Diocèse de Nzérékoré : 100 ans d’évangélisation

De 1914 à 2014, il y a exactement cent  ans que les premiers missionnaires catholiques sont  arrivés dans la région forestière de Guinée. Mgr Raphaël Guilavogui, évêque de NZérékoré invite tous les fils et filles de cette région à célébrer cet événement. L'année 2014 sera donc pour nous tous, bénéficiaires de l'œuvre des missionnaires, l'année de la célébration du jubilé des 100 ANS d'évangélisation. La célébration sera jalonnée de plusieurs activités : manifestations culturelles, conférences, pèlerinage, etc.

En effet, le diocèse de Nzérékoré célèbre les 100 ans de mission éducative et de vies consacrées au service du développement de l’homme et de tout homme. Quoiqu’on dise, il y a déjà 100 ans que la région forestière de Guinée a vu venir trois missionnaires (les Pères Bouyssou, Garlantézec et le Frère Aloys), disciples et fils du Cardinal Lavigerie, habillés de boubous blancs, portant au cou le rosaire, à la recherche d'un endroit propice pour mettre en terre la semence de la Bonne Nouvelle du Christ.

C'était la première fois, dans cette zone réputée dangereuse, de voir des Européens s'approcher des peuples sans armes et n'ayant comme bagage que la Bible. Ils venaient chercher des hommes et des femmes non pas pour le commerce honteux de la traite négrière, mais pour les rendre bénéficiaires des valeurs évangéliques. Sur toute l'étendue du territoire diocésain, la Bonne Nouvelle a été accueillie.  

Cependant, au-delà de la joie suscitée par la naissance de la première communauté chrétienne, il convient de reconnaître que l’évangélisation et l’implantation de l’Eglise catholique particulière rencontrèrent des obstacles de tout genre aussi bien du côté des autorités coutumières que du côté de l’administration coloniale. La mort par l’empoisonnement (Légora Bamba et tant d’autres inconnus), la prison civile des chrétiens et le martyre de Göbou-Yaza sont autant d’obstacles auxquels la petite communauté chrétienne, encore embryonnaire, dut faire face.

Les premiers missionnaires (Pères Blancs) n’ont ménagé aucun effort pour mentionner dans leurs différents rapports tous les obstacles rencontrés. Le père Bouyssou, le premier  supérieur du poste  de Gbèkè (Gouécké), écrivait : « A mesure que les chrétiens devenaient nombreux dans la masse païenne, à mesure surtout que leur vitalité s’affirmait, ils se trouvaient de plus en plus en butte à l’hostilité et aux tracasseries des tenants des pratiques ancestrales : maîtres initiateurs, chefs, notables, etc. ». Ces difficultés ont certainement engendré des conséquences néfastes. Mais si l’on porte notre regard sur le Christ, on comprend pourquoi il n’y a pas de résurrection sans passion. 

Toutefois, les premiers chrétiens qui perdirent leur vie à cause de leur foi en Jésus-Christ sont innombrables et demeurent présents dans le cœur de la chrétienté qui leur rend hommage chaque année lors du pèlerinage au lieu du martyre de Göbou-Yaza. La souffrance et le sang de tous ces martyrs connus et inconnus demeurent la source vive qui alimente l’Eglise florissante de N’Zérékoré.

L’exemple de Göbou-Yaza, le modèle de la vie chrétienne, le martyr des Kpellè, nous montre, selon Jean-Pierre Delamou, prêtre du diocèse de N’Zérékoré, « qu’il est possible pour un chrétien de rompre avec certaines réalités ancestrales, visiblement et fondamentalement incompatibles avec la foi chrétienne. Ce dont un catéchumène a été capable, à savoir dire non aux fétiches, aux pratiques occultes, en principe, un baptisé devrait pouvoir aussi en être spontanément capable ». La vérité dans la vie de foi, le dynamisme de l’engagement chrétien, le courage qui va jusqu’au bout, même dans les épreuves, l’amour inconditionnel pour Jésus-Christ, telles sont quelques valeurs essentielles que les chrétiens, catéchumènes et toute la communauté chrétienne peuvent retenir de la vie chrétienne des premiers chrétiens de la région.

Zaoro Hyacinthe LOUA SJ

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