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DE HEROS A NERON

 

 

En Guinée, le fait est connu, mais son rappel est utile! C’est auréolé de ce qu’il est convenu d’appeler, sans ironie ni cynisme, l’exploit militaire guinéen du 23 Décembre 2008, que le Chef du CNDD, le capitaine Moussa Dadis Camara, a confisqué le pouvoir dans son pays. Avant même que ne fût consommé le fameux putsch, le jeune Capitaine fut ferme.  Le but de l’opération militaire auquel il a pris part, est d’instituer et de présider une transition souple dans un délai raisonnable, qui verra la machinerie démocratique, moteur et le promoteur du développement durable, de la paix et de l’unité nationale, déclenchée en Guinée. Les termes de références de ladite transition sont alors nobles et confondants et ne tardent pas à rallier les forces vives du pays, qui participent effectivement et de commun accord, au projet d’élaboration et de définition des dispositions devant servir de cadre juridique, pour les prochaines échéances électorale. Jusque là encore, personne ne se démarquait de l’engouement irrésistible qui prévalait dans le pays. Le commun des guinéens s’était laissé emporter par le tourbillon festif de « la révolution Dadisienne ». A vrai dire, les propos du nouvel homme fort étaient assez louables, même si on ne pouvait en dire autant de son profil, fait d’un léger  bagage intellectuel.

La seule volonté de l’Homme, a suffit pour que le soutien du peuple lui échoie unanimement. Ce, malgré qu’il n’ait ni la carrure ni l’étoffe d’un chef D’Etat. Fait curieux, mais pas pour le moins étonnant pour qui connait véritablement la Guinée. Ce pays est celui où l’on confond volonté et volition. De la naïveté pure et dure dont on fait les frais. Le chef du CNDD affiche de plus en plus son intention de s’agripper au pouvoir en se prêtant ouvertement à des manœuvres dilatoires, au mépris d’une intervention militaire, d’exécution belle et parfaite, et qui lui a valu toute l’estime populaire. A rappeler que la beauté et la perfection du putsch viennent du fait que durant tout son cours : aucun canon n’a tonné pour troubler de son son sinistre et strident, le silence douloureux des martyrs vivants de la cité guinéenne encore moins perturber la veillée mortuaire du défunt président;  aucune case n’a brulé pour tacher de sa fumée la bienveillante blancheur bleuté du ciel de Guinée ; pas même une goutte de sang n’a effusé pour profaner le sol béni et sacré de Guinée. Ce sont là des faits remarquables et l’histoire s’en souviendra quand même.

 

Toutefois, n’eut été la volte-face des préparateurs du coup, la Guinée allait sans doute sortir de l’engrenage du péril, dans lequel elle s’était coincée, sous le règne des médiocres. Malheureusement, ce pays est celui ou les paradoxes se répètent et ou les leaders héroïsés se néronisent au sommet de la gloire.

 

Dadis était cet autre héros qui avait presque réussi à inscrire son nom en lettres d’or sur les annales de l’Histoire de notre pays. Dans la mémoire et l’estime du peuple, il s’était adjugé le titre  d’un général d’armée qui a libéré son pays du joug pesant de quelques envahisseurs impénitents. Notre Dadis aurait même mérité l’honneur du titre de « messie » qui lui avait été  indûment  décerné, s’il ne s’était pas égaré. En lui, on avait perçu  le libérateur dont l’arrivée au pouvoir avait été assimilée à l’accomplissement d’une certaine prophétie africaine, inspirée de quelques bréviaires bibliques. Son nom Moussa est l’équivalent Musulman de Moise chez les chrétiens, d’ou la parallèle entre deux homonymes d’époques, de races et de confessions différentes. On attendait de notre Moussa de rééditer la mission divine accomplie par Moise. Si ce dernier a conduit son peuple à la terre promise,  Moussa  transformerait la terre guinéenne en une sorte de havre de paix et de pain.

 

Mais si une telle croyance est puérile elle peut être  aussi compréhensive de la part d’un peuple fidéiste comme celui de la Guinée, qui, alangui par de longues décennies de  terreur répressive, et meurtri dans son âme au point de perdre en lui toute vigueur combative, avait fini par remettre son sort entre les mains du Seigneur ou de la providence.  Les Guinéens étaient dans une espèce d’attente messianique, assoiffés de changement lorsqu’est intervenu le coup  des Dadis  Camara,  Sekouba Konate, Toto et autres. Dans la ferveur de l’enthousiasme, les putschistes seront pris pour des héros, des hommes par qui le changement allait arriver en Guinée.

 

Cependant, les moments d’euphorie qui obnubilent sont passés. On en est à ceux de la lucidité qui nous ont permis de reconnaitre l’imposture maquillée, de comprendre que ceux que nous prenions pour des héros n’étaient en réalité, que de redoutables descendants de Néron, en qui se manifestent les gènes du mal. L’incohérence qui règne au sein de l’entité organisationnelle qui se voulait démoralisatrice, est devenue si grande qu’elle a mis à découvert les vraies intentions des putschistes du 23 Décembre et fait perdre au putsch toute valeur  historique en exposant la nature opportuniste de celui ci.  Tout d’abord, on peut noter que le coup d’état n’était pas intervenu au moment où les guinéens le voulaient, c’est à dire lorsque les massacres humains et économiques de Conte, avaient atteint leur paroxysme (en 2006 -2007). Ensuite, il y’a ces manœuvres dilatoires, ces stratagèmes montés de toutes pièces destiner à justifier le maintien du CNDD au pouvoir au delà de la date prévue dans le chronogramme.

 

Ne soyons surtout pas dupés, Dadis n’a pas renoncé à ses velléités présidentielles. S’il parait momentanément mettre  de l’eau dans son vin, c’est tout simplement en réponse aux vives réactions suscitées par des démarches allant à contre sens de ses promesses. Il va certainement se fabriquer d’autres prétextes plus convaincants que l’histoire à 2 sous des rebelles massés à la frontière Guinéo-sénégalaise. Il est est entouré de renards rusés ayant plus d’un tour dans leur besace. Nous devons donc redoubler de vigilance, être bien aux aguets pour parer éventuellement au danger qui guette le pays. Sur ce, je m’arrête en disant bonne suite de navigation à tous les lecteurs de ce site.

 

Mais avant de clore mon intervention, je souhaite faire observer à notre cher Dadis qu’il peut encore sauver son honneur et immortaliser son exploit héroïque dans la mémoire populaire. Pour ce, il doit continuer à imprimer de nobles marques sur l’histoire du pays ; faire preuve de retenue ; essayer de contrôler ses pulsions agressives pendant qu’il est encore le chef de l’Etat. J’ajouterai aussi qu’il doit éviter d’humilier ou d’atteindre à la dignité des citoyens sans défense, car il n’y a rien de drôle ni de brave à humilier son prochain lorsqu’on est en position de force. Je répète pour finir qu’il peut s’il le veut, redorer son blason en œuvrant à la préservation de son honneur, au respect de sa parole et à la sauvegarde de sa dignité ainsi que celle de son peuple. Rien, pas même une menace de mort ne devrait le distraire encore moins le soustraire de l’observance de ces principes.

 

 

 

 

 

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