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Discours de la présidente du CNC à l'occasion du 20ème Anniversaire de la Journée Internationale de la Presse

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Chères Consœurs,
Chers Confrères,
Chers Compatriotes,
 
Le 3 mai de chaque année est la date retenue par l’Assemblée générale des Nations Unies pour célébrer la journée internationale de la presse dans le monde sous les auspices de l’UNESCO qui en est l’organe de coordination.

Comme de coutume, depuis la proclamation de la dite journée en 1993, il est retenu également pour la circonstance, et ce, dans l’intervalle des dates anniversaires, des sujets qui animent ou sous- tendent les activités commémoratives. Ceux-ci sont divers et interpellent tout un chacun dans le domaine de la liberté de la presse. Le sujet sur lequel le monde entier devra porter son attention cette année est libellée ainsi qu’il suit : (je cite) « Parler sans crainte, assurer la liberté d’expression dans tous les médias ». (Fin de citation)  

Proclamée solennellement en 1993 par l’Assemblée Générale des Nations –Unies, l’idée même de la Journée Internationale a germé pour la première fois à la conférence des journalistes africains tenue du 29 avril au 3 mai 1991 à Windhoek, capitale de la Namibie avec l’appui de l’UNESCO. Ils avaient perçu la pertinence de cette prise de position qui leur offrirait annuellement une tribune sur laquelle ils viendraient débattre de leurs problèmes et en rechercher des solutions. Pour un plus grand respect des droits de l’homme, les journalistes participants à cette conférence prônent selon leurs termes « la création, le maintien et le renforcement d’une presse indépendante, pluraliste et libre et la suppression de monopoles de tout genre, afin de combler des insuffisances de la déclaration des droits de l’homme et la charte africaine des droits de l’homme et des peuples. Cette démarche des journalistes africains est à inscrire dans la dynamique de l’exercice de la liberté d’expression qui est en progrès en Afrique.  

En effet, la déclaration de Windhoek, intervient également quelques années plus tard après le discours de la Baule en 1990 marquant le top départ d’une nouvelle approche de la gouvernance de nos Etats africains francophones en particulier, dans une optique plus démocratique.  

Autre courant notable du contexte fut l’accélération du mouvement de la mondialisation avec la chute du mur de Berlin. Dès lors, le système de l’organisation politique et sociale s’était porté sur l’orbite de la mutation avec en prime l’introduction du nouveau système de gouvernance dit démocratique qui apporte une autre vision des droits et libertés qu’il faut promouvoir et défendre. Le caractère intangible et inaliénable de ces droits fait que ceux-ci sont consacrés dans les différentes lois fondamentales et constitutions de nos Etats.  

Ainsi, en République de Guinée, l’article 7 de la constitution dispose (je cite) : « Chacun est libre de croire, de penser et de professer sa foi religieuse, ses opinions publiques et philosophiques. Il est libre d’exprimer et de diffuser ses idées, ses opinions par la parole, l’écrit et l’image. Il est libre d’instruire et de s’informer aux sources accessibles à tous ». (Fin de citation) S’il est un constat que ces droits et libertés sont reconnus, exprimés et consignés en premières lignes de nos différents textes fondamentaux et leurs jouissances libres en conformité avec les règlements y afférents, des difficultés en jalonnent les processus. A titre d’exemple, il peut être cité le débat actuel sur la dépénalisation des délits de presse dont d’aucuns pensent qu’une peine d’emprisonnement infligée à un professionnel constitue une entorse grave à cette liberté qui reconnait à toute personne la possibilité de parler sans être inquiétée.  

Pis, dans la dernière décennie plus de 500 professionnels des médias ont été tués dans l’exercice de leurs fonctions. D’autres sont maltraités, et ce aussi bien en temps de paix qu’en temps de guerre. Chères Consœurs, Chers Confrères, Chers Compatriotes  

Dans la majeure partie des cas, ces crimes restent impunis.  

C’est pour mettre un terme à toutes ces dérives que l’Unesco, organe des Nations-unies chargé de promouvoir la libre circulation des idées par le mot et par l’image a décidé de les prévenir et de les combattre en adoptant un plan d’action dans ce sens en 2012.  

Ce plan à travers ses activités est destiné à œuvrer à la création d’un environnement libre et sûr pour les journalistes et les professionnels des médias dans les situations de conflit et de non conflit en vue de renforcer la paix, la démocratie et le développement. L’UNESCO en charge de la coordination, dans ses attributions entend œuvrer ainsi à défendre et promouvoir cette liberté d’expression dont la liberté de la presse en est le corollaire.  

L’obligation de veille qui lui est imputée ainsi, est relayée au plan interne des différents états par la présence des organismes de régulation de l’exercice et la défense de ces droits et liberté de la presse comme le Conseil National de la Communication en République de Guinée. Selon l’UNESCO, instituer une journée commémorative de ces droits ci-dessus évoqués, offre un moment à tous, de jeter un regard rétrospectif sur l’usage dont on en fait dans le monde.  

C’est un jour qui nous permet entre autre de nous interroger sur les initiatives et les actions menées en faveur de la défense des différents médias contre les actes qui touchent à leur indépendance.  

C’est aussi l’occasion d’interpeler les gouvernants sur leurs engagements pris en faveur de l’essor de ces libertés ; et de commémorer la mémoire des journalistes ayant perdu leur vie dans l’exercice de leur métier ;  

Chères Consœurs Chers Confrères, Chers Compatriotes  

L’année 2012 compte à elle seule 121 journalistes qui ont été assassinés dans le monde et près du double de ce chiffre a été dénombré en 2011. D’autres sont victimes de harcèlement et de beaucoup d’autres formes de violence, ou croupissent dans les geôles ; Notre pays, fort heureusement n’offre aucun spectacle macabre du genre car nous n’enregistrons pas de journaliste tué ou détenu en prison.  

Ce 20è anniversaire de la journée de la presse est donc pour nous en Guinée, l’occasion de nous féliciter de ce que ces droits et libertés sont une réalité tangible. Qu’il me soit permis, ici, de saisir l’opportunité pour lancer un appel solennel à toutes les parties prenantes de faire en sorte que soit maintenu le cap d’une expression libre, pluraliste et responsable, car elle est mère de toutes les libertés et clé de voûte du bon fonctionnement de la démocratie.  

Toutefois, les difficultés ne manquent pas au plan institutionnel, à cause de nombreuses insuffisances qu’il convient de corriger pour permettre au Conseil National de la Communication de jouer pleinement son rôle de défenseur de ces libertés, de consolider et de faire prospérer sur notre territoire l’affirmation de François Balle à laquelle nous adhérons et qui proclame (je cite) « La liberté de la presse n’est pas autre chose que le droit reconnu à chaque individu d’utiliser en toute liberté l’outil de communication de son choix pour exprimer son opinion pour rapporter des faits liés à la vie en société pour informer les autres sans autres restrictions que celles prévues par la loi ».

C’est le lieu et le moment de lancer un appel solennel aux acteurs politiques ou administratifs à tous les niveaux, aux leaders d’opinion, aux médias publics et privés et à tous les citoyens à respecter scrupuleusement ces lois et règlements en vigueur. Du respect de ces principes, dépend le salut de notre nation.  

Joyeux anniversaire !  

Je vous remercie

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