Face à la colère de la rue, le président sénégalais renonce à sa réforme de la Constitution

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Face à la colère de la rue, le président sénégalais Abdoulaye Wade a renoncé in extremis, jeudi 23 juin, à une réforme de la Constitution très impopulaire qui devait assurer son élection et le passage du pouvoir à son fils après son départ. La disposition en question, la plus décriée de son projet controversé de réforme constitutionnelle, devait abaisser à 25 % le seuil minimum des voix nécessaires pour élire un "ticket présidentiel" comprenant un président et un vice-président. Il devait suffire à l'un des attelages en l ice de recueillir au premier tour 25 % des suffrages exprimés pour l'emporter, et donc être élu avec une très faible assise populaire.Tirs de gaz lacrymogènes pendant une manifestation à Dakar, jeudi.

Le ministre de la justice, cheikh Tidiane Sy, a annoncé le retrait de cette mesure aux députés peu après l'ouverture de la séance plénière où elle devait être adoptée. Au même moment, l'hémicycle résonnait de temps à autre de tirs de gaz lacrymogènes et de canons à eau contre des manifestants qui jetaient des pierres à l'extérieur de l'Assemblée.Ces heurts ont fait au moins 10 blessés, "dont un officier de police", selon l'Agence de presse sénégalaise. Un journaliste de l'AFP a vu un gendarme blessé par un projectile, en sang. L'ambassade de France avait invité les Français à limiter leurs déplacements en raison "des manifestat ions de protestation ou de soutien au projet de réforme constitutionnelle" qui "sont à prévoir aujourd'hui, 23 juin, à Dakar comme en province".Le projet de réforme de la Constitution du président Wade a déclenché la colère de la rue sénégalaise.REUTERS/FINBARR O'REILLY

Jeudi, la France s'est dite "surprise" que cette réforme constitutionnelle "n'ait pas été précédée d'une large concertation". "Sur la forme, on peut être surpris qu'une réforme aussi importante, présentée à moins d'un an d'une échéance électorale majeure, n'ait pas été précédée d'une large concertation avec l'ensemble des acteurs politiques du pays", a déclaré le porte-parole du ministère des affaires étrangères français, Bernard Valero, sans vouloir faire de commentai re sur le fond de la réforme.L'affaire du "ticket présidentiel" a enflammé la rue sénégalaise et diverses composantes de la société : jeunes, syndicats, opposition, société civile… Des manifestations, réprimées, ont eu lieu le 22 juin dans différentes villes comme Kaolack (centre), Ziguinchor (sud) et Dakar. Dans la capitale, des groupes de jeunes avaient été violemment dispersés par les forces de l'ordre, qui ont interpellé un nombre indéterminé de personnes. Parmi celles-ci figurent deux rappeurs, dirigeant le mouvement "Y en a marre", engagé contre les "injustices" du régime d'Abdoulaye Wade, 85 ans, au pouvoir depuis 2000.

Le chanteur Youssou N'Dour est sorti de sa réserve en dénonçant "une forfaiture"qui "hypothèque l'avenir du pays". Les Etats-Unis se sont déclarés "préoccupés", tout comme l'Union européenne, par une réforme qui risque d'"affaiblir les institutions démocratiques du Sénégal".

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Commentaires

  • Diallo
    • 1. Diallo Le 24/06/2011
    cétait chaud à dakar aujourd'hui mais ça a commencé hier finalement nos frères et soeurs sénégalais ont eu raison de Wade. Très forte mobilisation, le face à face manifestants / forces de l ordre bien équipées durant toute la journée devant les grilles du parlement. C'est beau 1 peuple uni pour la même cause. je vous jure ça a castagné fort des 2 cotés .Les députés de wade ont eu peur de voter oui face à la pression du peuple!!! C pas fini ça risque de continuer parce que les gens demandent son départ maintenant et illico presto !! des manifs sont prévues demain encore dans tout le pays. Vive l Afrique qui bouge ! C sur Wade est fini sa démission est attendue dans les heures qui viennent

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