Créer un site internet

Fronde au sein de l’UPR : le ministre d’Etat Bah Ousmane survivra-t-il à la tête de son parti jusqu’aux prochaines législatives ?

26393-1374690401459-7923955-n.jpg

Le séisme continue de secouer le parti  de l’Union pour le Progrès et le Renouveau du ministre d’Etat des travaux publics Bah Ousmane, un des alliés du RPG-arc-en-ciel, parti au pouvoir. Désormais les anciens amis et fidèles collaborateurs de Bah Ousmane ne jurent que par son départ  à la tête de l’UPR, à quelques semaines des législatives, programmées par la CENI pour le 30 juin 2013 en Guinée.

Certains responsables de l’UPR et non des moindres, venant de toute l’Europe (plus le Canada par vidéo conférence), se sont réunis à Bruxelles le 05 Mai 2013 et ont décidé de passer à la vitesse supérieure en lançant  un ultimatum pour la tenue d’un congrès national  au mois de juillet 2013. Ce groupe des  «réformateurs» de l’UPR, a adressé une résolution au bureau exécutif national en imputant directement à Bah Ousmane la descende aux enfers de l’UPR. Dans ces différents courriers dont Guineenews détient les copies, les responsables de l’UPR reprochent au ministre d’Etat un manque de leadership et de vision en se servant du parti uniquement pour sa carrière personnelle. Votre quotidien a tendu le micro à l’un des participants à cette session spéciale de la Coordination UPR Europe, il s’agit de Diallo Thierno Moussa, actuel secrétaire fédéral de l'UPR du Benelux (Belgique, Hollande et Luxembourg), membre du comité Central du parti et membre de la Coordination UPR Europe.

Guinéenews : Bonjour Thierno Moussa, pourquoi avez-vous tenu votre rencontre à l’étranger plutôt qu’à Conakry en présence du président du parti, le ministre Bah Ousmane, aviez-vous certaines craintes ?

Diallo Thierno Moussa : Bonjour Monsieur Bassamba. Permettez-moi tout d’abord de vous remercier pour l’occasion que vous m’offrez en me tendant votre micro, afin d’apporter un éclairage sur la rencontre de la coordination UPR du 04/05/2013 tenue à Bruxelles.

J’en profite également pour exprimer à toute l’équipe de Guineenews, ma reconnaissance, ma gratitude et mes encouragements, pour tout le travail que vous abattez pour informer nos compatriotes en temps et en heure sur l’actualité de notre chère patrie et cela depuis une bonne quinzaine  d’années.

Pour revenir à votre question, la coordination UPR Europe est une structure qui fonctionne depuis 2004. Elle se réunie une fois par trimestre à Bruxelles à l’ordinaire et à chaque fois que la nécessité s’impose (donc en session extraordinaire). Elle regroupe en son sein les délégués des fédérations UPR d’Allemagne, du Benelux et de la France. Depuis un certain temps, nous avons cherché à alerter la Direction nationale du parti sur la nécessité d’une assise nationale (à Conakry ou à Labé), en vue de rassembler les forces dispersées, de ressouder la direction avec la base, d’atténuer les frustrations de nos militants, qui se sentent abandonnés, de solutionner les problèmes de communication en interne et à l’externe du parti et enfin de redynamiser le parti pour le redonner sa vivacité d’antan et la place qu’il mérite dans le débat national.

Toutes nos demandes de rencontre nationale sont restées sans suite. Le pire Monsieur Diallo, le Président Ousmane Bah a refusé de rencontrer en tête à tête le porteur de notre lettre commune, en la personne de Docteur Cellou Diallo, membre du BE et coordinateur UPR Europe, pendant tout son séjour en Guinée.

La convocation d’une session extraordinaire du comité central, venait comme une lueur d’espoir pour débattre en famille de nos problèmes. Et naturellement nous (fédérations d’Europe) étions disposées à y participer pleinement. Son annulation sans raison valable, nous a mis à l’évidence que le B.E actuel n’est pas disposé à ouvrir ce débat. Estimant que nous avons l’obligation de préserver l’Héritage Commun qu’est l’UPR, la coordination UPR Europe, élargie à la Fédération du Canada s’est réunie le 04/05/2013 à Bruxelles pour adopter la Résolution dont vous avez reçu copie. Musulman convaincu, je n’ai peur que Dieu.

Guinéenews : Que reprochez-vous au président de l’UPR à quelles que semaines des législatives annoncées par la CENI ? Est-ce stratégique pour votre formation politique ?

Diallo Thierno Moussa : Monsieur Diallo, El hadj Ousmane Bah en tant que personne physique, est un grand frère que je respecte. Nos deux familles se connaissent de longue date. Le premier reproche que je formule à son endroit, c’est d’avoir délaissé le parti qui a fait de lui ce qu’il est aujourd’hui (sur le plan politique). 

Les mémoires sont encore vives dans nos esprits, les militants, responsables de l’UPR et plus singulièrement la fédération du Benelux, l’ont soutenu sans réserve depuis la mort du Président Siradio Diallo le 14/03/2004. Nous avons connu beaucoup de turbulences (départ de Docteur Saliou Bella, puis du Doyen Bah Mamadou et enfin la tentative de destitution du président Ousmane Bah en 2007) depuis cette date. Cependant la fédération du Benelux a fait bloc pour défendre les principes et valeurs de notre Parti.

Je suis un légaliste Monsieur Diallo Bassamba.  Suite à la tentative de destitution orchestrée par une frange du bureau exécutif en 2007, ayant conduit au congrès extraordinaire de juillet 2008 à Labé, La fédération du Benelux a été la première des fédérations de l’extérieur à inviter le Président Ousmane Bah à Bruxelles (le 29 novembre 2007), pour lui témoigner tout son soutien dans cette épreuve difficile. Cette assemblée extraordinaire est restée dans les annales des mobilisations politiques des guinéens à l’extérieur. Je vous fais ce petit rappel Monsieur Bassamba Diallo, pour vous dire à quel point, nous sommes déçus de la manière dont le parti est géré en ce moment.

Un parti n’est pas une propriété privée. Au contraire ce sont des hommes et des femmes qui ont en commun une vision, définissent ensemble les stratégies pour atteindre le but qu’ils se sont fixés. Le président étant ministre d’Etat, dans un ministère important de la République, la présidente des femmes également ministre, le Vice-président, gouverneur de Mamou à 300 km du siège du parti, le 1er  secrétaire à l’organisation gouverneur de Faranah, n’était-il pas plus sage et plus stratégique de confier ne fut-ce que temporairement, la direction du parti à un ou deux responsables choisis de façon consensuelle, pour gérer au quotidien le parti ?

Nous qui nous réclamons de la pensée et de l’héritage de Siradio, est-il si difficile de s’inspirer des actes qu’il a posés de son vivant ? En 2002, Siradio, étant député et président de l’UPR, le poste de Président du groupe parlementaire de l’opposition lui revenait de plein droit.

Cependant dans sa noblesse inégalable, il confiera la présidence du groupe parlementaire  à Bah Ousmane, afin de s’occuper pleinement du parti ? N’ y a-t-il pas là une jurisprudence qui aurait pu inspirer plus d’un ?

Le second reproche majeur, c’est le silence coupable de l’UPR en tant que parti historique, face à ces violations répétées des droits humains, entraînant des morts, des arrestations arbitraires, des violences inouïes ……Qui de mieux que l’UPR pouvait servir de garant de la protection de ces libertés fondamentales dans l’actuelle architecture de la mouvance, au regard de son histoire et de sa philosophie politique qui prône : respect, dialogue et la tolérance ? Qui de mieux que Bah Ousmane lui-même pour défendre l’injustice, lieutenant d’alors de Bah Mamadou dans l’UNR, qui était le fer de lance de la résistance face aux destructions de Kaporo rails et de la lutte pour la libération du doyen, emprisonné pour avoir osé défendre les populations de cette localité ? L’UPR qui s’était mobilisée comme un seul homme pour réclamer la libération immédiate du Professeur Alpha Condé au moment de son arrestation, n’est-elle plus à mesure de  défendre avec la même combativité les libertés élémentaires du citoyen lambda ? Voilà monsieur Bassamba, autant de raisons qui ont motivé notre démarche, exigeant le renouvellement de l’équipe dirigeante de l’UPR actuelle ; Es-ce stratégique à l’approche des législatives annoncées ? Certainement s’ils nous avaient écouté et permis le débat en interne, on aurait pu éviter cela. Est-ce stratégique de la part de Bah Ousmane et le BE d’aller à des élections, sachant pertinemment que le parti vit un malaise profond, une crise persistante ? Cela démontre le manque d’anticipation et de pro activité de la direction actuelle.   

Guinéenews : Certains de vos détracteurs disent que vous voulez évincer Bah Oumanse à la tête du parti pour vous positionner pour les législatives, parce qu’il ne vous a pas «récompensé » après sa nomination à la tête du département des travaux publics. Votre réaction ?

Diallo Thierno Moussa : Rires. Vous le dites bien certains de mes détracteurs. Heureusement j’ai aussi des amis en politique et dans l’UPR ils sont nombreux. C’est de bonne guerre d’avoir les 2 catégories quand on est engagé dans un combat politique.

Comme vous le savez, en 2010 lors du second tour des présidentielles, notre fédération du Benelux à l’issue d’une assemblée générale, a pris la décision de voter et faire voter pour  l’Alliance Cellou Dalein Diallo, fondamentalement pour deux raisons :

1-     Par idéologie politique : l’UPR est libérale, tout comme la majorité des partis qui s’étaient alliés à l’UFDG ;

2-     Le retard pris par la direction nationale pour sceller une alliance avec le RPG.

J’assume pleinement cette responsabilité, en ma qualité de fédéral. De par cet acte, je m’attendais à rien comme proposition de poste dans l’équipe du Ministre Ousmane Bah. Toutefois, en matière d’élection, seule la légitimité de la base compte. Si un jour l’opportunité de concourir à un poste électif  en Guinée, se présentait à moi, soyez rassuré que la base sera avec moi. 

Pensez-vous réellement que si je voulais être bien positionné comme vous le dites pour les législatives actuelles, c’est le moment de déclencher les hostilités avec ceux-là même qui confectionnent les listes ? Non. Et comme vous le savez, je travaille et gagne honorablement ma vie à Bruxelles ; je suis fonctionnaire à la Ville de Bruxelles. La seule motivation qui m’anime Monsieur Bassamba, c’est de contribuer  à redonner à l’UPR la place qui est la sienne : un parti fort, dynamique où règnent le dialogue, l’ouverture d’esprit  et où le culte de la personnalité est bannie car vecteur de dictature.

Guinéenews: Vous avez adressé une lettre ouverte, doublée d’une résolution au bureau exécutif national, dans lesquelles vous réclamez la « tenue rapide d’un congrès ». Le ministre Bah Ousmane est-il le seul responsable de la « tombée dans un gouffre de l’UPR» selon vos propres termes ?

Diallo Thierno Moussa : Naturellement c’est difficile d’imputer l’entièreté de la responsabilité à une seule personne, dans le cadre des organisations humaines. Cependant, en sa qualité de premier responsable de notre parti et des pouvoirs que lui confèrent nos statuts, entre autre l’articles 26 : Il dirige, impulse, anime et coordonne les activités du parti. Il veille à la vie et au maintien de la ligne politique ; il est l’ordonnateur du budget de l’UPR et vise les pièces comptables. Vous conviendrez avec moi, qu’il est le premier avocat en matière de bilan du parti et ce bilan n’est pas reluisant, après 4 années d’intérim et 5 ans de présidence effective. Encore une fois, ce n’est pas une histoire de personne. C’est son leadership qui mis en cause.

Guinéenews : Si le président de l’UPR refuse vos revendications, se dirigerait-t-on vers la scission totale ou plutôt à des nouveaux départs vers d’autres partis politiques ?

Diallo Thierno Moussa : Justement, voilà l’égalité Ousmane Bah = UPR que nous combattons sans réserve. Il peut s’opposer personnellement à la tenue d’un tel congrès, mais les autres membres du bureau exécutif peuvent l’y contraindre en vertu de l’article 9 du règlement intérieur ; Je vous informe que parmi les signataires de la résolution UPR Europe, beaucoup sont du bureau exécutif. Je ne pense pas que Elhadj Ousmane puisse refuser de se soumettre aux statuts qui régissent le fonctionnement de l’UPR.

Le dernier congrès s’est tenu à Labé les 18,19 et 20 juillet 2008, au cours duquel 135 membres ont été élus pour 5 ans. Donc légalement le 17 juillet 2013, au soir le mandat se termine. S’ils estiment avoir bien travaillé, massifié d’avantage le parti, et fiers de leur bilan, c’est avec honneur qu’ils se plieront au jeu démocratique avec leurs arguments. Dans le cas contraire, ils sont également tenus de par la Loi et de par les statuts à se plier à ce jeu, même si le bilan est difficilement défendable. C’est la règle Monsieur Bassamba. Les juridictions compétentes seront saisies devant un tel blocage. Dois-je rappeler que le congrès de 2008 nous a été imposé par arrêté ministériel (Réf :A/2008/1990/MIS/CAB/DNLPAJ/2008) signé par Dr Mamadou Beau Keita .

Guinéenews : L’UPR est l’un des partis politiques qui a déposé sa liste à la CENI pour les législatives de juin 2013, votre parti est-il sérieusement prêt pour ces élections avec tous ces problèmes internes ?

Diallo Thierno Moussa : Au vu de tout ce qui a été exposé ci-dessus, la déconnexion totale entre la direction nationale du parti et les militants à l’intérieur du pays, toutes les fédérations sont laissées à elles-mêmes sans aucune communication, aucune information, ce sera très difficile en l’espace de quelques semaines de redonner courage et envie à nos nombreux militants pratiquement orphelins de leur Direction depuis 2010.

Guinéenews : Deux ans après les présidentielles de 2010, quels sont vos rapports avec le RPG-arc-en-ciel ?

Diallo Thierno Moussa : La fédération du Benelux, n’a pas de contacts formels avec la section RPG de Belgique. Au niveau individuel, vu que les différents responsables de ces 2 partis se connaissent depuis bien longtemps, les relations sont cordiales et amicales. En Guinée je ne peux m’aventurer sur ce point compte tenu du déficit de communication qui règne au niveau de l’UPR.

Cependant, beaucoup de membres du Bureau exécutif de l’UPR se plaignent du non-respect de bon nombre de points de l’accord d’alliance signé avec le candidat Alpha Condé ;

Guinéenews : Les partis politiques de l’opposition qualifiée de «radicale», menacent de reprendre la rue si leurs revendications ne sont pas prises en compte notamment, le départ de Waymark et le vote des guinéens de l’étranger. La date du 30 juin 2013 est-t-elle vraiment tenable ?

Diallo Thierno Moussa : La rue dans un Etat démocratique où toutes les Institutions sont solidement implantées, est un moyen de pression énorme sur les décideurs politiques. En Guinée, avec une démocratie naissante et balbutiante, la rue ne peut être la solution, car les tensions et les frustrations sont nombreuses, les difficultés socioéconomiques s’y rajoutant, l’adhésion politique souvent partisane et non par conviction ou idéologie, les revendications certes légitimes, doivent reprendre le chemin du dialogue et de la concertation. Seul chemin viable, seul chemin durable.

J’exhorte les grands frères de la classe politique en général, de faire preuve de retenue et de hauteur pour surmonter ensemble cette délicate question électorale. Certains d’ailleurs parmi eux sont rompus à la diplomatie, à la négociation et à la concertation sociale. Qu’ils en fassent preuve autour d’une table ; c’est la Guinée qui en sortira gagnante.

Guinéenews : L’UPR étant membre de la mouvance présidentielle, quelle solution préconisez-vous pour sortir de l’impasse et aller à ces législatives tant attendues ?

Diallo Thierno Moussa : Monsieur Diallo, j’ai l’impression parfois, que dans cette impasse, les questions de personne prennent le dessus sur les vrais sujets, sur les questions d’intérêt national. Il est temps, de créer un véritable cadre permanent d’échange entre tous les acteurs où tous les sujets doivent être abordés sans passion et esprits partisans. Donnons une chance à la médiation du collège des facilitateurs pilotée par l’émissaire des nations unies, de rapprocher les positions. Ces élections législatives permettront à la Guinée de clôturer sa transition ; elles sont d’une importance capitale pour notre pays ; il est souhaitable que tous ses enfants y participent. Nous avons l’obligation de nous parler et de nous entendre, pour bâtir ensemble dans la paix et la quiétude, un pays fort, un pays uni dans sa diversité, un pays prospère où il fait bon vivre. C’est de notre responsabilité collective dont il s’agit. Siradio disait toujours, que la véritable force de l’homme réside dans sa capacité à faire comprendre et accepter par autrui ses idées et opinions à travers le Dialogue.

Guinéenews : votre dernier mot ?

Diallo Thierno Moussa : Je crois en l’avenir de notre Nation. La jeunesse a un rôle déterminant à jouer : celui de prendre sa responsabilité à tous les niveaux. Elle doit cesser d’être un instrument de manipulation politique, mais une véritable force de changement, au service de son peuple et de son développement.

Transmis par Diallo Thierno Moussa

  • Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire