Gouvernement Doré : « Mère Marie » sort enfin ses petits !

Depuis des semaines nous attendions tous à l’orée du bois le gouvernement Doré. C’est fait, il est né et c’est un soulagement pour tous. Si au lendemain d’un accouchement une mère est souvent fatiguée, elle reste, cependant, toujours heureuse. Je crois que ce n’est pas le moment de taper trop sur Jean-Marie car il faut respecter sa « maternité ».

Je crois franchement qu’un effort a été fait par le Général Sékouba Konaté et M. Jean-Marie Doré pour instaurer un début de climat de confiance dans notre pays. Il faut avoir l’honnêteté intellectuelle de reconnaître chez ces deux dirigeants un meilleur souci d’équilibre au niveau national. Dans le gouvernement Doré, chaque région se reconnaît et nous devons saisir cette chance historique pour préserver et consolider l’unité nationale lourdement menacée.
 
J’ai toujours dit que la Guinée Forestière avait mieux à offrir à la nation que Dadis. Des extrémistes ignares m’avaient traité d’ethno ! Aujourd’hui, je me permets de dire publiquement une chose qui me tient à coeur : j’ai un faible pour les Forestiers et notamment pour les Guerzés. J’avais toujours hésité à le dire car, pensé-je, affirmer que j’aime les Forestiers pourrait laisser supposer qu’il y a des groupes ethniques que je n’aime pas. J’ai grandi dans une famille de fonctionnaires en Guinée Forestière et, avant d’entrer à l’école à Yomou, c’est une nounou Guerzée qui s’occupait de moi, me portait au dos et supportait mes caprices. Je me sens donc Guerzé, un authentique Niankoye à bien des égards. Si j’ai été virulent à l’égard de Dadis, c’est en partie parce qu’il nous a trahis et « gâté » le nom des Forestiers parmi lesquels je compte de bons amis dont le doyen Ansoumane Doré.
 
Pour revenir au gouvernement proprement dit, je répète qu’il peut se prévaloir du qualificatif de « gouvernement d’unité nationale ». Le terme « unité » est plus adapté puisqu’il s’agit d’une volonté unilatérale du pouvoir en place pour rassembler les différentes composantes de la société guinéenne. On parle d’union à la suite d’élections, ce qui suppose des tractations d’un autre ordre.
 
L’unité est la condition nécessaire, voire indispensable. Mais ce n’est pas suffisant ! Le gouvernement Doré n’est pas parfait, comme le reconnaît le PM lui-même. D’ailleurs personne ne lui demande la perfection.
 
Aussi, me permettrais-je quelques remarques :
 
-         le gouvernement Doré est pléthorique comme tout le monde l’a constaté : en plus du PM il comprend 35 personnes (il ne faut pas oublier le Ministre de la Défense). Comme ce n’est pas une équipe de développement, c’est lourd pour une mission semestrielle. Il aurait fallu une équipe d’une douzaine de technocrates, ce qui serait largement suffisant pour faire du bon travail.
 
-         Certains membres du gouvernement Komara ont été repêchés et c’est regrettable. Je pense en particulier aux civils qui n’ont pas démissionné après les tueries et viols du 28 septembre 2009. On aurait dû les remplacer par ceux qui ont eu le courage de le faire car c’était possible !
 
-         nous avons toujours dans notre Guinée laïque un chargé des Affaires Religieuses : Eh ALLAH, koutoubou ! Le titulaire du poste aurait un nom prédestiné.
-         le cas du Ministère de la Justice. Je n’ai rien contre l’officier Siba Lohalamou qu’on dit modéré même s’il n’apparaît pas moderne. Mais pour l’image de la Guinée, un colonel ne devrait pas « garder les sceaux » ! Comme dans notre pays chacun se croit capable d’occuper n’importe quel poste, indépendamment de sa formation, je propose alors une permutation des berceaux dans la « maternité » Doré. Remplacer Siba par Nawa ou Ifono ne mettrait pas en cause l’équilibre difficilement trouvé et personne n’y verrait rien !
 
-         le cas du Ministère de la Défense. Son titulaire étant le Général Sékouba Konaté, un problème protocolaire va se poser. En effet, lorsque Jean-Marie Doré préside le Conseil des Ministres, où s’installe le responsable du département des Armées ? Je crois que dans la configuration actuelle, le PM n’est que président du Conseil de Ministres et non des Ministres. Par ailleurs, on ne sait rien encore des collaborateurs du Général Sékouba Konaté. S’ils ont rang de Ministres, ne devraient-ils pas siéger logiquement au Conseil du même nom sous la présidence de M. Doré ?
 
 
-         Le cas de deux Camara: Kerfalla va auditer qui et contrôler quoi ? Elhadj Bamba va alphabétiser qui et promouvoir quoi ? Voilà un exemple de petite bêtise taillée sur mesure pour une courte saison.
 
S’il faut se prononcer à chaud sur le gouvernement Doré, je ne peux que lui adresser des félicitations pour sa représentativité. En ce qui concerne l’efficacité, il faut d’abord le voir à l’œuvre car beaucoup de paramètres m’échappent avec toutes ces chinoiseries politicardes qui étouffent le pays. L’objectif est d’organiser des élections libres, ouvertes, transparentes et crédibles. C’est le mot « crédibles » qui est le plus important. Parallèlement, il faut une armée disciplinée et bien structurée. Je préfère le terme générique d’ «Armée républicaine ».
 
Une lecture non linéaire des « Accords » de Ouaga du 15 janvier 2010 me permet de dresser un bilan partiel. Sur les 12 points, je pense que 4 ont été respectés :
 
-point 1 : le respect des libertés publiques. Je pense que grosso modo on peut dire et écrire ce qu’on veut depuis un bon moment en Guinée.
-point 5 : la nomination d’un PM. C’est fait en la personne de Jean-Marie.
-point 6 : la formation d’un gouvernement. On en a la preuve par Jean-Marie.
-point 12 : le représentant de Compaoré auprès de la Transition guinéenne. Malheureusement c’est déjà fait !
 
Un point a été partiellement respecté : la création du CNT. On n’en connaît pas encore les membres. Mais le plus grave c’est d’en avoir fait un organe consultant, ce qui est très insultant pour les Guinéens.
Il faut absolument que le CNT soit un organe politique délibérant, comme prévu dans les « Accords ».
 
Pour l’instant, ne soyons pas trop difficiles et laissons le gouvernement faire ses preuves. Surveillons-le de près en n’oubliant pas le calendrier. Ce qui compte, c’est le bilan à faire dans maintenant 5 mois, à savoir le retour de la Guinée à une situation normale.
 
Je souhaite que le Général Sékouba Konaté reste attentif aux préoccupations des Guinéens. Prendre la bonne direction ne suffit pas. Il faut surtout avancer maintenant. Je rappelle que d’après le calendrier chinois (nous ne sommes pas Chinois mais le monde n’échappe plus à tout ce qui concerne les Chinois) nous sommes entrés dans l’année du tigre. Tout le pays compte sur sa « tigritude » pour nettoyer l’Armée de tous ses éléments nuisibles. Qu’il n’ait aucune peur d’eux car ce ne sont que de faux taureaux avec des cornes d’escargots.
 
Je vous salue.

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