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Fête de tabaski, paix à leurs âmes

Certains profitent de la tabaski, pour remercier Dieu de ses bienfaits, d'autres en font autant pour remercier des hommes.

Abdoulaye, quant à lui, a remercié sa mère, qui l'a élevé, presque seule, et qui a souffert pour cela, d'avoir dévié légèrement des traditions. Elle s'est battue pour son enfant unique.

En outre que de chemin parcouru. Novembre 2010, c'est le mois de ses 20 ans, c'est l'année de son bac.

Il est plein de vie Abdoulaye, et comme beaucoup de jeunes, il ne s'intéresse pas à la politique. Il a suivi les élections comme tout Guinéen, uniquement parce que cela lui permettait de rêver, et/ou d'espérer des jours meilleurs. D'ailleurs cet espoir, c'est la seule chose qui lui reste, parce que c'est la seule chose qui lui est permise.

Pour faire plaisir à sa grand-mère ce matin, il va chercher du bissap. Trente minutes avant il était déjà allé chercher de l'eau pour sa mère, et évidemment cela n'avait pas posé de problème particulier. Mais cette fois au retour, il a rencontré les cow-boys, ceux qui tirent sur tout ce qui bouge, et si possible sur une communauté bien ciblée, qu'on peut quasiment - en tous cas pour une majorité d'entre eux - reconnaître de loin, notamment à Ratoma.

Ces lâches, habitués depuis ces trois dernières années à tuer (ou pire à assassiner) des civils, désarmés si possible, voire des femmes et des enfants, sont devenus la honte de la Guinée. Il n'y a plus de limites. Hier à Simbaya, on tuait un compatriote qui ne faisait apparemment que se plaindre - honte suprême -, ce matin un jeune qui rentrait chez lui. Hier c'était une balle dans la tête, ce matin c'est une balle dans le cou.

Certains, dont je fais partie, se sont battus pour faire partir les militaires, car ce n'est pas leur place de diriger un pays, et encore moins nos pseudo-militaires, dont la plupart sont très limités intellectuellement.

Abdoulaye lui était innocent, dans tous les sens du terme. Et même si quelques jeunes jettent des pierres, ceux qui se font appeler « police » peuvent utiliser la matraque, voire les canons à eau, mais pas des balles réelles. Sommes-nous dans la jungle ? Si c'est le cas, il faut le dire.

Je ne ferai pas de commentaire supplémentaire sur ce qui se passe en Guinée, j'y reviendrais ultérieurement dans un autre papier. D'abord je veux éviter d'écrire des choses que je pense profondément aujourd'hui, mais que je regretterai un peu plus tard. Il faut savoir maitriser ses émotions.

Ensuite je veux penser fortement à Ablo, à ses 20 ans, à ses espoirs désormais perdus, à sa mère en particulier, et à sa famille.

Ah j'oubliais, il s'appelait Abdoulaye Bah, c'était l'enfant unique d'une sœur de ma femme.

 

Paix à son âme....

 

 

Gandhi, citoyen guinéen

 

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