDD ne cessent d’attribuer aux forces du changement, la responsabilité des crimes, en réalité commis par ceux qu’ils défendent. Le comble de l’absurde est qu’ils insistent qu’en se rendant massivement au stade ce 28 Septembre, les partisans de la démocratie avaient violé un ordre qui interdisait tout regroupement à caractère subversif.

 

Tout d’abord, je me dois d’affirmer que, personnellement,  je trouve incroyable, après ce qui s’est produit, que certaines personnes persistent à soutenir et à défendre le CNDD, au prix de se perdre dans le tourbillon de leurs explications alambiquées et de se voir aux prise avec la majorité des Guinéens, qu’ils narguent et provoquent incessamment. Pourtant, l’énergie qu’ils perdent dans cet exercice périlleux, aurait pu servir à amener leurs idoles à prendre conscience de leurs actes répréhensifs et mieux, à venir à résipiscence pour éventuellement se confondre en excuses, étant donnée qu’un remord si peu sincère soit il, aurait pu éviter la situation politique de se compliquer davantage pour le CNDD. 

 

Qu’il me soit donc permis, de m’insurger spécifiquement, contre 2 tentatives d’incrimination des forces vives :

1.La première basée sur l’argumentaire qui veut que les forces vives endossent la responsabilité des crimes commis au Stade du 28 Septembre et environs à Conakry. Oh ! Que j’aurais aimé confondre ces défenseurs indélicats, utilisant contre eux, leur propre défense, dans le style de l’argumentum ad hominen. Mais puisque les événements du 28 Septembre ont créé dans les milieux Guinéens, une atmosphère triste et morose, il est plus commode de confronter nos avocats, sans aucune raillerie. Ainsi donc, ceux qui accusent les forces vives de n’avoir pas favorisé le dialogue, ne font qu’étaler leur mauvaise foi, sinon leur mépris pour le peuple de Guinée!

 

Certes, il n’y avait pas mieux qu’un dialogue conciliant pour rechercher la solution au conflit politique entre le CNDD et les forces vives guinéennes. Mais peut-on parler de dialogue, lorsque son interlocuteur est très peu disposé à discuter ? Personne ne peut ignorer que Dadis Camara s’est souvent montrée hostile sinon inaccessible au débat, se contentant de donner des réponses vagues et évasives aux questions qui lui sont posées. Il recevait, menaçait et même humiliait ou terrorisait des diplomates, des journalistes et des citoyens, dans des enceintes bardées de puissants et effrayants dispositifs militaires. De grâce, sortons du cadre des considérations partisanes et égoïstes pour reconnaître que le CNDD jouait la montre en pratiquant des manœuvres dilatoires, pensant ainsi prendre les forces vives au dépourvu. Au moins, reconnaissons pour une fois, la présence d’esprit de nos leaders qui ont compris à temps, le jeu auquel se livrait dangereusement le CNDD, pour décider de parer au pire à travers un meeting pacifique sinon anodin.

 

Et même si d’ailleurs c’est l’opposition qui refusait le dialogue, en quoi un simple meeting  (même pas une marche) est il passible de la peine de mort. La milice devrait-elle vraiment tuer pour si peu alors qu’il n’y avait aucun débordement au stade? La milice était elle réellement obligée de recourir aux armes contre un publique, bon enfant qui? Quoi qu’il en soit à présent, il faut avoir le courage d’admettre que c’est le CNDD qui a scellée son propre destin et programmé sa chute. Il ne sert à rien de s’acharner sur les forces de l’opposition qui n’ont fait qu’exercer leur droit. Passons maintenant à la deuxième tentative d’accusation qui est la négation de

 

2. la légitimité de la marche :

 

On a voulu faire croire que la date du 28 Septembre n’était pas appropriée pour le meeting des forces vives, compte tenu de la portée historique de celle ci. Pourtant cette explication n’est venue que plus tard, beaucoup plus tard d’ailleurs, lorsqu’on s’est certainement rendu compte que l’argument initial –inaccessibilité du Stade pour raison de réfection n’était pas assez substantiel pour dissuader les forces du changement.

 

Mais pour donner du poids à ce prétexte historique, on décrète soudainement cette journée fériée, alors que de par le passé,  le 28 Septembre n’avait jamais été chômé. La seule date qui, à ma connaissance, avait jusque là été fériée en commémoration à notre indépendance, c’est bien le 2 Octobre. Il est donc facile de s’apercevoir que la décision subite de déclarer cette journée fériée n’avait d’autre but que de freiner l’élan des forces vives. Car, si le CNDD s’intéressait autant à la valeur historique du 28 Septembre, Il n’aurait pas attendu seulement quelques heures avant que les forces vives ne se retrouvent au stade pour sortir son décret. En somme donc, il faut retenir que le CNDD a d’abord tenté de refuser le stade au forum sous le prétexte fallacieux de rénovation, pour ensuite sortir cette histoire fête nationale.

 

Et pour davantage accabler les leaders politiques et disculper les auteurs des crimes, on prétend que la rencontre du stade n’avait pas sa raison d’être dans la mesure où elle n’était dirigée que contre la candidature de Dadis, ce dont ce dernier n’a jamais ouvertement déclarée. Tout cela pour dire qu’on ne pouvait entreprendre de manifester sur une simple présomption. Rappelons une fois encore à ces défenseurs, que la candidature de Dadis se lisait déjà clairement dans ses actes et ses attitudes. Puisqu’il ne disait rien, il consentait forcement aux sollicitations que des gens dans son entourage, plus assoiffés de pouvoir que lui, orchestraient à prix d’or. Là dessus, il faut dire que si les anglo-saxons  ont certainement raison de déclarer «  Action speaks louder than Voice », c’est Elmer E Knowles qui est encore plus explicite en ces termes « Nos actes, nos paroles et nos attitudes ne sont rien d’autres que la manifestation extérieure de nos pensées secrètes ». Les propos de Dadis, ses agissements et ses attitudes n’indiquaient ils pas une certaine volonté de conserver le pouvoir comme l’avait fait son prédécesseur par des méthodes que nous connaissons ?

Autant dire donc que la marche était bel et bien justifiée, et si elle s’est transformée en ouragan politique embrasé, c’est le CNDD qui risque absolument de s’y consumer en plein centre tourbillonnaire.

 

En résumée ce qui s’est produit au stade le 28 Septembre est la faute du CNDD et non celle des forces vives. Persister à présenter les faits autrement ne peut relever que de la malice. Et de toutes les façons, quoi qu’on dise ou fasse, l’héritage du CNDD est désormais maculé voir même imbibé du sang d’innocentes personnes. Sur ce, je voudrais rappeler aux manipulateurs, amplificateurs ou transformateurs qui se plaisent à faire des procès d’intentions aux personnes de bonne foi, que quand je parle du CNDD, je ne vise pas spécifiquement Dadis encore moins un quelconque membre de cette camarilla, mais je vise tout le Système -CNDD qui, en dépit de sa connotation ethnique, renferme en son sein des guinéens de toutes les régions pour ne pas dire ethnies. Ce système, doit absolument quitter le pouvoir…

 

En dernier mot, disons que toutes les tentatives et manœuvres de division auxquelles se livrent certains, sont vouées à l’échec, car les Guinéens dans leur écrasante majorité savent qu’ils sont une famille. De ce fait, ils ne vont pas s’entre-déchirer pour cette espèce de directoire militaire qui s’est disqualifié de la gestion de notre transition, qu’il s’était adjugée grâce aux armes.

 

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