De la volonté en tant que levain de l'action politique

Depuis le discours qu’il a prononcé le 6 janvier 2010 à Conakry, après l’accord signé entre le Capitaine Moussa Dadis Camara, le Président Blaise Compaoré, le médiateur Commis par la CEDEAO et lui-même, à Ouagadougou quelques jours avant, nous avons constaté toute une série d’actes posés par le Général Sékouba Konaté.


En effet, la junte, après sa prise de pouvoir le 23 décembre 2008, à la suite du décès du Président Conté, avait fait une déclaration d’intention dans laquelle la majorité des guinéens ainsi que tous les amis de la guinée se reconnaissaient. D’où l’adhésion que l’on a remarqué à ce moment là.

Une année après, force est de constater que la transition tant réclamée et souhaitée par l’ensemble des acteurs à savoir les forces vives, la société civile, les populations ainsi que la communauté internationale et n’a jamais réellement démarrée. Les organes prévus comme le CNT (Conseil national de la transition) n’ont jamais été mis en place de manière effective.
L’enrôlement des populations ainsi que le toilettage des listes électorales en vue de l’organisation d’élections libres, transparentes et incontestables n’est pas encore terminé. D’où le report, deux fois de suite, de ces consultations, en décembre 2009 et en janvier 2010.

Entre temps les douloureux et indélébiles évènements du 28 septembre 2009 se sont produits au stade du même nom avec les tueries de plus de 150 opposants ainsi que les blessures infligées à près de 1200 personnes sans oublier les cas de viol dans un lieu public et en plein jour. Deux rapports d’enquête, l’un de Human Right Watch (HRW) et l’autre de la commission d’enquête mise en place par le Secrétaire Général de l’ONU sont arrivés aux mêmes conclusions, à savoir la préméditation et la programmation du massacre.
Une enquête d’une commission nationale est toujours à pied d’œuvre et n’a pas encore rendu son rapport.
Par ailleurs le Procureur de la Cour Pénale internationale (CPI) a décidé d’envoyer une enquêtrice sur place pour se rendre compte par elle même de ce qui s’est passé le 28 septembre dernier en vue d’une éventuelle qualification de ce crime.
Le 3 décembre 2009, l’Aide de camp Capitaine Moussa Dadis Camara, a tiré sur lui et il n’a eu la vie sauve que grâce à des soins prodigués au Maroc à l’Hôpital militaire de Rabat.

La vie politique de la nation s’en est trouvée enlisée dans une crise interminable jusqu’au voyage du Général S. Konaté à Ouagadougou.

Le déblocage de la situation est venu de ce fameux discours du 6 janvier 2009 où Le Général Sékouba Konaté prit les rênes du pouvoir en tant que Président par intérim et s’engagea d’organiser des élections au plus vite après une transition de six mois dirigée par un Premier Ministre civil issu des Forces Vives et choisi par elles mêmes.
Depuis ce discours volontariste, un Premier Ministre a été désigné en la personne de Monsieur Jean Marie Doré, leader de l’UPG et porte parole des Forces Vives (FV). Il est entrain de constituer un gouvernement de transition qui aura pour tâches :

La mise en place du CNT qui aura à jouer le rôle législatif transitoire
Le toilettage de la constitution suspendue ou la rédaction d’un nouveau texte de Loi Fondamentale.
La réforme obligatoire de l’Armée Guinéenne.
L’organisation d’élections libres et transparentes, donc incontestables et dont les résultats s’imposeront à tous.
Etc.

Nous voyons donc se dessiner les contours d’une transition apaisée pour aller vers une vie politique normale.
Comme nous l’avions déjà fait remarquer dans un précédent article, ce n’est pas tant la nomination d’un P.M. issu de l’opposition qui est importante que les prérogatives dont il peut jouir.
Il s’agirait d’un PM chef de gouvernement et présidant le conseil des Ministres à ce qu’il paraît.
Qu’elle sera la clé de répartition des responsabilités entre d’un côté le Président par intérim et le PM, et d’autre part au sein même du gouvernement entre les différentes composantes militaires et civiles. A qui vont échoir les principaux ministères : Finances, Affaires Etrangères, Défense, Justice, etc. ?
Il serait nécessaire, pour la réussite de l’action gouvernementale, d’avoir tout d’abord une feuille de route des actions à mener et un suivi-évaluation périodique de celles-ci à chaque étape.

Une condition non négociable, et pour la crédibilité et l’impartialité des élections à venir, serait l’impossibilité pour toutes les autorités de la transition de se présenter à une quelconque consultation électorale en position d’éligibilité. Que ce soit des militaires ou des civils.

L’obstacle principal à l’apaisement politique que constituait la présence du Capitaine Moussa Dadis Camara à la tête de l’Etat a été levé par son éloignement temporaire des affaires.

Le Général Konaté, en si peu de temps, a réussi à joindre les actes à la parole et à sa volonté exprimée de sortir la Guinée de l’ornière. La faire sortir de l’exception négative dans laquelle elle évolue depuis tant d’années pour accéder à la normalité et la modernité politique.
D’où l’importance du respect des engagements en politique.
Comme en décembre 2008, lors de l’arrivée de la junte au pouvoir, le pays entier lui fait confiance et la communauté internationale est encore à son chevet pour l’accompagner dans cette situation.
C’est ainsi que le Groupe International de Contact sur la Guinée (GIC-G) a recommandé aux partenaires de reprendre leur coopération pour l’aider dans cette voie.
La confiance érodée est revenue dans les rapports de la guinée avec l’extérieur.

Néanmoins, la vigilance doit toujours être de mise jusqu’à l’achèvement de la transition avec l’organisation des premières élections libres et transparentes.

Comme vous pouvez le constater, les difficultés et les embûches ne manqueront pas sur le cheminement de cette transition qui commence enfin.

La réussite de celle-ci fera sûrement entrer ses acteurs dans le Panthéon de l’histoire politique de la Guinée.

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