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ET ENCORE UN ABUS DE POUVOIR !

 Le décret présidentiel portant nomination du président du CNC est illégal, et de ce fait la présidence du CNC devient illégale D’abord pour évacuer toute idée préconçue, cette analyse ne prend pas position pour les tenants et aboutissants qui s’invectivent, par ce que tout simplement, les uns et les autres défendent, ou critiquent telle ou telle autorité publique (le Président de la République, le Premier ministre, etc). C’est un constat que je pose, et je le fais à chaque fois qu’une occasion se présente, et évidemment à chaque fois que j’ai le temps. Je ne suis ni pour Pierre, ni pour Paul. Je suis pour le respect de la légalité et le triomphe du droit sur l’autoritarisme. Cela étant, décidément, les guinéens ne veulent pas se débarrasser des mauvaises habitudes. On ne prend position sur un fait politique, économique et social que lorsque le fait en question ne touche pas un ami, un parent, ou un allié. Le constat est que la majorité des guinéens crient au changement, mais chaque guinéen veut un changement unidirectionnel, un changement au détriment des autres. Aujourd’hui, chaque guinéen doit avoir pour combat, la promotion d’un Etat de droit, la restauration de la légalité, de la démocratie et de la bonne gouvernance. Comment est ce qu’on peut délibérément violer une loi de la République comme d’habitude sous prétexte qu’on a un pouvoir décrétale ? Comment les défenseurs de ces valeurs que je viens de rappeler (la liberté, le droit, la démocratie, la bonne gouvernance) n’ont souvent pas une vision critique par rapport aux violations des lois par les autorités publiques, en l’occurrence le président de la République ? Il faut dire, si nous refusons toujours de reléguer, ou d’aligner nos intérêts personnels sur les intérêts généraux, la République de Guinée avancerait difficilement. On se retrouvera toujours dans cette situation, et c’est ce climat qui règne tant à l’intérieur de la Guinée, qu’à l’extérieur de la Guinée : EST ILLÉGAL, TOUT CE QUI TOUCHE LES AUTRES, ET INVERSEMENT, EST LÉGAL, TOUT CE QUI ME TOUCHE ET/OU QUI TOUCHE MES PROCHES, MES ALLIÉS MÊME SI ON EST EN FACE D’UNE SITUATION ILLÉGALE. Sur ce, le décret présidentiel du samedi 1er mars, portant nomination du président du Conseil National de la Communication, est un décret qui vient s’ajouter à la série de violation des lois de la République. Après lecture du C.V de l’actuel président du C.N.C, immanquablement, on aboutit à une violation de la loi Loi/91/06 portant création du Conseil national de la communication. Selon les dispositions de l’article 6 aliéna 2 de la loi susmentionnée, les neuf (9) membres du CNC (le président du C.N.C est compris dans ces 9 membres) doivent être âgés de 40 ans pour être nommés. Attendu que l’actuel président est né le 4 novembre 1973, donc âgé de 34 ans et 4 mois. Etant donné qu’il manque environ cinq (5) belles bougies au nouveau président pour atteindre les 40 ans requis pour bénéficier de cette promotion, on conclut à la violation systématique de la loi régissant le C.N.C. Ce décret est illégal, et par conséquent la présidence actuelle du C.N.C devient illégale, car il n’y a pas de légalité dans l’illégalité. Les lois organisant les différentes institutions républicaines sont différentes les unes des autres. La loi Loi/91/06 portant création du Conseil national de la communication est différente de la loi organique 91/04 portant composition et fonctionnement du Conseil économique et social (CES), et de la Loi organique No 91/008/CTRN du 23 décembre 1991 portant attributions, organisation et fonctionnement de la Cour suprême, et cetera, et cetera. Ainsi donc, on nomme les personnes à ces différentes institutions (surtout les deux premières) en fonction des dispositions particulières de chaque loi. Le décret de nomination des membres du CNC et/ou du CES n’est pas comme le décret de nomination des membres du gouvernement, car les organes sont différents, les missions sont différentes, etc. On ne nomme pas par ce que ça nous chante de nommer, on nomme selon ses compétences et selon les textes qui régissent la République, les institutions. Dans une République organisée, l’action de toute autorité, de toute institution est balisée par des textes de loi, qui s’impose non seulement aux autorités qui ont mis ces textes en place, mais bien évidemment aux simples citoyens. Certes, je suis pour la promotion des jeunes hommes et femmes aux fonctions de responsabilité, mais je ne pourrais pas parier que ce décret s’inscrit dans cette voie. Selon mes analyses, ce décret s’inscrirait dans les rapports de force entre un président de la République malade qui s’en moque des lois républicaines, et un premier ministre politiquement incompétent, irresponsable et qui commence à avoir la boulimie du pouvoir. Ce décret ne serait qu’un acte tactique, de positionnement, de construction et de renforcement des différents clans vautours qui gravitent autour de l’Etat, et qui n’hésiteraient pas à se dévorer lorsque l’occasion se présente. J’attends alors de voir les commentaires, les réactions des partis politiques, les leaders d’opinion, les organisations de la société civile sur cette nouvelle illégalité de la part du président de la République qui prend la Guinée comme une petite famille africaine où on se croit être le maître absolu des lieux.

Touré Ibrahima Sory, écrivain et spécialiste des droits de l’homme, Montréal. istofr@yahoo.fr

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