Guinée : 94% des billets de banque circulent hors du circuit bancaire (Banque centrale)
- Par Administrateur ANG
- Le 26/08/2025 à 19:00
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La Guinée fait face à une pénurie de liquidité qui paralyse l'économie. Selon la Banque centrale, des billets de banque mis en circulation échappent au circuit bancaire. Cette situation limite l’offre de crédits et provoque des tensions sur les retraits des clients. Des discussions ont été ouvertes avec les banques pour proposer des mesures correctives.
En Guinée, près de 94% des billets de banque mis en circulation ne retournent pas dans le circuit bancaire, a déploré Mohamed Lamine Conté, premier vice-gouverneur de la Banque centrale de la République de Guinée (BCRG), lors d’une rencontre tenue le mardi 19 août 2025 avec l’Association professionnelle des banques (APB). Cette situation accentue la crise de liquidité que connaît le pays, fragilisant ainsi la disponibilité de cash dans le système financier.
Sidy Mohamed Chérif, président de l’APB, a estimé que le franc guinéen circule effectivement dans l’économie. Cependant, a-t-il poursuivi, beaucoup de personnes préfèrent conserver leur argent à domicile plutôt que de le déposer en banque. Cette thésaurisation limite les dépôts dans les banques et complique leur rôle de financement de l’économie.
Pour l’APB, la solution à ce problème passe par la restauration de la confiance entre les citoyens, les entreprises et le système bancaire. M. Chérif a insisté sur l’importance de bâtir un climat de confiance avec les agents économiques afin de réintégrer ces ressources dans le circuit financier formel.
Les réponses de la Banque centrale
Pour faire face à la crise, la BCRG a pris plusieurs mesures dont : l’émission de nouveaux billets afin de remplacer les coupures usées, la promotion des paiements scripturaux (chèques, virements), des négociations avec les imprimeurs pour accélérer la production des billets, le renforcement des dispositifs de sécurité pour le transport et la distribution du cash.
Malgré ces initiatives, la pénurie de liquidité persiste. C’est pourquoi ce dialogue plus structuré a été engagé avec les banques. L’objectif est de trouver de nouvelles pistes, notamment à travers la bancarisation et la digitalisation des paiements.
Des conséquences directes sur l’économie
Le maintien de 94% des billets hors du système bancaire a plusieurs implications. Les banques disposent de peu de liquidité et limitent leurs prêts aux entreprises et aux particuliers, ce qui freine l’investissement et la croissance économique. Cette situation renforce aussi l’économie informelle, puisque de nombreuses transactions échappent au contrôle fiscal et monétaire de l’Etat.
Pour les clients, cela entraîne des difficultés à retirer de l’argent dans les agences bancaires, comme l’a dénoncé l’Union des consommateurs de Guinée qui, en juin dernier, a interpellé le président de l'APB sur des difficultés des consommateurs à retirer de l’argent en banque, pour des montants supérieurs à 20 millions de francs guinéens (GNF), environ 2310 $.
Dans son rapport sur la politique monétaire du premier trimestre 2025, publié en juin, la Banque centrale a indiqué que la masse monétaire, c’est-à-dire l’argent en circulation sous forme de billets, pièces et dépôts bancaires, a augmenté de 15,7 % entre mars 2024 et mars 2025, passant de 60 870,6 milliards à 70 428,6 milliards GNF. Cette hausse provient surtout d’une augmentation de 30,4 % de l’argent liquide en circulation, liée aux achats d’or par l’Etat et aux dépenses de consommation des ménages pendant le mois de ramadan.
Au cours des prochains mois, la surveillance de cette masse monétaire sera déterminante pour mesurer l’ampleur de la crise de cash et anticiper des mesures pour stabiliser le système financier.
Chamberline Moko
Edité par M.F. Vahid Codjia
Source: Agence Ecofin
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