Ebola : la Guinée veut tirer les leçons de l'épidémie

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Quatre ans après l'épidémie meurtrière d'Ebola, Conakry renforce ses structures d'alerte contre un éventuel retour du virus. Il y a quatre ans jour pour jour, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) annonçait officiellement l'épidémie d'Ebola en Afrique de l'Ouest. Soit trois mois après la notification des premiers décès en Guinée. Depuis, la France a apporté son aide à Conakry afin de pouvoir contrôler une nouvelle épidémie comparable avant qu'elle ne soit hors de tout contrôle, comme ce fut le cas en 2014.

Il y a quatre ans, après la Guinée, quelques malades étaient également signalés en Sierra Leone et au Liberia. La réaction tardive des pays africains et de la communauté internationale avait profité au virus. En quelques semaines, la fièvre hémorragique atteignait les grandes villes et devenait incontrôlable. En trois ans, plus de 28.600 cas ont été recensés, dont 11.310 morts. C'est la pire pandémie qu'ait connue le XXIe siècle.

Cette profonde crise humanitaire mobilise les plus grandes puissances mondiales et de très nombreuses ONG. «La France a organisé sa réponse à l'été 2014 après le plaidoyer de Médecins sans frontières, se souvient Sandra Perrot, responsable de pôle au département santé de l'agence Expertise France. En quelques mois, elle a mobilisé l'armée, la sécurité civile, les instituts de recherche et ses opérateurs publics tels que nous. Une réponse inégalée dans l'histoire humanitaire.»

À l'acmé de l'épidémie, la Guinée demande de l'aide à la France. «L'épidémie d'Ebola a mis à genoux un système de santé déjà très fragile. À peine 3 % du budget du pays était consacré à la santé. Il manquait d'infrastructures, de personnels formés, d'équipements, de médicaments…», décrit Sandra Perrot. Les médecins n'avaient en plus jamais rencontré la fièvre Ebola, et les laboratoires n'étaient pas en mesure d'analyser les échantillons. À l'automne 2014, Expertise France forme alors des techniciens de laboratoire et envoie deux dispositifs mobiles capables de confirmer le diagnostic d'Ebola chez les patients suspects placés en isolement. «Ces laboratoires, qui appartiennent maintenant à la Guinée, ont analysé plus de 5.800 échantillons durant l'épidémie», précise-t-elle.

Mais au-delà du contrôle de l'épidémie d'Ebola, la Guinée a dû renforcer son système de surveillance. Les dysfonctionnements de cette veille expliquent, en partie, pourquoi les premiers cas n'ont pas été détectés plus tôt. Expertise France a donc créé 8 équipes régionales polyvalentes d'alerte et de riposte aux épidémies (Erare). «Leur objectif est de détecter le plus rapidement possible les épidémies naissantes en s'appuyant sur les acteurs locaux», explique le Dr Sow Mamadou Djan, ancien formateur des Erare et membre de l'Agence nationale de sécurité sanitaire créée en Guinée après la crise d'Ebola.

Une fois l'alerte donnée, les équipes sont en mesure d'aller sur le terrain et investiguer les cas suspects. «Les Erare sont dotés de matériel roulant. Elles sont capables, en 45 minutes, de monter une tente avec un circuit de patients pour les trier, et isoler les cas suspects, décrit Sandra Perrot. Elles peuvent également poser un premier diagnostic clinique, faire un prélèvement sanguin et l'envoyer en toute sécurité à un laboratoire.» Depuis leur déploiement sur le terrain, les équipes ont été mobilisées pour contrôler l'épidémie de rougeole, de méningite ou encore de choléra. Le ministère de la Santé a également eu recours aux Erare pour relancer les campagnes de vaccination, délaissées lors de l'épidémie de fièvre hémorragique.

Laboratoire réhabilité

«Mais malgré tous nos efforts pour améliorer la surveillance des épidémies, la prévention ne sera optimale qu'à condition que les capacités des laboratoires soient renforcées et adaptés au terrain», relève le Dr Keita Karamoko, coordinateur régulateur de l'Erare de Conakry. C'est notamment l'objectif d'un projet lancé par Expertise France, l'Institut Pasteur et la Fondation Mérieux.

Baptisée LabNet, cette initiative vise à renforcer les réseaux de laboratoires guinéens et la formation des biologistes et techniciens. Un ancien laboratoire de la faculté de médecine de Conakry devrait d'ailleurs être réhabilité. À terme, la Guinée bénéficiera d'une capacité diagnostique importante. Mais celle-ci ne sera fonctionnelle qu'à condition que le budget alloué à la santé augmente considérablement. En 2017, la Guinée a consacré 5 % de son PIB à la santé, soit le double de ce qu'elle y consacrait avant la crise d'Ebola.

Source: Le figaro

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