Divergences entre défenseurs et pourfendeurs de la Constitution en Guinée

Images 15Les acteurs politiques guinéens se regardent en chiens de faïence depuis quelque temps à cause de la Constitution adoptée en avril 2010 sous la junte militaire arrivée au pouvoir au lendemain de la mort, des suites d’une longue maladie, du Président Lansana Conté en 2008.

Elu sur la base de la Constitution de 2010 non soumise à référendum, Alpha Condé, dont le second mandat de cinq ans prendra fin en 2020, répète à l’infini qu’il est à l’écoute de son peuple qui décidera, selon lui, sur l’opportunité ou non d’une nouvelle Constitution.

Ses sympathisants, présents dans toutes les classes d’âge, appellent tous les jours à un référendum pour une nouvelle Constitution.

Le Président Condé a dit, lors d'un récent Conseil hebdomadaire des ministres, avoir pris acte de «la volonté librement exprimée» de la totalité des membres du gouvernement d’aller au référendum.

Le président guinéen avait déjà confié à la presse sénégalaise venue le rencontrer à Conakry, qu'il serait candidat à sa propre succession, s'il y a une nouvelle Constitution.

Le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG au pouvoir) et les partis alliés ont créé récemment en grande pompe la Coalition démocratique pour une nouvelle Constitution (CODENOC), provoquant l’ire des partis d’opposition engagés dans un autre courant, appelant « à défendre à tout prix » la loi fondamentale.

Des anciens ténors de l’opposition, notamment Aboubacar Sylla, qui en était le porte-parole, Papa Koly Kourpouma et Mouctar Diallo, tous membres de l’actuelle équipe gouvernementale, plaident aux côtés du RPG pour un changement de la Constitution de 2010.

Selon eux, cette Constitution, adoptée sans être soumise à référendum, souffre de « beaucoup d’insuffisances» qu’il faut corriger dans le cadre de la mise en place d’une nouvelle loi fondamentale qui prendra en compte tous « les aspects occultés ».

Ces arguments sont balayés d’un revers de main par le principal parti de l’opposition, l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), dont le leader, El hadj Mamadou Cellou Dalein Diallo, répète quotidiennement que vouloir changer la Constitution est synonyme de l’empêcher à accéder enfin au pouvoir en 2020.

Interrogé par la PANA, le député Ben Youssouf Kéïta de l’UFDG estime que la nouvelle coalition de la mouvance présidentielle, qui a, en son sein, plusieurs membres du gouvernement, est « une menace pour la démocratie, la paix ».

Ainsi, il salue et justifie la création, avant la structure de la mouvance, du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) par plusieurs partis d’opposition et des acteurs de la société civile.

«Le Président Alpha Condé doit rester en dehors de cette structure dite Coalition pour une nouvelle constitution. Il ne doit pas la financer avec l’argent des contribuables guinéens », a-t-il déclaré.

M. Kéïta rappelle que le second et dernier mandat de cinq ans de l’actuel président prendra fin en 2020, date à laquelle "une alternance est attendue en Guinée" après plus de 60 ans d’indépendance.

La Constitution avait été adoptée en avril 2010 par le Conseil national de la transition (CNT-organe consultatif), mis en place à l’issue de la médiation sous l’égide de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de l’ancien président burkinabé, Blaise Compaoré.

L’Article 27 de la Constitution guinéenne rappelle que le président de la République est élu au suffrage universel direct ; la durée de son mandat est de cinq ans, renouvelable une fois. En aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs.

Et l’article 152 souligne que l’initiative de la révision de la Constitution appartient concurremment au président de la République et aux députés. Pour être pris en considération, le projet ou la proposition de révision est adopté par l’Assemblée nationale, à la majorité simple de ses membres.

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