En Guinée, Ebola a aussi permis d’améliorer le système de santé

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L’épidémie d’Ebola, qui a tué plus de 11 000 personnes en Afrique de l’Ouest entre 2014 et 2016, a permis aux experts de tirer des leçons afin d’améliorer les services de santé en Guinée. Un article de notre partenaire, Efe-Epa.

Une délégation d’eurodéputés, aux côtés d’experts de l’OMS, s’est rendue à Conakry pour passer en revue les principaux piliers du système de santé de la Guinée et pour vérifier les changements apportés afin d’éviter une nouvelle épidémie d’Ebola.

« Après avoir vu les résultats, je pense que le pays et son gouvernement, ainsi que les ONG et la délégation de l’UE, font du bon travail », a déclaré Norbert Neuser, président de la délégation, à Efe. « Deux ans après la crise d’Ebola, je peux dire que nous en avons tiré des leçons, et ce sera notre message au Parlement. »

Le virus Ebola a révélé les failles du système de santé guinéen en grande partie dues au manque de financement. Seul 1,98 % du budget de l’État a été alloué au secteur de la santé en 2012, entraînant un faible effectif de personnel de santé (médecins et infirmiers) – avec seulement 3,59 professionnels de la santé pour 100 000 habitants – ainsi qu’un manque de médicaments, d’équipement et un système de détection des risques défectueux.

« Lors de la dernière épidémie d’Ebola dans le pays, nous avons mis trois mois et demi à réaliser ce qu’il se passait », a déclaré Sakoba Keita, directeur de l’Agence nationale de sécurité sanitaire, créée en 2016.

À cause de l’épidémie de 2015, 6 % des hôpitaux ont dû fermer leurs portes en raison, entre autres, de la mort de 115 médecins et paramédicaux. « Plus les effectifs humains sont rares et inadaptés, plus l’épidémie sera répandue et dangereuse », a déclaré Kaba Abdoulaye, chef du Bureau de stratégie et de développement du ministère de la Santé.

Grâce à la solidarité mondiale et à une stratégie coordonnée du gouvernement, les statistiques se sont améliorées. Le budget alloué à la santé a presque quadruplé, atteignant 7,4 % en 2017, et le personnel de la santé a augmenté de 120 %. 27 hôpitaux et centres de soin ont été construits, ainsi que trois laboratoires.

La pharmacie centrale guinéenne a reçu pour 2,3 millions d’euros de médicaments en novembre grâce au programme de soutien sanitaire en Guinée, financé par l’UE pour la période de 2015-2023. À cela s’ajoutent deux autres projets européens qui portent le budget total à plus de 115 millions d’euros.

Lors de sa visite à l’hôpital Ignace Deen, la délégation a toutefois constaté qu’il restait encore beaucoup à faire. Ce vieil hôpital compte 400 professionnels dont les salaires ne dépassaient pas les 350 euros en 2017. Ils fonctionnent grâce à un budget financé en grande partie par des dons internationaux.

Au-delà du secteur de la santé, il y a d’autres « grandes lacunes à combler », a déclaré Adam Szejnfeld, eurodéputé de la délégation européenne, se référant en particulier à la collecte des déchets et à la protection de l’environnement.

À cet égard, l’UE finance un projet de professionnalisation de la gestion des déchets solides, ainsi qu’un programme de développement urbain et d’assainissement à Conakry. Dans cette ville guinéenne, les ordures s’entassent dans les rues. La population de deux millions d’habitants produit 3 000 tonnes de déchet par jour et il n’existe pas de système de collecte des déchets.

Les critères d’action de l’OMS aident le pays à améliorer son système de surveillance et de détection afin de mieux protéger la population contre les épidémies, estime Georges Alfred Ki-Zebro, représentant de l’OMS en Guinée.

« La leçon la plus importante que nous avons apprise est l’importance de la sécurité sanitaire dans le contexte de la mondialisation, car tout événement sanitaire, en particulier les maladies transmissibles, qui se produit dans les endroits les plus reculés peut arriver dans les 24 heures dans une autre partie du monde », a-t-il déclaré.

C’est précisément dans un village guinéen que la dernière épidémie d’Ebola a éclaté. Un petit garçon de deux ans, qui avait joué dans un arbre creux avec des chauves-souris, est soudainement tombé malade et est mort quelques jours plus tard.

Conformément aux traditions funéraires de la région, le petit garçon a été pleuré pendant trois jours, au cours desquels sa famille et ses voisins l’ont embrassé. Le virus s’est ensuite propagé, entraînant des conséquences tragiques en Guinée et dans les pays voisins.

Au total, 29 000 personnes ont été infectées par Ebola, dont 11 300 décès. L’OMS promeut le concept de « Un monde, une santé » en Guinée, qui souligne le lien entre les maladies animales et humaines. L’objectif de cette approche est de faire comprendre à la population que « la santé est influencée par d’autres facteurs que médicaux », tels que « l’hygiène, les eaux usées, le contrôle des maladies animales » ou l’usage rationnel de médicaments comme les antibiotiques », souligne Georges Alfred Ki-Zebro.

 

Par Mohamed Siali

Source: euractiv

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